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AMP

la pompe & dans l’abondance. L’amplification donc, pour en donner une idée générale, est un accroissement de paroles, que l’on peut tirer de toutes les circonstances particulières des choses & de tous les lieux de l’oraison, qui remplit le discours, & le fortifie en appuyant sur ce qu’on a déjà dit. Ainsi elle différe de la preuve, en ce qu’on emploie celle-ci pour prouver la question, au lieu que l’amplification ne sert qu’à étendre & à exagérer. Rien n’est plus contraire à l’éloquence que l’amplification puérile, vide de pensées, & qui ne consiste que dans un vain appareil de mots entassés les uns sur les autres. La bonne amplification est un amas de pensées, qui enchérissent toutes les unes sur les autres, & qui sont soutenues d’expressions vives, fortes, & convenables au sujet.

On se sert aussi de ce terme hors de la Rhétorique, où on l’applique à tous les discours, & aux narrations même ordinaires, quand on grossit, qu’on augmente les choses. Il y a de l’amplification à cette nouvelle : il se prend alors pour exagération.

On appelle encore Amplification, le discours amplifié, le discours que font les écoliers sur un sujet qui leur est donné pour l’orner comme ils jugeront à propos. On exerce les écoliers à faire des amplifications au collége. Pour faire une bonne amplification, il faut que le discours s’élève par degrés, en sorte qu’un mot enchérisse sur l’autre : autrement l’amplification est languissante, & n’a plus ni force ni mouvement. Boil. Longin, dans son Traité du Sublime, chap. IX & X. Cicéron, dans ses Partitiones Oratoriæ, n. 27 & 53, & le P. Caussin, dans tout le V. Liv. de son Eloquentia sacra & profana, ont traité de l’amplification.

AMPLIFIER. v. a. Etendre, augmenter par le discours. Il ne se dit qu’au figuré. Amplificare. Il amplifie toutes les histoires qu’il rapporte. Il amplifie tout ce qu’il dit. Il a amplifié cette action par toutes les circonstances qui la peuvent agrandir.

AMPLIFIÉ, ÉE. part.

AMPLISSIME. adj. au superlatif, est une qualité dont on honore quelques personnes en leur parlant, particulièrement chez les étrangers, & dans l’Université de Paris à l’égard du Recteur. Amplissimus Rector.

AMPLITUDE. s. f. Terme d’Artillerie. Dans l’art de jeter des bombes, c’est la ligne comprise, entre le point d’où la bombe est tirée, & celui où elle va tomber. Jactûs amplitudo. Pour ce qui est de la force de la poudre dans une certaine quantité, ou bien de la hauteur à laquelle le jet pourroit s’élever en tirant vers le zénith ; comme on ne peut pas le connoître par l’expérience, on sait par la démonstration, que le point de l’horizon où la bombe peut arriver lorsqu’elle est jetée par un angle de 45 degrés, ou demi-droit, est toujours éloigné du lieu d’où on la tire, du double de l’élévation du jet vertical, c’est ce qu’on appelle amplitude du jet ; par exemple, si le jet est allé à 1600 toises, le jet vertical ou à plomb seroit monté à 800 toises. De la Hire, Acad. des Sc. 1700 Mém. p. 103.

Amplitude d’un astre. Terme d’Astronomie. C’est l’arc de l’horizon, compris entre l’équateur & cet astre, quand il se trouve à l’horizon. Elle s’appelle ortive ou orientale ou occase, selon qu’on mesure cet arc quand l’astre se leve ou se couche. L’amplitude ortive est l’arc de l’horizon qui se trouve entre le point où s’éleve un astre, & celui du vrai orient, où se fait l’intersection de l’équateur, & de l’horizon. Amplitudo ortiva. On l’appelle autrement, Latitude ortive. L’amplitude occidentale est l’arc de l’horizon terminé par le point où l’astre se couche, & le point de l’occident équinoxial. L’amplitude orientale, ou occidentale, est appelée septentrionale, quand elle est dans la partie septentrionale ; & méridionale, quand elle est dans la partie méridionale de l’horizon. L’amplitude orientale du soleil se nomme orient du soleil, & son amplitude occidentale, occident du soleil.

☞ Les seules étoiles qui se trouvent dans l’équateur, n’ont aucune amplitude soit orientale, soit occidentale. Toutes les autres en ont une, plus ou moins grande, suivant qu’elles sont plus ou moins éloignées de l’équateur.

AMPOSTA. Bourg de Catalogne, en Espagne. Amposta. Il est sur l’Ebre, au-dessous de Tortose. Quelques-uns le prennent pour l’ancienne Adeda, ville de l’Espagne Tarragonoise, que d’autres placent à Adébra, qui est dans la même contrée.

