Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/446

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définie de la propriété territoriale, c’est juger ce qui est, d’après ce qui était, et condamner le présent sur la foi du passé.

Si donc la division de la terre, en petites propriétés, n’a rien de fâcheux pour l’état social, si l’on peut même présumer, avec beaucoup de raison, qu’elle sera extrêmement favorable à la richesse et à la civilisation, il ne peut plus être question que de savoir quelle sera son influence sur l’état politique ? mais ce n’est pas ici qu’on peut chercher la solution d’une question de cette importance. Je me bornerai seulement à faire remarquer que l’état politique est fait pour l’état social, et que si, comme cela me paraît démontré, la division indéfinie de la propriété favorise l’aisance et le bien-être des peuples, augmente leur prospérité et leurs richesses, accélère les progrès des lumières et de la civilisation, et améliore la condition de l’espèce humaine, on ne voit pas quel intérêt prescrirait à l’état politique, la concentration des propriétés.

Je dirai plus ! si l’intérêt du pouvoir le mettait en opposition avec l’intérêt de la société civile, il n’y a pas de doute que le pouvoir serait entraîné dans le mouvement social. Qu’on interroge l’histoire du moyen âge et celle de nos jours, et l’on y verra à chaque page le pouvoir graviter vers la pente sociale, ou lui opposer une résistance inutile. Long-temps la propriété territoriale fut le patrimoine exclusif des familles privilégiées ;