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ANDROMAQUE. s. m. Andromacus. Nom propre d’homme. Ce mot est grec, & signifie, qui combat les hommes, de ἀνήρ, ἀνδρὸς, homme, & μάχη, combat.

Andromaque. s. f. Andromache. Nom de femme. Elle étoit fille d’Oetion, Roi de Cilicie, épousa Hector, mere d’Astianax, célébre par ses charmes & par sa tendresse pour son époux & pour son fils. C’est aussi le titre d’une Tagédie de l’illustre Racine.

ANDROMÈDE. Elle étoit fille de Céphée, Roi d’Ethiopie, & de Cassiopée, qui avoit eu la témérité de se croire plus belle que les Néréïdes. ☞ On sait comment Andromède, exposée sur un rocher au bord de la mer, pour être dévorée par un monstre marin, fut délivrée par Persée.

Andromède. s. f. Terme d’Astronomie. C’est l’une des 21 constellations septentrionales. Andromede. Elle a 27 étoiles.

☞ ANDRON. sub. m. ANDRON, ONIS. C’est ainsi qu’on nommoit chez les Grecs, les salles où se faisoient les festins des hommes, & où les femmes ne se trouvoient point. C’est aussi le lieu des hommes dans l’Eglise.

ANDRONIC, ou ANDRONIQUE. s. m. Andronicus. Nom propre d’homme, qui vient d’ἀνήρ, ἀνδρὸς, homme, & νιϰάω, vaincre ; & signifie, victorieux des hommes. Quatre Empereurs de Constantinople ont poté le nom d’Andronic.

☞ C’est aussi le nom du chef des Androniciens, Hérétiques du second & du troisième siècle, dont on ne connoît pas trop bien la doctrine. On sait seulement qu’ils enseignoient que la partie supérieure de la femme étoit l’ouvrage de Dieu, & que l’inférieure étoit l’œuvre du Diable.

ANDROS. Andros. Île de l’Archipel. L’île d’Andros est à vingt lieues de Thermia. Les montagnes y sont très-hautes ; les vallées fort agréables y sont semées de quantité de maisons de campagne, & de beaux jardins, que des ruisseaux qui y serpentent entretiennent dans leur continuelle fraicheur. Il y a un bourg ou ville du même nom, qui a un Evêque. Lettre Ed.

ANDROSACE. s. f. Androsace vulgaris. Plante annuelle, dont la racine est menue, fibreuse, & qui donne à son collet quelques feuilles couchées par terre, disposées en rond, large de demi-pouce, longues environ de deux pouces, velues, & relevées dans leur longueur de quelques nervures, légérement crénelées sur leurs bords, & d’un vert pâle. Du milieu de ces feuilles partent des tiges menues, le plus souvent au nombre de sept à huit, nues, velues, verdâtres, hautes de sept à huit pouces, & couronnées par quelques feuilles, d’entre lesquelles sortent plusieurs pédicules terminés chacun par un calice assez ample, qui renferme une fleur blanche, d’une seule pièce, taillée en forme de soucoupe & découpée en cinq parties, comme son calice. Le pistil qui s’emboîte avec la fleur, devient une coque ronde, enveloppée en partie par le fond du calice, & s’ouvre de sa pointe à sa base en deux, pour laisser tomber sa semence qui est menue, rousse & triangulaire. Toute la plante paroît d’abord au goût un peu astringente ; mais elle laisse ensuite un peu d’âcreté & d’amertume dans la bouche. Elle croît en Provence.

Androsace se prenoit autrefois pour une plante marine, que les Botanistes modernes ont nommées Acetabulum, à cause que ses feuilles sont des bassins creux & ronds, semblables, à ce qu’on prétend, à ceux qu’on employoit du temps des Romains pour mesurer le vinaigre. On l’appelle encore Umbilicus marinus, nombril marin, parce qu’il ressemble aux feuilles du cotylédon, ou Umbilicus veneris. L’Acétabulum croît au fond de la mer sur des coquilles, des pièces de bois, & sur les rochers ; il est un peu diurétique.

