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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/485

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ARB

Chrétiens sous Clovis, comme la plûpart des autres Gaulois, & fort attachés à leur religion. P. Daniel. Procope, de qui nous apprenons ceci, écrit Ἀρϐορυχοι, Arboriques. Le P. Lobineau croit que ce sont les Armoricains : car, dit-il, la différence n’est pas assez grande d’ἀρϐορυχοι à ἀρμορυχοι, pour imaginer sur un fondement si léger, je ne sais quelle nation d’Arborusques, ou d’Arbonches dans l’Allemagne & dans le Brabant. Ce que dit Procope, que ces Arboriques étoient à l’extrémité des Gaules, qu’ils étoient Chrétiens, qu’ils étoient à craindre aux François, & qu’il y avoit auprès d’eux des Ariens, ne peut convenir à aucune nation du Brabant, ni de l’Allemagne, & convient parfaitement aux Armoricains. Quand la différence des noms seroit plus grande, l’éloignement des lieux, la diversité des langues, & peut-être un peu de manque d’exactitude, ont pu faire tomber Procope dans cette surprise. Au reste, ajoute-t-il, le changement est fort naturel de l’M au B, comme on le peut voir par μύρμεξ, changé en βύρμεξ dans Hésychius τέρμενθος en τερέϐενθος, flamme, en flambe, marmor en marbre. Goropius Becanus, & d’autres Savans ne sont pas de ce sentiment qui ne laisse pas d’être probable. Mais il ne falloir point apporter l’exemple de τέρμενθος, pour des raisons que nous dirons peut-être en parlant de ces lettres, & qu’on peut voir dans les Essais de Grammaire de M. l’Abbé Dangeau.

ARBORISÉ, ÉE. adj. Terme de Lithologie. Il se dit d’une pierre qui représente des feuillages d’arbre.

ARBORISER. Voyez Herboriser.

ARBORISTE. Voyez HERBORISTE. Arboriste devroit cependant avoir un sens différent d’Herboriste ; celui-ci signifiant selon son origine, qui s’applique à la connoissance des herbes ; & celui-là, qui s’applique à la connoissance des arbres. Dans l’usage, herboriste comme herboriser, se prend pour l’un & l’autre. M. de la Fontaine s’est servi d’Arboriste.

 Tu veux faire ici l’Arboriste,
Et ne fut jamais que Bouchère. La Font.

ARBOURG. Voyez Arbourg.

ARBOUSE. s. f. ou selon quelques-uns ARBOISE. C’est le fruit de l’Arbousier. Arbutum.

☞ ARBOUSIER s. m. Arbutus. On écrivoit anciennement arbousier par un z, on disoit aussi arbosier ; & quelques-uns disent arbosier. Arbre qui devient d’une moyenne grandeur, lorsqu’on le laisse monter. Il pousse souvent de sa racine plusieurs jets longs & branchus, & quelquefois tortus. Son bois est blanc, & l’écorce des vieux pieds est raboteuse, écailleuse & grisâtre ; au lieu que dans les jeunes tiges, elle est lisse & rougeâtre : ses branches sont garnies de feuilles assez semblables à celles du laurier, mais d’un vert plus gai & crénelées sur leurs bords ; elles n’ont presque point d’odeur. Ses fleurs ressemblent à un grelot de muguet, dont l’ouverture antérieure est étranglée, d’un blanc verdâtre & sans odeur. Elles sont ramassées en forme de grappe pendante, & ne commencent à paroître que vers le mois d’Août. Le pistil qui s’emboîte avec la fleur par sa partie postérieure, devient un fruit qui demeure un an à mûrir. Il a la figure d’une fraise, mais il est plus gros, ordinairement rond, divisé en cinq loges remplies de semences menues comme celle du millet : il est jaunâtre d’abord, & rouge dans sa maturité, d’une saveur douce qu’on trouve fade lorsqu’on en mange plusieurs. Son bois est bon pour les Tourneurs : on en fait aussi de bon charbon. L’arbousier croît communément en Languedoc, en Italie & en Espagne.

