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AIS

luptas, Gaudium. Je suis ravi d’aise. Je ne me sens pas d’aise. Cyrus ne se laisse point transporter à l’aise de la victoire. Ablanc. La guerre trouble l’aise de nos jours. Main.

☞ Le mot d’aise désigne souvent les commodités de la vie, un état commode & agréable. commodum, opportunitas. Cet homme est fort à son aise. Il étoit trop à son aise dans cet emploi, il n’a pu s’y tenir. On ne travaille que pour se mettre à son aise. On le dit aussi fort souvent au pluriel. Prendre ses aises, chercher ses aises, aimer ses aises, avoir toutes ses aises pour dire, les commodités de la vie. J’ai oüi dire à un homme sage, que le plus grand défaut des gens qui sont accoutumés à avoir toutes leurs aises, c’est de s’imaginer qu’ils ne sauroient rien entreprendre de pénible, sans intéresser leur santé. Vigneul-Marville. On dit communément, guérir quelqu’un de trop d’aise ; ce qui signifie, le tirer d’une heureuse condition dans laquelle il a été assez imprudent pour se déplaire, & le jeter de son plein gré dans un état où il ne doit trouver que de la misère. Le Duc de Mayenne emploie ce proverbe dans sa harangue, pour désigner l’état où il avoit réduit la ville d’Orléans. M. Le Duchat, sur la Sat. Mén. tom. 2 p.114, 115.

☞ Dire qu’un homme est à son aise, c’est dire qu’il ne manque de rien, qu’il a tout ce qu’il faut dans son état pour jouir des commodités de la vie. ☞ Les nouveaux Vocabulistes prétendent que cela se dit généralement d’un homme opulent ou dans l’abondance. Notion fausse. Le mot d’aise n’emporte point l’idée d’abondance ou d’opulence, ou ce ne peut être qu’une abondance relative à la condition de la personne. 

Aise, signifie aussi, loisir, commodité de temps. Otium. Vous ferez cela à votre aise, c’est-à-dire, sans vous presser, à votre loisir, à votre commodité. Je m’acquitterai de cette commission tout à mon aise, quand j’en aurai le temps. Ce mot vient de l’italien agio, formé du latin otium. Ménage. Guichard le tire de l’hébreu שש, qui vient de שמח gaudere ; mais sans apparence. Chorier, dans l’Histoire de Dauphiné, T. I, Liv. II, p. 100, dit qu’en Dauphiné on dit Aisia ;aisia de son corps, qui signifie fort & souple d’ἄιζηος qui signifie fort & vigoureux, & que ce même mot a encore un autre sens, & signifie Aisé & accommodé, & qu’il vient alors d’ἄιζιος, heureux

A l’aise. adv. Facilement, commodément. Facilè, commodè. Vous pouvez à l’aise faire 20 lieues par jour sur ce cheval. On est assis à l’aise dans ce fauteuil. Je suis entré à cette cérémonie tout à l’aise, sans être pressé. Nous pouvons rire à l’aise, & prendre du bon temps. Boil

Avant lui Juvénal avoit dit en latin,
Qu’on est assis à l’aise aux sermons de Cotin. Boil.

 

On dit aussi, Paix & aise ; pour dire, paisiblement, doucement. Il vit chez lui Paix & aise. Expression familière. 

On dit proverbialement à un homme qui a bien dîné, & qui recommande de jeûner, vous en parlez bien à votre aise.

AISE. s. f. Est aussi le nom d’une petite rivière de Normandie, qui se joint à celle de Coisnon, au-dessous d’Autrin.

AISE. adj. Qui est content, qui a de la joie, du plaisir, de la satisfaction. Lætus, Contentus. On met ordinairement quelque particule devant ce mot pour en augmenter la signification. Je suis bien aise, je suis fort aise, je suis très-aise, je suis infiniment aise. Le mot d’aise en ce sens se construit en deux manières, ou avec un infinitif précédé de la particule de : j’eusse été bien-aise de voir ce que l’on eût repondu. Voit. Je suis bien-aise de vous avoir vû : ou avec le subjonctif précédé de la particule que : Je suis très-aise que ceci soit achevé : vous ne serez pas bien-aise que je vous dise la vérité. Vaug. Mais lorsque ce mot Aise est suivi d’un nom, on met ce nom au génitif : n’êtes-vous pas bien-aise de ce mariage ? Mol

AISÉ, ÉE. adj. Facile, commode. Commodus, fæcilis. le maniement des finances donne des moyens aisés de s’enrichir. La litière est une voiture fort aisée ; pour dire, commode. Cela est aisé à dire, à faire, à apprendre. Une lettre aisée à lire. 

