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BAN

Banque, se dit aussi d’une caisse publique, tenue sous la direction des Magistrats, & dans laquelle l’argent des particuliers est en dépôt, pour le faire valoir à gros intérêt, ou pour le mettre en sûreté. La banque de Venise, de Hollande. La ville de Lyon a établi une banque pour prendre de l’argent à fonds perdu au denier huit & une tiers.

Banque d’emprunt. C’est une espèce de mont de piété établi à Amsterdam, où l’on prête de l’argent aux particuliers qui en ont besoin, moyennant qu’ils y déposent des gages pour la sûreté des sommes prêtées, & qu’ils en payent l’intérêt réglé à tant par mois par les Bourguemestres ou Echevins.

Banque, se dit aussi en plusieurs jeux, comme au Hocca, à la Bassete, du fonds de celui qui tient le jeu, pour payer ceux qui gagnent contre lui.

Banque, chez les Imprimeurs, se dit du payement qu’on fait du travail aux ouvriers de l’Imprimerie. Le joue de la banque est le samedi. On entend aussi par banque, la somme entière que chaque ouvrier reçoit. Encyc.

Banque, chez les Passementiers, est l’instrument propre à porter les rochers, ou bobines, pour ourdir. Il y en a de plusieurs sortes pour différens usages.

Banque, chez les Tabletiers, est une espèce de banc triangulaire, sur lequel l’ouvrier en peignes travaille à califourchon.

BANQUÉ. adj. m. Il se dit d’un vaisseau qui va à la pêche de la morue sur le grand banc de Terre neuve. Voyez Navire. On dit aussi qu’on est banqué, quand on est sur le grand banc, débanqué, quand on l’a quitté.

BANQUEREAU. s. m. Petit banc de mer. Il se dit principalement des petits bancs qui ne sont pas éloignés du grand banc où l’on pêche ma morue.

BANQUEROUTE. s. f. Faillite que font les Négocians qui manquent à payer leurs créanciers, par insolvabilité feinte ou véritable. On le dit dans un sens plus étendu, de l’abandon qu’un homme fait de tous ses biens à ses créanciers, faute de pouvoir les payer. Comme l’insolvabilité peut être vraie, ou feinte, on distingue deux sortes de banqueroutes ; banqueroute forcée, qui est causée par quelque accident, par des pertes qui ont rendu le débiteur insolvable. Argentariæ ob inopiam dissolutio. On l’appelle proprement faillite. Voyez ce mot.

Banqueroute volontaire, ou frauduleuse, est celle qui se fait avec fraude & maline, quand le banqueroutier s’enfuit & emporte le plus liquide de ses biens. On l’appelle simplement banqueroute. Creditorum per inopiæ speciem simulatam fraudatio. Beaucoup de Marchands s’enrichissent par des banqueroutes frauduleuses, en mettant leurs biens à couvert. Les banqueroutiers frauduleux encourent tout la rigueur des lois : elles prononcent la peine de mort contre eux, quand la fraude est bien justifiée, comme quand ils ont diverti leurs effets, supposé des créanciers, ou déclaré plus qu’il n’étoit dû aux véritables créanciers. Voyez l’Ordonnance de 1673.

Banqueroute, se dit dans une signification plus générale de tout abandon de biens que fait un homme devenu insolvable de quelque manière que ce soit. Il a fait tant de folles dépenses, il a essuyé tant de pertes, qu’il a été obligé de faire banqueroute.

☞ Dans le sens figuré, on le dit des manquemens de foi, de parole. Vous aviez promis d’être de notre partie, vous nous avez fait banqueroute.

☞ On dit aussi faire banqueroute à l’honneur, à son devoir, &c. Manquer à son honneur, à son devoir.

Iris n’a plus rien qui me touche :
J’au fait banqueroute à ses lois. Main.

Toute cela n’est bon que dans le style simple & familier.

Ce mot vient de l’italien banca rotta, banque rompue, ou plutôt banco rotto. Ce mot vient de ce que les Italiens autrefois faisoient le change en place publique, & qu’ils avoient des bancs où ils comptoient leur argent. Quand quelqu’un de ces Négocians avoit mal fait ses affaires, & qu’il ne revenoit plus à la place, on disoit que son ban étoit rompu, banco rotto ; d’où est venu en françois banqueroute, &c. & de-là banqueroutier, qui suit.

