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AMN — AMO
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Les Anciens en avoient un autre naturel qui se trouvoit dans les sables de l’Arabie ou de la Lybie, qui n’étoit autre chose que le sel volatil de l’urine des chameaux qui alloient au temple de Jupiter Ammon. Ce sel étoit naturellement sublimé sur ces sables, par la chaleur du soleil qui est brûlante dans ce pays-là : d’où vient que plusieurs l’appellent ammoniac. Les autres disent qu’on l’appelle sel armoniac, au lieu de sel acrimonial, à cause de son acrimonie. Les fleurs de sel ammoniac ne sont autre chose que sa portion la plus subtile, élevée par le feu ; & son esprit volatil n’est autre chose que son sel volatil dissous dans quelque portion de son flegme.

AMMONIEN, ENNE. s. m. & f. adj. Nom du peuple qui habitoit la forêt de Jupiter Ammon. Ammonius. On les appelle aussi Ammonites. Junon Ammonienne, Juno Ammonia. Elle étoit adorée dans l’Elide. Quelques-uns prétendent que c’étoit la lune, comme Jupiter Ammon étoit le soleil.

AMMONITE. s. m. Ammonita, Ammonites. Peuple descendant d’Ammon, fils de Loth. Gen. XIX, 38. Les Ammonites habitoient à l’orient du Jourdain, entre les Moabites au midi, dont ils étoient séparés par le torrent de Jabboc, les Arabes au levant, la Cœlésyrie au nord, le Jourdain à l’occident. Leur capitale étoit Rabbath, qui fut depuis appelée Philadelphie. Le Seigneur a exterminé les Enacins, & il a fait que les Ammonites ont habité ce pays au lieu d’eux. Saci. Les Ammonites furent souvent vaincus par les Israëlites, 1.o par Jephté, Jug. XI, 19 ; par Saül, 1, Reg. XI, 1. Josephe, Ant. Jud. Liv. VI, c. 5 & 6 ; par David, 2. Reg. X, 1, 1. Paral. XIX, 1 ; par Judas Machabée, Josephe, De bello Jud. Liv. III, c. 2. Josephe les appelle Ammanites. L’Ecriture, par un hébraïsme ordinaire, les appelle souvent les enfans d’Ammon. Og Roi de Basan étoit demeuré seul de la race des Géans. On montre encore son lit de fer dans Rabbath, qui est une ville des Enfans d’Ammon. Ce lit a neuf coudées de long & quatre de large. Saci. Deut. III, II. Voyez aussi Ammoniens.

Ammonite. s. f. Ammonitis. Femme Ammonite. Aucun de nos Traducteurs, que je sache, n’a traduit Ammonitide. Salomon aima plusieurs femmes étrangères, outre la fille de Pharaon, à savoir des Moabites, des Ammonites, des Iduméennes, des Sidoniennes, & des Héthiennes. Desmar. 3, Reg. XI. 1, & de même tous les autres. Les Protestans & quelques Hébraïsans écrivent Hamonites. Cela est contre l’usage.

Ammonite, s. m. Terme d’Histoire naturelle. Pierre composée de plusieurs grains semblables à du sable. Ammonites. Ce mot vient d’άμμος, sable. Un Auteur Allemand, qui publia en 1721 une Dissertation latine sur cette pierre, l’appelle Oolcihe.

☞ AMMONITIDE. Ammonitis, ou Ammanitis. Contrée de l’Arabie-Pétrée, ainsi nommée de ses habitans les Ammonites. On n’est pas trop d’accord sur ses limites. On sait seulement qu’elle étoit au-delà du Jourdain, dans les montagnes de Galaad. Sa capitale étoit Rabba, ou Rabbath Ammon, nommée Philadelphie.

AMMONITION. Voyez Amonition.

AMN.

☞ AMNIOMANTIE. s. f. Espèce de divination. Présage heureux que les Anciens tiroient de la disposition de la membrane nommée Amnios (Voyez l’article suivant) quand elle enveloppoit la tête de l’enfant venant au monde. Le peuple regarde encore cette espèce de coiffe, comme un présage de bonheur ; & pour marquer qu’un homme est heureux, on dit proverbialement qu’il est né coiffé.