On dit d’un escalier, qu’il est aisé lorsqu’il est large, & que les marches sont basses. Qu’un esprit est aisé, lorsqu’il conçoit facilement, qu’il s’explique bien. Que les manières d’un homme sont aisées, pour dire, qu’elles n’ont rien de contraint, rien de gênant. Un style aisé, qui est clair, coulant & sans embarras : des vers aisés, qui paroissent couler de source, qui ne sentent point le travail. Voiture nous a appris cette manière d’écrire aisée & délicate qui règne présentement. Bouh

J’aime un esprit aisé, qui se montre,& qui s’ouvre, 
Et qui plaît d’autant plus, que plus il se découvre.

Boil.

☞ On dit une dévotion aisée, pour dire, commode. On entend souvent par-là une dévotion relâchée. Quelquefois aussi on le dit par opposition à dévotion chagrine, austère. Le P. le Moine a fait un livre de la Dévotion aisée, commode, qui n’a rien de gênant. Dans les arts, on dit un pinceau, un ciseau, un burin aisé, pour désigner des ouvrages qui semblent n’avoir pas coûté de peine à l’artiste. 

Une taille aisée, libre & dégagée : des airs aisés, naturels, qui n’ont rien de contraint.

Aisé, signifie aussi qui est riche dans un état médiocre. Un bourgeois aisé. Dans ce sens il est aussi employé substantivement. On l’a mis à la taxe des aisés

On dit proverbialement, il est aisé de reprendre, & mal-aisé de faire mieux. On dit aussi, qu’il est aisé d’ajouter aux inventions des autres. 

☞ Ces deux mots, aisé & facile, marquent l’un & l’autre, ce qui se fait sans peine ; mais le premier exclut proprement la peine qui naît des obstacles & des oppositions qu’on met à la chose. Ainsi l’on dit que l’entrée est facile, lorsque personne n’arrête au passage ; & qu’elle est aisée, lorsqu’elle est large & commode à passer. Par la raison de cette même énergie, on dit d’une femme qui ne se défend pas, qu’elle est facile, & d’un habit qui ne gêne pas, qu’il est aisé

☞ Il est mieux, ce me semble, dit M. l’Abbé Girard, de se servir du mot de facile en dénommant l’action ; & de celui d’aisé en exprimant l’événement de cette action. De sorte que je dirois d’un port commode, que l’abord en est facile, & qu’il est aisé d’y aborder.

AISÉMENT. s. m. Synonyme de latrine, aisances. Latrina. Ce mot vieillit un peu. 

Aisément, signifie encore, commodité. Commodum. Il ne se dit guère qu’en cette phrase proverbiale. Vous ferez cela à vos bons points & aisémens ; pour dire, quand vous le pourrez faire sans vous incommoder. 

Aisément. Consolation. Liste Alphabét. des mots de Cl. Marot.

AISÉMENT. adv. Facilement, sans peine. Facilè. Il écrit, il parle aisément. Les philosophes triomphent aisément des maux passés. Rochef. Alexandre se laissoit gagner aisément à la flatterie. Vaug. On dit, qu’un cheval va aisément ; pour dire, qu’il a les allures douces, commodes, aisées. 

☞ Outre les différences que les deux adverbes aisément & facilement, puisent dans leurs sources, il en est encore une particulière, dit M. l’Abbé Girard., que je dois faire remarquer ; c’est que l’un a meilleure grâce dans ce qui regarde l’esprit, & l’autre dans ce qui regarde le cœur. Je dirois donc, en parlant d’une personne de bonne société, qu’elle comprend aisément les choses fines, & pardonne facilement les désobligeantes. Ce choix est délicat ; mais je le sens, dit notre Auteur : pourquoi un autre ne le sentiroit-il pas ? 

AISIER, & AAISIER. v. a. Ce mot, qui n’est plus d’usage, signifie, mettre à son aise. Commodè collocare.

On a dit aussi Aiser.

AISNAY. Voyez AINA.

AISNE. Axona. Rivière de France. La rivière d’Aisne

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