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ne les distinguoit point assez, & Benoît XIII, l’anti-Pape, la troisième année de son prétendu Pontificat, leur permit de le quitter, & de porter à la place une croix. Manrique, qui rapporte ceci, Cisiere. Ann. T.II, à l’an 1158, c. 2, n° 7, ajoute qu’on ne peut douter qu’à raison de leurs exercices, on n’eût accourci leur habit, & qu’après même qu’on leur eût permis dans la suite de prendre l’habit séculier, on leur ordonna de le porter de même étoffe & de même couleur qu’auparavant. L’Abbé Justiniani, dans son Tome I, c. 27, p. 390, traite fort au long de cet Ordre, & indique à son ordinaire les Auteurs qui en ont écrit. François de Rades, Chevalier de Calatrava, a fait l’Histoire des Ordres de S. Jacques, de Calatrava & d’Alcantara, aussi-bien que François Charles de Totrès ; & Jérôme Mascaregnas a écrit une apologie pour cet Ordre.

On juge aisément par ce qui vient d’être dit, que cet Ordre a tiré son nom de la ville, pour la défense de laquelle il s’établit, & dans laquelle il commença. Voyez Manrique, Hist. d’Esp. Liv. XI, c. 6, & Manrique, Hist. de Citeaux, Tome II, à l’an 1158, c. 1, 2, &c.

☞ CALAVON ou CALAON. Petite rivière de France dans la Provence. Elle a sa source au diocèse de Sisteron, passe à Apt, coupe le diocèse de Cavaillon, & se jette dans la Durance.

☞ CALAZZOPHILACES. s. m. Certains Prêtres parmi les Grecs, dont les fonctions étoient de prendre garde aux grêles & aux tempêtes, pour les détourner par le sacrifice d’un agneau ou d’un poulet. Si ces animaux leur manquoient, ou s’ils n’en tiroient qu’un mauvais augure, ils se découpoient le doigt avec un canif ou une espèce de poinçon, croyant ou voulant faire croire qu’ils appaiseroient les Dieux par l’effusion de leur propre sang. Ils avoient été institués par Cléon, comme le remarque Gerald au Liv. des Dieux des Payens. Ce mot vient du grec χάλαζα, grêle, & de φυλάσσω, j’observe. On trouve dans l’Histoire bien des exemples de semblables charlatans. Voyez Baal & Bellonaires.

☞ CALB. Ville d’Allemagne, dans la vieille Marche de Brandebourg, entre Domitz & Magdebourg.

☞ CALBA. Ville d’Asie, dans le Turquestan, vers l’embouchure de la rivière de Tachosca.

☞ CALBOTIN. s. m. Terme de Cordonnier. Voyez Calebotin.

☞ CALCAIRE. adj. de t. g. qui concerne la chaux. Calcarius. On appelle pierres & terres calcaires, celles que l’action du feu peut changer en chaux-vive, & qui se dissolvent par les acides. Telles sont la craie, le marbre, la pierre à chaux, les coquilles, les stalactites calcinables, &c.

CALCAMAR. s. m. Oiseau du Brésil. Calcamarus. Il est de la grosseur d’un pigeon. Il nage sur la mer, & ne vole point. Ces sortes d’oiseaux vont en troupes.

CALCANEUM. s. m. Terme d’Anatomie. C’est le second os du tarse, & le plus grand de tous. Il empêche que le corps ne tombe en arrière, étant situé à la partie postérieure du pied. Quelques-uns l’appellent l’os de l’éperon. vient du Latin calcaneum. C’est à lui que s’insère le tendon d’Achille.

CALCANTHUM. s. m. C’est le vitriol rubifié, selon le fameux Droguiste Pomet.

☞ CALCAR. Ville d’Allemagne, dans le cercle de Westphalie, au Duché de Cleves, sur le ruisseau de Men.

☞ CALCEDOINE. Ville. On prononce ainsi, & l’on écrit Chalcedoine. Voyez ce mot

Calcédoine. s. f. Pierre. L’Académie écrit ainsi. Voyez aussi Chalcédoine.

CALCET. s. m. Terme de Marine. Assemblage de planches élevées & clouées sur le haut des arbres d’une galère, & qui sert à renfermer les poulies de bronze qui sont destinées au mouvement des antennes. Carchesium.

