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APO

Varus, Préteur de Rome, eut ordre de proposer au peuple une loi qui en fixât le jour. La loi fut portée, & le jour marqué au 4e de devant les Nones de Juillet, c’est-à-dire, au 4e de ce mois : ce qui fut observé depuis. Voyez Tite-Live, Liv. XXV, & Seb. Corradus, dans ses notes sur le Brutus de Cicéron, n. 78.

Apollinaire. s. m. Nom propre d’homme. Apollinarius.

APOLLINARISTES. Apollinaristæ. Nom d’anciens Sectaires, dont S. Epiphane a parlé fort au long dans l’hérésie des Dimœtites ; ils ne croyoient point que Jésus-Christ eût pris de la Sainte Vierge une véritable chair. Apollinaris de Laodicée, qui étoit leur chef, avoit feint je ne sais quelle chair, qu’il prétendoit être de toute éternité, comme le remarque Saint Grégoire de Nazianze, Orat. 46. Il distinguoit l’ame de Jésus-Christ, de ce qu’on appelle en grec νοῦς, entendement, & par cette distinction, il établissoit que Jésus-Christ avoit pris une ame sans son entendement, & que le Verbe suppléoit à ce défaut ; quelques-uns même d’entre eux nioient que Jésus-Christ eût eu une ame. Ils croyoient que les ames des hommes étoient formées par d’autres ames, aussi-bien que les corps. Théodoret remarque qu’Apollinaire confondoit les personnes de la Sainte Trinité, & qu’il donnoit dans les erreurs de Sabellius. S. Balise lui reproche aussi d’avoir abandonné le sens littéral en expliquant la Sainte Ecriture, pour ne s’attacher qu’au sens allégorique. L’hérésie des Apollinaristes, qui étoit pleine de subtilité fut condamnée dans un synode d’Aléxandrie, sous Saint Athanase, l’an de Jesus-Christ 362, & ensuite à Rome par le Pape Damase, dans un concile, l’an 373. Les sectateurs d’Apollinaire ne s’accordoient pas tous entre eux, & ne soutenoient pas les mêmes erreurs ; ce qui donna lieu à différentes hérésies, toutes tirées des écrits & des erreurs d’Appollinaire : les plus considérables sont l’hérésie des Polémiens, sectateurs de Polémius, & celle des Antidicomarianites.

APOLLINE, s. f. Apollonia. Nom d’une Sainte Vierge, qui souffrit le martyre sous Philippe. Quelques Dictionnaires disent Apolline, ou Apollonie, comme si l’un & l’autre étoit également bon. Ils se servent même du dernier plutôt que du premier dans leurs discours. Cela est contre l’usage. On dit toujours Sainte Apolline, & jamais Sainte Apollonie, si ce n’est en Auvergne ; car M. l’Abbé Chastelain, dans son Martyrologe au 9 février, remarque que dans cette province on prononce Sainte Apollonie, & non pas Sainte Apolline, comme on dit ailleurs. Le Martyrologe romain dit qu’elle souffrit sous Dèce, mais ces mots, sous Dèce, ajoutés dans le nouveau Martyrologe romain, à l’éloge qu’Usuard, après Addon, fait de cette Sainte, sont contraires à ce qu’en dit S. Denys d’Aléxandrie, dans sa lettre à Fabius d’Antioche rapportée par Eusèbe, Liv. 6, ch. 34, où on lit, qu’un an entier avant que Dèce commençât à persécuter l’Eglise, cette Sainte fut martyrisée à Al'xandrie dans une émeute populaire, Philippe étant pour lors Empereur, & non pas Dèce. Dans les bas siècles on a inventé des actes de Sainte Apolline, qui n’ont aucun rapport à ce que S. Denys d’Al'xandrie dit d’elle, excepté l’arrachement des dents. Le Jésuite Bollandus, qui les a donnés sur un manuscrit d’Utrecht, les qualifie d’apocryphes. Comme l’Auteur de ces actes fait tuer Sainte Apolline d’un coup d’épée à Rome, sous Julien l’Apostat, ils ont trompé Gréven, Canisius, & Ferrarius, en leur faisant distinguer mal-à-propos deux Saintes Apollines.

