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BAN

BANQUIER. s. m. Négociant en argent, qui donne des lettres de change pour faire tenir de l’argent de place en place. Argentarius, Mensarius, Trapezira, Nummularius. Dans l’ancienne Rome il y avoit des banquiers, qui étoient des personnes publiques. C’étoit par leur ministère que se faisoient les dépôts, les changes, les ventes, les achats. Ils exerçoient la Charge de Notraire d’aujourd’hui. Comme l’usure étoit permise à Rome, ils faisoient profiter l’argent qu’on leur mettoit entre les mains, & en tiroient intérêt sans l’aliéner. