Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/45

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leur indiscrétion, et quand on ne joue pas sur leur parole, on joue sur leur visage, leur satisfaction ou leur mécontentement, leur bon ou mauvais accueil ; ce langage muet a son éloquence qui persuade, et son effet est d’autant plus rapide que ceux qui en reçoivent l’impression ont intérêt de la transmettre, et que plus elle s’étend, plus elle est sûre d’atteindre à son but.

Cependant de justes défiances sur l’habileté ou le crédit des ministres, d’autres opinions, d’autres intérêts, d’autres combinaisons, des événemens pressentis, suscitent d’autres spéculateurs ; la lutte s’établit, et l’aveugle fortune dispense ses faveurs, non aux plus profonds politiques, mais aux plus heureux joueurs.

Ce qu’il y a de certain, ce qui est d’une évidence frappante, c’est que le jeu de la hausse et de la baisse dépend de l’opinion qu’on se forme de la situation actuelle et future de l’état politique et social d’un pays. Faut-il donc s’étonner des efforts, des mesures et souvent des sacrifices que les ministres font pour se rendre la hausse favorable, écraser la baisse qui les discrédite et se faire une réputation qu’ils ne méritent pas toujours. Combien donc sont imprudens ces joueurs qui ne craignent pas de se mesurer contre la puissance du ministre même le plus maladroit.

On demande encore si l’agiotage n’exerce pas une influence toujours utile sur les fonds publics, ne concourt pas à leur élévation, et par consé-