APOLLON. s. m. Apollo. Nom d’un Dieu, fils de Jupiter & de Latone. Son nom est grec, & vient, selon Platon, ἀπὸ τοῦ πάλλειν τὰς ἀϰτίνας, de ce qu’il darde ses rayons. D’autres prétendent qu’il vient d’ἀπολλύσθαι, perdre, détruire. Ainsi Apollon signifie un destructeur, un exterminateur ; parce qu’avec ses dards il avoit la réputation de tout perdre. Apollon avoit bien des fonctions dans le Paganisme. 1°. Il étoit le soleil. C’est pour cela qu’au rapport de Cicéron, de nat. deor. libr. 2. Chrysippe dérivoit son nom de l’α privatif, & πολλοὶ plusieurs, parce qu’il n’y a qu’un soleil. Hésychius donne cette étymologie, & les Syriens l’appellent, dit-on, חדד, hhadad, qui signifie un, c’est Macrobe qui le dit, Saturn, Liv. 1, ch. 21 & 23. Il dit encore au même endroit, qu’il est appelé par les Egyptiens Horus, qu’on peut tirer de l’hébreu אור, or, qui signifie lumière. Il étoit aussi le Dieu & l’inventeur de la Médecine, & de l’art de la divination ; aussi presque tous les oracles lui étoient attribués. On lui attribue aussi l’invention de l’arc. Peut-être n’est-ce qu’une allusion aux rayons du soleil. Il étoit encore le Dieu de la Musique, de la Poësie, & de la Rhétorique, présidoit aux beaux Arts, & étoit le chef des Muses. On peignoit toujours Apollon jeune & sans barbe, & avec de grands cheveux. Le colosse de Rhodes étoit une figure d’Apollon. La tête est représentée couronnée de rayons sur les médailles de Rhodes, avec une rose au revers, & le mot ΡΟΔΙΩΝ. On dit qu’il prit le luth à Mercure ; car Apollon n’en est point l’inventeur ; Homère en fait l’honneur à Mercure, dans l’hymne qu’il a composée à sa louange. Cependant Polydore Virgile fait Apollon inventeur de la lyre & de la flute, Liv. 1. ch. 5. La cigale, le coq, l’épervier, l’olive, & le laurier, lui étoient consacrés.

Cicéron, de nat. deor. lib. 2, c. 57, distingue quatre Apollons. Le premier & le plus ancien, fut le gardien d’Athènes ; le second fut fils d’une Corybante, & naquit en Crète ; le troisième de Jupiter & de Latone. Eusèbe prétend que celui-ci est le plus ancien. Le quatrième né en Arcadie, donna des loix aux Arcadiens, & ils l’appellerent à cause de cela Nomius, ou législateur.

Apollon a eu bien des surnoms & des épithètes. Apollon Acésien, Acesius, parce qu’il étoit Dieu de la Médecine, d’ἀϰέομαι, medeor ; il eut aussi à Rome le surnom de Médecin, Medicus ; Actiaque, Actiacus, parce qu’il étoit honoré à Actium ; Alexicaque, qui chasse le mal ; à cause qu’il présidoit à la Médecine ; Cœlispex, qui regarde du haut du ciel, parce qu’il étoit le soleil ; Capitolin, Capitolinus ; Chochéen, Chocæus ; Clarien ou de Claros, Clarius ; Délien, ou de Délos, Delius, Deliacus ; Delphique, Delphicus ; de Didyme, Didymæus ; Hebdomagète, Hebdomagetes, parce qu’il étoit venu au monde le septième jour du mois, d’où vient que ce jour lui étoit consacré ; ou parce qu’il étoit venu au monde le septième mois, comme prétend le Scoliaste de Callimaque ; Héliopolitain, Heliopolitanus ; Hyperboréen, Hyperboreus ; Milésien ; Milesius ; Palatin, ou du mont Palatin à Rome, Palatinus ; Parœtonien, Parætonius, Ptous, Sarpedonius, Sofianus, Thustanicus ; ces noms lui furent donnés des lieux où il étoit honoré ; Daphnæus de Daphné, à cause d’une fontaine de ce nom qui rendit des oracles, ou du laurier, en grec δάφνη, qui lui étoit consacré ; Ἐξοϰεστήριος, qui remédie ; Ἀποστρόπαιος, qui tourne mal, parce qu’on lui racontoit les mauvais songes qu’on avoit eus, afin qu’il les détournât ; Προστάτηριος, à cause des statues qu’il avoit ordinairement dans les portiques ; Ἰήιος, Ἰομένος & λεχύνοριος, par rapport à ceux qui commençoient à s’adonner aux sciences, & à se trouver dans les assemblées des Philosophes qu’on appelloit λέχαι, λοίμιος ; pestilentiel, qui donne la peste ; Myricinus, parce qu’à Lesbos il avoit de la fougère en main, & qu’en quelques endroits cette herbe servoit aux divinations ; Navalis, à cause de la victoire d’Actium, dont Auguste lui crut être redevable. Les Scythes le surnommerent Acthosirus. Icadius son fils le surnomma Patrius. Il fut appelle Phaneus, de φαίνω, parce qu’il découvroit, faisoit connoître la vérité ; Pythien, Pythius, parce qu’il tua le serpent Python ; Sandalier, Sandalarius, d’une statue qu’Auguste lui dédia dans Rome, & qui avoit des sandales ; Syntodus, dans une inscription rapportée par Gyraldus, Syntag. 7 p. 217. Θυραῖος, comme qui diroit Portier, parce qu’il présidoit aux portes ; il eut même le surnom de Bourreau dans Rome, Tortor, parce qu’il avoit une statue dans la rue où se vendoient les fouets pour tourmenter les esclaves. Il y a encore dans l’Anthologie, Liv. 1 ch. 38, une épi-