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A

On s’en sert figurément dans le même sens. L’envie abaisse par ses discours les vertus qu’elle ne peut imiter. S. Evr. Abaisser la majesté du Prince. L’usage, comme la fortune, chacun dans leur jurisdiction, éleve ou abaisse qui bon lui semble. Vaug. Les grands noms abaissent, au lieu d’élever ceux qui ne savent pas les soutenir. Rochef.

Abaisser, signifie aussi en morale, Ravaler l’orgueil de quelqu’un, le mortifier. Abjicere, reprimere, contundere. Les Romains se vantoient d’abaisser les superbes, & de pardonner aux humbles. S. Evr. C’est ce que Virgile fait dire par Anchise dans le 6e Livre de l’Enéide.

 
Tu regere imperio populos, Romane, memento…
Parcere subjectis, & debellare superbos.

Il faut abaisser les esprits hautains. S. Evr.

Abaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie alors s’Humilier, se soumettre, se ravaler. Abjicere se. Il faut s’abaisser devant la Majesté divine. S’abaisser à des choses indignes. S’abaisser jusqu’aux plus lâches complaisances. L’humilité n’est souvent qu’un artifice de l’orgueil, qui ne s’abaisse que pour s’élever. Rochef. On le dit encore par respect d’une personne éminente en dignité, lorsqu’elle semble rabattre de sa grandeur, en descendant jusqu’à des personnes fort inférieures ; lorsqu’elle sait se proportionner aux personnes qui lui sont inférieures par la condition ou par l’esprit. Le prince s’est abaissé jusqu’à moi, en prenant soin de ma fortune. P. de Cl. Les Grands ne s’élevent jamais plus haut que lorsqu’ils s’abaissent, dit Costar en écrivant à Madame Servien. Il avoit tiré ce passage du Panégyrique de Pline : Scilicet qui verè maximi sunt, hoc uno modo possunt crescere, si se ipsi submittant, securi magnitudinis suæ. De Roch.

Les Auteurs du nouveau Vocabulaire veulent que l’on dise dans un sens littéral s’abaisser, pour se Comprimer, se retirer, diminuer de hauteur. Dans les sécheresses, disent-ils, les fleuves & les terres s’abaissent ; après la pluie le vent s’abaisse. Nous n’adopterons pas une décision aussi contraire au bon usage. Les rivières baissent, les terres s’affaissent, le vent diminue, tombe. Le mot abaisser avec le pronom réciproque prend toujours le sens figuré. M. l’Abbé Girard, qu’ils ont pourtant consulté sur cet article, le dit bien expressément ; & c’est ainsi qu’écrivent les bons Auteurs.

Abaisser une équation, terme d’Algèbre. C’est la réduire au moindre degré dont elle soit susceptible.

On dit en Géométrie, Abaisser une perpendiculaire sur une ligne. C’est le synonyme de tirer. Lineam perpendicularem ducere.

Abaisser, terme de jardinage. C’est couper une branche près du tronc. Abaisser une branche.

Abaisser, terme de Pâtissier. C’est applatir la pâte avec un rouleau de bois, & la rendre aussi mince que l’on veut.

Abaisser l’oiseau, terme de fauconnerie. C’est retrancher à celui qui a trop d’embonpoint une partie de sa nourriture, pour le rendre plus leger, & le mettre en état de bien voler.

ABAISSÉ, ÉE. part. Depressus.

Abaissé, en termes de Blâson, se dit du vol des aigles, & du vol en général des oiseaux, dont la représentation ordinaire est d’être ouvert & étendu ; ensorte que le bout de leurs aîles tende vers les angles ou le chef de l’Ecu ; mais, lorsque ce bout est en bas, & vers la pointe de l’Ecu, ou que les aîles sont pliées, on l’appelle vol abaissé.

On dit aussi, un chevron, un pal abaissé, une bande abaissée, quand la pointe finit au cœur de l’Ecu, ou au-dessous, & ne monte pas plus haut. On dit aussi qu’une pièce est abaissée, lorsqu’elle est au-dessous de sa situation ordinaire, comme le chef, la fasce, &c. Et ainsi les Commandeurs de Malte, qui ont des chefs dans leurs Armoiries, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion.

ABAISSEUR. adj. m. Épithète que les Médecins donnent au second muscle des yeux, qui les fait mouvoir en bas, & fait regarder la terre. On l’appelle aussi l’Humble, humilis. Dionis.

