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port. Cadis est encore très-considérable par le commerce de l’Amérique. C’est-là où aboutissent toutes les marchandises que les Espagnols portent aux Indes, & toutes les richesses qu’ils en rapportent en Europe. Cadis est une ville Episcopale. Nous ne disons jamais Calis. En Angleterre & dans les Pays-Bas on dit Calis Malis.

Cette ville est au 36° 33′ 30″ de latitude, & sa différence de la longitude de Paris est 8° 27′ 0″. Cassini. C’est-à-dire, qu’elle est au 11° 24′ 20″ de longitude.

Le Golfe de Cadis, Sinus Gaditanus, Oceanus Gaditanus. Il comprend toute la partie de l’Océan Atlantique, qui est renfermée entre les côtes de l’Algarve, & de l’Andalousie, vers le nord, & celles du Royaume de Fez & de Maroc au midi, jusqu’à une ligne tirée du Cap de S. Vincent en Europe, à celui de Camin en Afrique. Il prend son nom de Cadis, parce que c’est le port le plus considérable qui soit sur ces côtes. Maty.

La Baie de Cadis. Sinus Gaditanus ; c’est une petite partie du Golfe de Cadis, renfermée entre l’Île de Cadis au midi, & les côtes d’Andalousie au nord & au levant. La Baie de Cadis a environ douze lieues de circuit, & deux de large.

Cadis. s. m. Sorte de petite étoffe de laine de bas prix. Un lit de Cadis. Une tapisserie de Cadis.

CADISÉ. s. m. ou plutôt adj. employé substantivement. Espèce de droguet croisé & drapé, dont il se fabrique plusieurs sortes en divers lieux du Poitou.

CADIZADELITE. s. m. Nom d’une secte Musulmane. Cadizadelita. Les Cadizadélites sont une espèce de Stoïciens Mahométans, qui fuient les festins & les divertissemens, & qui affectent une gravité extraordinaire dans toutes leurs actions. Ceux des Cadizadélites qui habitent vers les frontières de Hongrie & de Bosnie, ont pris beaucoup du Christianisme, qu’ils mêlent avec le Mahométisme. Ils lisent la traduction Esclavone de l’Evangile, aussi-bien que l’Alcoran. Ils boivent du vin, même pendant le jeûne du mois de Ramazan ; mais ils n’y mêlent point de cannelle, ni de liqueurs. Ils aiment & protégent les Chrétiens. Mahomet est, selon eux, le S. Esprit qui descendit sur les Apôtres le jour de la Pentecôte. Ricaud parle de cette secte dans son livre de l’Empire Ottoman.

CADMIE. s. f. Terme de pharmacie. Cadmia. C’est une espèce de minéral qui est de deux sortes. Il y a la cadmie naturelle & de l’artificielle. La cadmie naturelle est encore de deux sortes : l’une contient des parties métalliques, & l’autre n’en contient point. La première, qu’on appelle cobaltum, est un minéral terrestre, de couleur presque noire, & qui contient quelques parties de cuivre ou d’argent. On en tire beaucoup d’Allemagne : elle est fort caustique & corrosive, de sorte qu’on la met au rang des poisons. La cadmie naturelle, qui est privée des parties métalliques, est autrement appelée calamine, ou pierre calaminaire. Voyez Calamine. La cadmie artificielle se fait dans les fournaises de cuivre, dont il y a de cinq sortes. La première est appelée botrytis, parce qu’elle a la forme d’une grappe de raison ; la seconde ostracitis, qui est faite comme un test ou coquille : la troisième placitis, parce qu’elle ressemble à de la croute ; la quatrième capnitis : la cinquième calamitis ; celle-ci s’attache autour des perches de fer, avec lesquelles on remue la matière de cuivre dans la fournaise, laquelle étant secouée, a la figure d’une plume, qu’on nomme en latin calamus. La cadmie botrytis se trouve à la partie moyenne de la fournaise ; l’ostracitis dans la partie basse ; la placitis dans la partie la plus brute, & la capnitis à la bouche de la fournaise. La cadmie est dessicative & détersive : on s’en sert dans les ulcères humides & puants, qui se cicatrisent par son moyen. La botrytis & la placitis sont aussi très-bonnes dans les maladies des yeux.