CALCHAQUIN, INE. f. Nom d’un peuple de l’Amérique méridionale. Calchaquinus, a. Il y a dans l’Amérique méridionale deux vallées qui portent le nom des Calchaquins, & habitées toutes deux par un peuple de ce nom, soit que ce soit le même, divisé en deux parties, soit que ce soient deux peuples différens du même nom. La première vallée Calchaquine est située dans les Andes, montagnes qui bornent le Pérou & le Chili du côté du levant, & elle en est bornée presque des deux côtés. Elle s’étend 30 lieues du nord au septentrion, & n’a que fort peu de largeur. Elle aboutit d’un côté vers Saltée, & de l’autre vers Londres (Londinum) petites villes du Tucuman. On a cru avoir bien des raisons de dire que les Calchaquins, habitans de cette vallée, étoient originairement Juifs. Les principales sont que, lorsque les Espagnols arrivèrent chez ce peuple, ils trouvèrent bien des Calchaquins qui portoient les noms de David & de Salomon. Que les vieillards disoient qu’autrefois leurs ancêtres avoient la circoncision. Que quand un frere étoit mort sans enfans, son frere lui en donnoit en prenant sa veuve, comme chez les Juifs. Qu’ils portent une robe traînante jusqu’à terre, & liée d’une ceinture comme les Juifs. Que Joseph Acosta rapporte que bien des gens croyoient que les Américains étoient sortis des Juifs. Que toute la nation des Calchaquins, aussi-bien que la nation Juive, est très-superstitieuse, qu’ils adorent les arbres ornés de plumes ; de sorte que l’on peut dire d’eux, ce que l’on disoit de la Synagogue : Vous vous prosterniez sous tous les arbres feuillus. Qu’ils font des monumens à leurs ancêtres de monceaux de pierres qu’ils honorent. Quoiqu’il en soit, si ces peuples ont été Juifs, ils avoient beaucoup changé. Ils adoroient le soleil pour première divinité, & le tonnerre & l’éclair pour divinités secondaires. Ils avoient des Magiciens pour Médecins & pour Prêtres. Ces Magiciens vivoient dans des espèces de chapelles séparées des cabanes des autres : là ils consultoient le démon, ou faisoient semblant de le consulter. Toutes leurs cérémonies ou assemblées sont pleines des plus grandes fureurs, telles qu’on en peut attendra de gens toujours ivres ; jamais ils n’en sont plus transportés que dans les funérailles de leurs morts. Tous les parens & amis d’un malade courent à sa cabane, & y boivent tant que la maladie dure. Ils entourent le lit du malade d’une infinité de flèches, qu’ils fichent en terre, afin que la mort n’ose pas s’approcher. Quand le malade est mort, ils se lamentent en criant de toutes leurs forces. Ils placent le cadavre sur un siège, & mettent devant lui toutes sortes de mets & du vin, comme s’il devoit manger & boire ; ils allument des feux & jettent dedans, au lieu d’encens, je ne sais quels morceaux de bois ou branches d’arbres. Pour exciter la pitié des assistans, les hommes & les femmes montrent toutes les choses qui ont été à l’usage du mort. Pendant ce temps-là, d’autres en dansant & en sautillant, portent des viandes à la bouche du mort, comme s’il devoit les prendre, & les mangent eux-mêmes. Ces cérémonies insensées durent huit jours ; après quoi ils mettent le corps en terre, & avec lui, ses chiens, ses chevaux, tous ses meubles, & des habits que ses amis lui offrent. Ensuite ils brûlent la cabane du défunt, pour que la mort n’y revienne plus. Après un an de deuil, ils célèbrent l’anniversaire de la même manière ; & pour ne point faire de faute contre cet extravagant cérémonial, ils ont un maître des cérémonies. Ils croient que personne ne meurt de mort naturelle, mais toujours de mort violente : de-là soupçons, inimitiés, combats perpétuels entr’eux. Ils croient que les ames des morts se changent en astres, & en astres d’autant plus brillans, qu’ils ont été plus illustres pendant leur vie, ou par leur rang, ou par leurs actions. Ils ont des fêtes, & ces jours-là ils se couronnent de plumes de différentes couleurs. Ils ont des cheveux qui leur pendent jusqu’à la ceinture, qu’ils tressent, & qu’ils nouent comme des