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ANN

année-là. Port-R. Anne l’interrogea touchant ses disciples & sa doctrine. Royaumont. Les Magistrats, les Anciens, & les Scribes s’assemblerent le lendemain dans Jérulalem avec Anne, le Grand-Prêtre, &c. Simon.

Josephe parle encore de deux autres Ananus, ou Grands-Prêtres nommés Anne, dont le premier fut fils & successeur de celui-ci, de la secte des Saducéens. C’est lui qui fit mourir S. Jaques le Majeur. Le second chassa les Zélateurs du temple ; mais étant redevenus les plus forts, par les secours qu’ils reçurent des Iduméens, ils massacrerent Anne, l’an 67 de Jésus-Christ. Il y a encore un Ananus, ou Anne, Evêque d’Alexandrie après S. Marc. Tous ceux-ci peuvent être appelés Ananus ; car, comme on en parle peu, l’usage ne leur a point donné une forme françoise. Pour le premier, il faut toujours l’appeler Anne. C’est ainsi qu’en ont usé Messieurs, Godeau dans son Histoire de l’Eglise, & Arnaud d’Andilly, dans sa traduction de Josephe.

Anne. s. f. Nom de femme. Anna. Anne mere de Samuel. Elcana avoit deux femmes, dont l’une s’appeloit Anne, & l’autre Phenenna. Saci. Sainte Anne, mere de la Sainte Vierge. Anne la Prophétesse. En ce temps-là vivoit Anne, qui avoit le don de prophétie, & qui étoit fille de Phanuël de la Tribu d’Aser. Bouh. Anne Comnène, fille de l’Empereur Alexis Comnène, a écrit l’Histoire de son pere en quinze livres, depuis l’an 1064 jusqu’à l’an 1118. Anne de Bretagne, fille & héritière du Duc François, & de Marguerite de Foix, femme de Charles VIII & de Louis XII, apporta la Bretagne à la France, & fut la première qui éleva à la Cour des filles de qualité, qu’on nomma filles de la Reine. Anne d’Autriche, fille aînée de Philippe III, Roi d’Espagne, femme de Louis XIII, mère de Louis le Grand.


Anne, dont la vertu nous assiste au besoin,
Va ramener le calme après tant de tempêtes ;
Et ces princes divins, dont elle a tant de soin,
De l’aurore au couchant borneront leurs conquêtes.


Ce sont les vers que Mezerai a mis sous le portrait de cette Princesse au commencent de son Histoire. Nous avons encore une Reine de France nommée Anne. C’est la femme de Henri I, fille de Jaroslas, Roi de Russie. On trouve dans le VIII siècle proche du Proconèse une Eglise dédiée à Sainte Anne.

Anne, quoique nom d’une Sainte, s’est aussi donné quelquefois à des hommes. Anne, Roi d’Estangle, ou des Anglois orientaux, regnoit au commencement du IX siècle. Il n’est pas sûr néanmoins que ce fût un Chrétien ; mais il y a deux Annes de Bourbon Malause, & Anne de Montmorenci, Duc, Pair, & Connétable de France, sous cinq Rois, Louis XII, François I, Henri II, François II & Charles IX. Il fut tué à l’âge de 80 ans à la bataille de Saint Denis. Anne, Duc de Joyeuse, sous Henri III, tué à la bataille de Courtrai. Pour les hommes, quoique ce nom soit celui de Sainte Anne qu’on leur donne au baptême, & non pas celui du Pontife Anna, on dit en latin Annas, & non pas Anna.

Ce nom, Anne, soit masculin, soit féminin, est hébreu, & vient du verbe חנן, hhanan, qui signifie gratifier, faire grâce, donner des grâces, faire miséricorde, être gracieux, être miséricordieux. De-là vient חן, hhan, grâce, miséricorde, d’où se forme חנה, hhannas, qui signifie la même chose, & gracieux, miséricordieux ; gracieuse, miséricordieuse ; & de-là le nom Anne, qui devroit par conséquent s’écrire avec une aspiration forte ; mais l’usage l’a ôtée, aussi bien qu’en beaucoup d’autres, quoique dans son origine, c’est-à dire en hébreu, sans aspiration, il dût avoir des significations très-différentes.

SAINTE ANNE. Nom d’un lieu situé sur la côte de l’Acadie, dans l’Amérique septentrionale, & où il y a un havre. Portus, Statio Sanctæ Annæ.

Havre de Sainte Anne, sur la côte orientale de l’île du Cap-Breton. Voyez cette île. Ce havre est beau & sûr.