☞ La cadmie, disent les Encyclopédistes, est une substance semi-métallique, arsénicale, sulfureuse & alcaline, qui s’attache comme une croûte aux parois des fourneaux où l’on fait la première fonte des minéraux. On la nomme cadmia fornacum. Cadmie des fourneaux, pour la distinguer de la pierre calaminaire qu’on appelle quelquefois cadmia fossilis, cadmie fossile, parce qu’elle a toutes les propriétés de la cadmie, avec cette différence que la pierre calaminaire est une production de la nature, au lieu que la cadmie des fourneaux est une production de l’art.

☞ La différence des cadmies vient de la diversité des minéraux dont les vapeurs les produisent.

☞ Il semble que les Auteurs qui ont écrit sur la cadmie aient cherché à la défigurer par les différens noms grecs que nous avons rapportés dans le premier article, qui ne marquent dans leur étymologie que la figure différente qu’elle prend, & la place qu’elle occupe dans le fourneau. C’est un plus grand mal encore de la confondre avec d’autres substances avec lesquelles elle n’a que quelques points de conformité, comme la Tutie, le Pompholie, &c. La Tutie est un bon remède pour les maux d’yeux ; la Pompholie pour dessécher les plaies. Où en seroit-on si on employoit pour ces usages la cadmie, qui est presque toujours mêlée de parties arsénicales ?

CADMUS. s. m. Nom d’homme. Cadmus. C’est un Dieu des habitans de Gortyne, ville de Créte, où Europe sa sœur fut aussi honorée comme une Divinité. Ce Cadmus, est ce Phénicien fils d’Agenor, Roi de Tyr, selon quelques-uns, & selon d’autres, Roi de Sidon. Les Sidoniens disent encore dans Euhemère de Cos, cité par Athénée, que Cadmus n’étoit pas fils du Roi, mais cuisinier du Roi de Sidon, c’est-à-dire, chef, Prince des Cuisiniers, שר הטבחים, tels qu’étoient dans l’Ecriture Putiphar, Arioch & Nabuzardan. C’étoit un de ces Cedmonéens, dont parle Moïse, Gén. XV, 19, c’est-à-dire un de ces Phéniciens Orientaux, ou de ceux qui habitoient la partie orientale de la terre de Chanaan, apparemment proche du mont Hermon : car on dit que sa femme s’appeloit Hermione, ou Harmonie, probablement du Phénicien, חרומני, habitant du mont Hermon. Tout le reste de l’histoire de Cadmus s’explique de même par le moyen du Phénicien. Car 1°, il fit, il produisit des soldats : c’est une expression Phénicienne, pour dire, il leva, il assembla. 2°. Ces soldats devinrent serpens : c’est qu’ils étoient Hévéens, היוים, & qu’en Phénicien, aussi-bien qu’en Chaldéen, ce mot signifie un serpent. 3°. Ils furent produits des dents d’un serpent ; c’est, dit Bochart, qu’en Phénicien שני נבש, dents de serpens, signifie aussi lances d’airain ; c’étoient les armes dont Cadmus arma ses gens, car il passe pour être l’inventeur de l’airain, dit Hygin, ch. 274 ; vraisemblablement parce qu’il en apporta en Grèce de Phénicie, ou peut-être de Chypre, & l’y fit connoître. 4°. Enfin, on dit que ces soldats s’entretuerent, de sorte qu’ils furent réduits à cinq ; c’est une mauvaise explication du mot חמש, qui signifie cinq, & encore expeditus, accinctus, &c. prêt au combat, déterminé, alerte. Ainsi, au-lieu de dire qu’il avoit une troupe de cinq hommes seulement, il falloit dire une troupe de gens fort aguerris, déterminés, alertes au combat, comme Exode XIII, 18. C’est ce Cadmus qui apporta les lettres en Grèce, au moins seize, α, ϐ, γ, δ, ε, ι, κ, λ, μ, ν, ο, π, ρ, σ, τ, υ.

CADO. Voyez Cazou.

CADOLE, s. f. C’est le nom que les Serruriers donnent au loquet d’une porte, & à une espèce de pêne qui s’ouvre & se ferme en se haussant, ou se baissant avec un bouton, ou une coquille. Pessulus.

CADORE, s. f. Petite ville de l’Etat des Vénitiens en Italie. Parochia Cadorini, ou Cadorina. Elle est située sur la rivière de Piève, dont on lui donne quelquefois le nom ; la Piève, ou la Piève de