☞ AMPOULE. s. f. Fiole, petite bouteille. Ampulla. Dans ce sens il ne se dit que de la Sainte Ampoule.

On appelle la Sainte Ampoule, certaine petite bouteille venue du ciel, où il y a de l’huile qui sert à sacrer les Rois de France, laquelle on garde bien soigneusement dans l’Abbaye de saint Remi de Reims, Sacra Ampulla. Hincmar, Archevêque de Reims, qui vivoit du temps de Charles le Chauve, rapporte, en la vie de S. Remi, qu’une colombe blanche l’apporta du ciel en son bec, lorsque les saintes huiles lui manquoient, à cause de la foule qu’il y avoit auprès des fonts baptismaux ; qu’elle disparut aussi-tôt ; que cette huile parfuma toute l’église, & que le Roi Clovis en fut baptisé. Il y a eu un beau Traité Apologétique de la Sainte Ampoule, fait par Alexandre le Tanneur contre Jacques Chiftlet, imprimé en 1652. Voyez Du Cange au mot Ampoule, Aimoin, L. I, chap. XVI. Flodoard, Hist. Remens. Liv. I, c. XIII. Annales Bertinienses au Ch. 868. Gaguin, du Haillan, Liv. III, Rerum Gallicar. Le P. Sirmond sur la Lettre d’Avitus, Conc. Gall. T. I, ad an. 446, p. 1268. Morus, de sacris unctionibus : le Sueur Calviniste, Hist. de l’Emp. & de l’Eglise, à l’an de Jésus-Christ 496, les notes du P. Ruinard sur Grégoire de Tours, Hist. Franc. Liv. II, ch. 21. Le P. Dorigni, Jésuite, qui a composé la Vie de saint Remi, imprimée en 1714, à Châlons sur Marne, a fait une Dissertation sur le miracle de la Sainte Ampoule, qu’il prétend être véritable. Il n’y entre point dans le détail des mêmes objections que les Critiques modernes ont faites contre ce miracle. Marlot, Le Tanneur, & Du Saussay y ont suffisamment répondu. Il s’attache à la plus forte, tirée du silence d’Avitus, & de Grégoire de Tours. Il dit sur cela que la lettre d’Avitus est fort suspecte de supposition ; que Henri Derford a écrit qu’il avoit vu des manuscrits de Grégoire de Tours, où le miracle de la Sainte Ampoule étoit raconté ; que les argumens tirés du silence des Auteurs, sont bien foibles ; que le silence de Fortunat ne fait douter personne du baptême de Clovis par S. Remi. Il oppose à Avitus & à Grégoire de Tours l’autorité de Hincmar & la tradition. Gaguin, Hincmar, & Aimoin, disent aussi que Clovis institua un Ordre de Chevaliers de la Sainte Ampoule. Joseph de Michiéli, dans son Tesoro Militar. fol. 77. Le P. Andréa Mendo, Jésuite, De ordinib. militar. fol. 16. & Bernardo Giustiani, Hist. dell’ origine de Cavallieri, Ch. VI en parlent aussi. Ce dernier dit, que les Auteurs ne disent point l’année que cet Ordre fut institué ; mais qu’il est aisé de juger que ce fut dans la solennité de son baptême que Clovis l’institua, & par conséquent l’an 485 de Jésus-Christ ; qu’il voulut que les Chevaliers s’appelassent Chevaliers de S. Remi ; qu’ils ne pussent être plus de quatre ; que leur fonction fût d’assister l’Evêque, lorsqu’il porte la Sainte Ampoule, & qu’ils n’ont point de bannière particulière, parce que la dignité de leur fonction suffit pour les distinguer parmi tous les autres Chevaliers. Ces quatre Chevaliers sont les barons de Terriers, de Belestre, de Senestre, & de Louversy. Ce même Auteur remarque dans la seconde édition, que ces Chevaliers n’étant que quatre, ils ne peuvent passer pour un Ordre militaire. Une description des ordres militaires imprimée à Paris en 1671, dit, qu’ils ont une croix dont le tronc & les branches sont triangulaires, avec quatre fleurs-de-lis dans les angles, & sur le tronc de laquelle on voit au centre la Sainte Ampoule soutenue d’une main par-dessous, & dessus un S. Esprit en forme de colombe. Tout cela certainement n’est pas plus du temps de Clovis, que le nom de Chevaliers de S. Remi.

Ce mot Ampoule vient du latin Ampulla, qui signifie une bouteille qui a un cou long & étroit. C’étoit autrefois un vaisseau où on gardoit le vin servant à