ANNEAU. s. m. Bague, corps circulaire qu’on met au doigt. Annulus. Ménage dérive ce mot de anellus, qui se trouve dans Cicéron pour petit anneau. L’anneau est composé de trois parties, du jonc, ou anneau proprement dit, du chatton, & de la pierre, Voyez M. le Vayer sur la manière de diverses nations de porter des anneaux, sur-tout des Indiens. Sénèque a déclamé contre la vanité des femmes, qui portoient un ou deux patrimoines à chaque doigt.

L’anneau d’un Evêque fait partie des ornemens pontificaux. Les Rois de France, & les Empereurs investissoient anciennement les Evêques & les Archevêques, en leur donnant la crosse & l’anneau. L’anneau est un gage du mariage spirituel de l’Evêque avec son Eglise. L’usage de l’anneau pour les Evêques est très-ancien. Le IV Concile de Tolède tenu en 653, en parle au chap. 28, où il ordonne qu’un Evêque déposé, s’il est trouvé innocent dans un second Concile, ne pourra être rétabli, qu’en recevant des mains d’un Evêque devant l’autel, l’étole appelée Orarium, l’anneau, & le bâton, ou la crosse. Un sermon sur S. Valentin, Evêque de Gènes, au commencement du IV siècle, fait mention de l’anneau des Evêques en ce siècle ; mais ce sermon n’est que du XIII siècle. Cet usage de l’anneau pour les Evêques a passé aux Cardinaux, qui doivent même donner je ne sais quelle somme pour cela, pro jure annuli Cardinalatitii.

Les Brefs Apostoliques sont scellés de l’anneau du pêcheur. Ce sceau s’appelle l’Anneau du pêcheur, parce qu’on suppose que S. Pierre, qui étoit pêcheur, en a usé le premier ; & les Papes s’en servent après lui. Il n’y a cependant qu’environ 400 ans que ce terme est en usage. Ce sceau s’appelle ainsi, parce qu’il a l’image de S. Pierre, Voyez le Hiérolexicon des Macri. Grégorius Tholosanus. Syntagm. Juris univers. L. XV. c. 3. v. 24. & seqq. & Gérard Von Mastrict, Histor. Jur. Eccles. §. 402.

Pline, Liv. XXXIII. ch. 1. dit, qu’on ignore celui qui a le premier fait un anneau ; que ce que l’on dit de Prométhée est une fable, aussi-bien que l’anneau de Midas. Les premiers chez qui nous trouvons l’usage de l’anneau sont les Hébreux, Genèse XXXVIII. 10, où Juda fils de Jacob, donne son anneau à Thamar, pour gage de sa parole. Les Egyptiens, dans le même temps, en usoient aussi, Genèse XLI. Pharaon tire son anneau de son doigt, & le met entre les mains de Joseph, pour marque de la puissance qu’il lui donne. Au troisième Liv. des Rois, ch. XXI. 8. Jézabel cachette de l’anneau du Roi, l’ordre qu’elle envoie de faire mourir Naboth. Les Chaldéens & les Babyloniens s’en servoient de même. Voyez Daniel VI. 17. XIV. 10. Les Perses s’en servoient aussi, comme il paroît par le livre d’Esther, ch. VIII. v. 10, & par Q. Curce, Liv. VI. c. 6. où il dit, qu’Alexandre cachetoit de son ancien anneau les lettres qu’il écrivoit en Europe, & celles qu’il envoyoit en Asie de l’anneau de Darius. Les Perses disent que Guiamschid, quatrième Roi de la première race, introduisit l’usage de porter des anneaux au doigt, pour cacheter les lettres & les autres actes nécessaires dans le commerce de la vie. Les Brachmanes se parent d’anneaux dans Philostrate, Liv. III. c. 4. Pour les Grecs, Pline croit, Liv. XXXIII. ch. 1. qu’au temps de la guerre de Troie, ils n’avoient point encore l’usage de l’anneau. Sa raison est qu’Homère n’en parle point, & que quand il s’agit d’envoyer des lettres, ou de renfermer des habits précieux, & des vases d’or & d’argent dans des cassettes, on les lie, on noue les liens dans Homère, mais jamais on n’imprime la marque de l’anneau. Voyez le VI Livre de l’Iliade, & le VIII de l’Odyssée. Les Sabins avoient des anneaux dès le temps de Romulus, au rapport de Denys d’Halicarnasse, Liv. II. Les Etruriens en avoient aussi du temps des Rois de Rome, témoin les anneaux que le vieux Tarquin prit aux Magistrats d’Etrurie après les avoir vaincus. Ibid. Liv. I, ch. 5. Pline croit que cet usage avoit passé de Grèce à ces habitans d’Italie ; & c’est de l’un ou de l’autre de