On donne le même nom à différens muscles dont l’action consiste à abaisser ou à porter en bas les parties auxquelles ils sont attachés, comme ceux des levres, des mâchoires, &c.

☞ ABALIÉNATION. s. f. Terme du droit Romain : sorte d’aliénation par laquelle les effets qu’on nommoit res mancipi, savoir les bestiaux, les esclaves, & autres possessions dans l’enceinte des territoires de l’Italie, étoient transférés à des personnes en droit de les acquérir. Ceux qui avoient ce droit, étoient les citoyens Romains, les Latins, & quelques étrangers à qui on permettoit spécialement ce commerce.

ABALLON. s. m. Contrée de l’Île de Terre-neuve, dans l’Amérique septentrionale. Aballonia, Avallonia. Les Anglois ont dans l’Aballon une colonie qu’ils nomment Ferryland.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois, Abrutir, rendre stupide. Hebetem reddere. Il se trouve dans plusieurs Coutumes.

☞ ABALOURDI, IE. part. Il a la même signification que le verbe, & est peu usité.

ABANA. s. m. Rivière de Syrie, dont il est parlé dans l’Ecriture, IV. Rois, v. 12. les LXX. de l’édition de Complute l’appellent Amana, conformément au Kéri ou Variante, quoique l’Hébreu porte Abana, & le manuscrit Alexandrin Naubana. Abana. Elle prend sa source dans le mont Liban, & baigne les murs de Damas du côté du midi & de l’occident : c’est pour cela qu’elle est aussi appellée fleuve de Damas. Elle coule dans la plaine d’Archadab, parallèlement au Pharphar, autre fleuve de Damas, & se décharge dans la mer de Syrie, au midi de l’embouchure du Pharphar. Sanutus, Secret. Fidel. Crucis, L. III. c. 2. dit que ce fleuve passe dans la ville de Valania, qui est, selon Etienne de Byzance, la ville appellée Leucas, & qu’il se jette dans la mer près du château nommé Margath. Il s’appelle quelquefois Valania, du nom de cette ville.

ABANBO. s. m. Rivière de la haute Ethiopie. Abanbus. On met ses sources sous la ligne, au levant des montagnes d’Amara, & on la fait décharger ses eaux dans le Nil, un peu au-dessus de l’Île de Guéguère. La source & le cours de cette rivière ressemblent si fort au Nil des Modernes, qu’on ne peut pas douter que ce ne soit le même. Maty. Quelques Auteurs prétendent que ce n’est autre chose que le commencement du Nil. Ce qu’il y a de certain, c’est que dans la Carte d’Ethiopie faite sur les lieux par les Peres Manuel d’Alméyda, Alfonso Mendez, Pero Pays & Jérôme Lobos, Jésuites Portugais, qui avoient demeuré long-temps dans ce pays, & qui découvrirent les sources du Nil, il n’y a aucune rivière nommée Abanbo. Ainsi c’est plutôt la rivière que ces Peres appellent R. Maleg, dans leur carte des sources du Nil.

Ptolomée l’appelle Astapus, & Strabon Astapas ; & ces deux Auteurs le distinguent du Nil, dont Mela & Pline ont cru qu’il étoit un surnom ou une branche. Selon Hofman, quelques-uns l’appellent Abanhus, ou même Abantia, selon d’autres.

ABANCAI, ou ABANCAYO. Nom d’une rivière & d’un bourg de l’Amérique méridionale. Abancaius. La rivière d’Abancaï prend sa source dans des montagnes de l’Audience de Lima, & se jette dans le fleuve des Amazones. Elle donne son nom au bourg d’Abancaï ou Abancayo, situé sur son bord méridional, peu loin de son confluent avec le Maragnon ou rivière des Amazones.

ABANDON. s. m. Etat où est une personne, une chose délaissée ; délaissement de quelque chose. Derelictio, destitutio. Neglectus rei alicujus. Il n’est point du bel usage. On ne le trouve guère que dans Moliére, lequel dit, en parlant des coquettes qui renoncent par nécessité au monde qui les quitte :

 Dans un tel abandon, leur sombre inquiétude
Ne voit d’autre recours que le métier de Prude.

Il n’est supportable qu’en termes de Pratique. Le