BANQUEROUTIER, IÈRE, s. m. & f. Marchand, ou Banquier qui fait banqueroute. Conturbator, creditorum fraudator. On condamnoit autrefois les banqueroutiers frauduleux au pilori & au gibet. On les condamne en quelques lieux à porter le bonnet vert, & à Luques à porter le bonnet orangé. L’Ordonnance de Henri IV, de l’an 1609, & celle de l’an 1673, ordonnent qu’ils soient poursuivis extraordinairement, & punis de mort ; ce qui a eu peu souvent son exécution. On appelle proprement banqueroutiers frauduleux, ceux qui divertissent leurs effets, ou qui les mettent à couvert sous des noms interposés par de fausses ventes, ou des transports simulés, ou qui font paroître de faux créanciers.

BANQUET. s. m. Festin, grand repas. Epulum, epulæ. Assuérus fit un fameux banquet à toute sa Cour, dont il est parlé au livre d’Esther. Plutarque a écrit du banquet des sept Sages. Suétone parle d’un banquet que le frere de Vitellius fit à cet Empereur, où on servit deux mille poissons différens, qui étoient tous rares. God.

Banquet. Terme de coutume, s’est dit autrefois d’un repas qu’un vassal étoit obligé de fournir à son Seigneur une ou deux fois l’année.

☞ On nomme banquet Royal un répas de cérémonie, où le Roi mange en public avec toute sa famille, & tous les princes & princesses du sang. Acad. Fr.

Ce mot vieillit, & on ne s’en sert plus que quand on parle ou du banquet de Platon, ou du banquet des Lapithes, ou dans certaines phrases particulières. Vaug. Rem. Il vient de l’allemand pancket, dont les Italiens ont fait banquetto, & les Espagnols banquette. Le P. Pezron croit que banquet est un mot celtique.

Banquet, se dit aussi en matière spirituelle. Sacrum epulum, sacra mensa. Tous les Chrétiens doivent participer au sacré banquet (la sainte Communion) au banquet céleste. Le banquet des Elus, le banquet de l’Agneau ; pour dire, la joie de la béatitude céleste.

Banquet, en termes de Manége, est la petite partie de la branche de la bride qui est au-dessus de l’œil, qui assemble les extrémités de l’embouchure avec la branche, & qui est cachée sous le chaperon ou fonceau.

BANQUETER. v. a. Faire un festin, faire grand’chère avec ses amis, epulum dare, epulum agere. Ch. Est. Dict. Ce mot vieillit, & n’a guère d’usage que dans le style familier.

Banqueter. v. n. Être en un banquet. epulari. Cet homme ne fait que banqueter.

BANQUETTE. s. m. Terme de fortifications. C’est un degré ou deux qui règnent tout le long des parapets, afin qu’on puisse tirer par-dessus, & faire feu dans le fossé, & sur les chemins couverts. C’est une petite élévation de pierre, de terre ou de gason. Cespes sedilis in morem ad loricam aggestus. La banquette doit avoir un pied & demi de haut, & trois pieds de large.

Banquette, se dit aussi d’un petit chemin relevé, ou d’une petite élévation au-dessus du niveau de la rue, pour servir de chemin commode aux gens de pied, comme il y en a à Paris au Pont-Neuf & au Pont-royal. Crepido. On appelle tablettes, les plus basses banquettes, qui ne sont élevées que d’un cours d’assise, & les assises de pierre de taille qui soutiennent les banquettes du côté du milieu du pont.

Banquette. Banc de peu de conséquence, qu’on met dans les antichambres, les vestibules & les galeries. Les banquettes sont quelquefois toutes nues, & quelquefois elles sont couvertes & garnies.

Banquette, en jardinage, se dit des palissades à hauteur d’appui ; elles servent dans les côtés des allées doubles, où étant ainsi ravalées, elles n’interrompent point le coup d’œil entre la tige & les arbres. On y laisse quelquefois d’espace en espace des boules échappées de la banquette même.

Banquette, en menuiserie, est une boisure qu’on pratique aux croisées.

Banquette, se dit aussi d’un morceau de bois servant à quelques ouvriers pour s’asseoir quand ils veulent travailler.