ANDROSÆMUM. s. m. ou, Toute-Sainte. Androsæmum. Plante dont les branches sont ligneuses, souples, rouges, droites & ailées. Ses feuilles sont deux à deux par certains intervalles, de couleur d’un vert obscur par-dessus, blanches par-dessous : elles sont semblables à celles du chevrefeuille ; mais elles sortent par les nœuds, & ne sont pas ainsi percées par leur branche. Ses fleurs sont jaunes ; elles ressemblent à celles de mille-pertuis ; mais elles sont plus petites. Elles sont composées de cinq feuilles jaunes, qui sont soutenues par cinq autres feuilles vertes. Son fruit est une espèce de baie qui contient plusieurs semences menues. Androsæmum vient de deux mots grecs, ἀνδρὸς, génitif de ἀνήρ, vir, αἷμα, sanguis ; car la plante que les Anciens nommoient Androsæmum, rendoit du suc couleur de sang.

☞ ANDROTOMIE. s. f. C’est la même chose qu’Andratomie. Voyez ce mot. On l’appelle ainsi pour la distinguer de la Zootomie, dissection des animaux.

ANDUEL. Voyez Andéol.

ANDUI. adv. Vieux mot. Ensemble.

ANDUSE. Ville de France. Andusa. Elle est dans le bas Languedoc, sur le Gardon d’Anduse, à deux lieues d’Alais, & à six de Nimes.

ANDUXAR. Ville d’Espagne. Anduxaria. Ilurgis nova. Elle est dans l’Andalousie, sur le Guadalquivir, au-dessus de Cordoue. Il y a là une lieu de là un lieu qu’on appelle Anduxar il viejo, le vieux Anduxar, ou los Villares : ce sont les ruines de l’ancienne Iliturgis, ou Ilurgis, détruite par Scipion, parce qu’elle avoit suivi le parti des Carthaginois. Anduxar s’est agrandi de ces ruines.

ANE

ÂNE. s. m. Asinus. Baudet, animal à quatre pieds & à longues oreilles, qui a de grosses babines, qui est ordinairement de poil gris, qui vit environ 30 ans, & qui est lent, patient, paresseux, laborieux & stupide. C’est une bête de somme dont se servent d’ordinaire les pauvres gens pour porter des choux, du fumier, du plâtre, &c. Il y a des ânes domestiques, & des ânes sauvages. À Melun, en Bourgogne & en quelques autres lieux, il y a une poste aux ânes. Le braire est le propre des ânes : un âne chargé d’or, ne laisse pas de braire. S. Evr. Il étoit défendu dans les livres de Moyse de joindre un bœuf à un âne pour labourer. L’une des bonne qualités de l’âne, est qu’il a l’ouie très-fine, à cause de la longueur de ses oreilles. De-là est venue la fable du Roi Midas, à qui les Poëtes ont donné des oreilles d’âne, parce qu’il ne se passoit rien dans son royaume, dont il ne fut instruit. Le nom d’âne, qui passe pour une injure, n’a pas toujours été si odieux. On a quelquefois appelé ainsi des personnes robustes, à cause de la force de cet animal. Bochart.. Homère a comparé Ajax accablé de traits dans la mêlée, à un âne ravageant un blé vert, assailli à coups de cailloux par les petits garçons du village. Perr.

Un âne, le jouet de tous les animaux,
Un stupide animal, sujet à mille maux ?

Boil.

Car qui pourroit souffrir un âne fanfaron,
Ce n’est pas là leur caractère ? La Font.

Les ânes étoient la monture ordinaire des Israëlites… Pour donner une grande idée de Jaïr, un des Juges qui gouvernent le peuple, l’Ecriture dit qu’il avoit trente fils, montés sur trentes ânes, & chefs de trente villes. Il est dit d’Abdon un autre des Juges, qu’il avoit quarante fils, & trente petits-fils, montés sur soixante-dix ânes. Et dans le Cantique de Débora, les chefs d’Israël sont décrits montés sur des ânes polis & luisans. Mœurs des Israëlites.

Il y a des ânes en Espagne, beaucoup plus grands qu’aucun cheval, & si furieux, que personne n’en sauroit approcher pour les panser, sinon ceux qui en font métier ; & ils braient si épouvantablement, qu’il n’y a point de lion qui fasse plus de bruit. Newcast.

Âne, signifie figurément un homme qui ne sait rien, & qui par disposition d’esprit, n’est pas susceptible d’instruction.

☞ On est âne par disposition d’esprit, & ignorant par défaut d’instruction.