AMNIOS. s. m. Terme d’Anatomie, qui se dit d’une seconde membrane qui enveloppe immédiatement tout le fœtus, & qui est une substance plus déliée que le chorion. Amnium. Ce mot signifie agnelet, & on lui donne ce nom à cause de sa délicatesse. Entre l’amnios & le chorion, autre membrane qui enveloppe l’amnios par dehors, il y en a une troisième où s’amasse l’urine du fœtus, & qu’on appelle pour cette raison la membrane urinaire. La liqueur que contient l’amnios, donne beaucoup de marques d’être nourricière ; & ce qui en peut convaincre, c’est qu’elle est fort semblable à celle qui se trouve dans le ventricule du fœtus, où apparemment elle est entrée par la bouche. D’habiles Anatomistes ont fait de grands efforts pour imaginer des routes par lesquelles la liqueur de l’amnios venant du placenta, pût y entrer sans traverser la membrane urinaire, qu’elle ne doit point traverser, ce semble, parce qu’elle le corromproit en se mêlant avec l’urine, & perdroit la douceur nécessaire à des sucs nourriciers.

M. Tauvry a recours à un expédient nouveau. Il suppose que la cavité de l’amnios se remplit dans les premiers temps de la formation, lorsque le fœtus n’a point encore d’urine à envoyer dans la membrane urinaire. L’amnios rempli, & le fœtus devenu plus fort, la membrane urinaire commence à se remplir à son tour, & l’amnios ne tire plus rien de nouveau ; mais il tient en réserve & dépense peu-à-peu ce qui doit nourrir le fœtus jusqu’à sa naissance. Une observation qui confirme cette pensée, c’est qu’en effet l’amnios est d’autant moins plein, & la membrane urinaire l’est d’autant plus, que le fœtus est plus avancé. Acad. des Sc. 1699. Hist. p. 32, 33.

☞ AMNISIADES, ou AMNISIDES. s. f. Nymphes de la ville d’Amnisus, dans l’île de Crète.

AMNISTIE. s. f. Pardon général accordé à des sujets par un Traité ou par un Edit, quand le Prince déclare qu’il oublie ou qu’il abolit tout ce qui s’est passé, & promet qu’on n’en sera point recherché. Oblivio injuriarum, Abolitio. ☞ L’amnistie a lieu principalement pour crime de rébellion ou de désertion. On a donné trois mois à ces peuples pour accepter l’amnistie. Il y a une amnistie pour tout le parti. Rochef. L’amnistie générale accordée ne couvre point une injure commise de particulier à particulier, qui n’est point pour la querelle publique. Il se dit aussi du pardon que le Prince accorde aux soldats déserteurs.

Ce mot vient du grec άμνηστία formé de l’α privatif, & de μνημη, mémoire, souvenir. Après que les trente Tyrans eurent été chassés d’Athènes, les Athéniens firent une Loi, par laquelle il fut réglé qu’on oublieroit de part & d’autre tout ce qui s’étoit passé pendant la guerre ; & cette Loi, dont Thrasibule fut Auteur, se nomma άμνηστία, Amnistie. C’est là que ce nom a commencé à s’employer ; & c’est Cornélius Nepos, dans la vie de Thrasibule, c. 3, & Valère Maxime, Liv. IV, c. 1, qui nous l’apprennent. Andocides, Orateur Athénien, dont Plutarque a écrit la vie, & dont Henri Etienne donna une édition en 1575, nous a conservé dans son oraison sur les Mystères, une formule de l’amnistie & des sermens qu’on y faisoit.

Amnistie. Il y a en Languedoc, entre Nismes & Usez, un château qui s’appelle le Château d’Amnistie.

AMO.

AMOBILE. Voyez Amovible.

AMODÉRER. v. a. Vieux mot. Tempérer, modérer. Gloss. sur Marot.

AMODIATEUR. s. m. Fermier. Celui qui prend une terre à ferme. Conductor. Ce mot signifie aussi, celui qui donne une terre à ferme. Locator. ☞ Ce mot & les suivans ne sont d’usage que dans quelques provinces.

AMODIATION. s. f. Convention par laquelle on donne une terre à ferme. Locatio. Faire l’amodiation d’un bien. Ce mot signifie aussi la convention par laquelle on la reçoit. Conductio.

AMODIER. v. a. Terme de Coutume. Donner à ferme. Locare. Amodier une terre en grain ou en argent. Il signifie aussi, prendre à ferme. Conducere. ☞ Ces mots viennent de modius, parce que ces sortes de baux se font d’ordinaire moyennant une certaine quantité de muids de grain.

AMODIÉ, ÉE. part.

☞ AMOER. Voyez Amour. Rivière.

AMOGABARE. s. m. Espèce de Milice Espagnole. Amogabarus. Il n’y a plus d’Amogabares dans les troupes