ARBRE. s. m. Plante vivace d’une grandeur considérable ; dont l’intérieur du tronc, des branches & des racines est ligneux. Arbor. Le tronc se divise par le haut en plusieurs branches, & par le bas en racines. Les arbres sont les plus élevés & les plus gros de tous les végétaux. Guichard dérive ce mot de l’hébreu אבד, abad, d’où vient אב, arbor, arbustum. Les parties des arbres sont les racines, le tronc ou la tige, les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits, les semences. L’assemblage de toutes les branches, s’appelle la touffe. M. Dodard a remarqué que dans plusieurs arbres fruitiers, comme les pommiers, les poiriers, les châtaigniers, & généralement dans ceux qui imitent le port, tels que sont les noyers, les chênes, les hêtres, la base de la touffe affecte presque toujours d’être parallèle au plan d’où sortent les tiges, soit que ce plan soit horizontal, ou qu’il ne le soit pas, soit que les tiges elles-mêmes soient perpendiculaires, ou inclinées sur ce plan ; & cette affectation est si constante, que si un arbre sort d’un endroit où le plan soit d’un côté horizontal, & de l’autre incliné à l’horizon, la base de la touffe se tient d’un côté horizontal, & de l’autre s’incline à l’horizon autant que le plan. M. Dodard croit que la raison est que les racines de ces arbres sont parallèles au plan du terrain d’où l’arbre sort, & que les branches doivent être parallèles aux racines, parce que les fibres qui partant des racines vont former le tronc, & ensuite les branches, peuvent bien se plier, mais non pas s’étendre : d’où il s’ensuit qu’après avoir fait un angle obtus au collet des racines, pour former le tronc, il faut qu’elles fassent un angle aigu au collet des branches ; parce que si elles faisoient encore un angle obtus au collet des branches, elles s’étendroient trop. Mais quand elles ont fait un angle aigu au collet des racines, elles peuvent & doivent même en faire un obtus au collet des branches, pour avoir toute l’étendue qui leur convient. Cette raison ne satisfait pas ; car, en supposant même que ces fibres peuvent bien se plier, mais non pas s’étendre, on ne voit point comment une fibre, après avoir fait un angle obtus au collet des racines, n’en peut pas faire encore un au collet des branches sans s’étendre plus que si elle faisoit un angle aigu.

Toutes les plantes doivent être droites & à plomb pour se soutenir plus aisément, & pour porter leurs fruits ; aussi affectent-elles toujours la perpendiculaire. M. Dodard en recherche les causes dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1700. p. 47. Voyez Racine, Sève.

☞ On distingue les arbres en arbres sauvages, qui viennent naturellement dans les bois, dans les haies, &c. Arbores brutæ, & en arbres cultivés ou domestiques. Arbores cultæ : & encore en arbres forestiers, arbores sylvaticæ, & en arbres fruitiers, arbores pomiferæ, selon qu’ils sont d’espèce à faire la masse des forêts, ou à fournir des fruits bon à manger.

Arbres de haute futaie, ou de haut vent, grands arbres qu’on laisse parvenir à toute leur hauteur sans les abattre. Altæ, proceræque arbores.

Arbres de plein vent, de haut vent, de tige. Ce sont ceux qu’on laisse s’élever de toute leur hauteur, & qui sont éloignés les uns des autres dans les champs, les vignes & les vergers. Cette dénomination convient particulièrement aux arbres fruitiers qui s’élevent naturellement fort haut, & que l’on ne rabaisse point. Arbores justæ magnitudinis. Quæ ad justam magnitudinem excrescunt.

Arbres de demi vent, ou de demi tige. Sont ceux dont on borne la hauteur de la tige à trois ou quatre pieds.

Arbre nain, proprement dit, est celui qui est de petite taille. Le pommier de paradis est naturellement un pommier nain. Mais on donne aussi ce nom aux arbres dont on restreint la tige par la taille à quinze ou vingt pouces de hauteur. Arbor coactæbrevitatis.

☞ Si cet arbre est taillé dans la forme d’un verre à boire, on le nomme en buisson, on le vide en dedans, afin que leurs branches s’étendent sur les côtés, forment une boule ou buisson arrondi.

☞ S’il est taillé à plat, on le dit en éventail, utrinque planum in morem tonsa, & de ces derniers, les uns sont appuyés contre les murailles, & sont dits en espalier ; arbusculæ horti parietibus applicatæ.

☞ D’autres sont attachés à des treillages isolés, & sont dits en contre-espalier. Aligatæ palis.

☞ Les arbres de haute tige, sont ceux auxquels on forme une tige de cinq, six ou sept pieds de hauteur, & entre ceux-là, il y en a de plein vent, & en espalier.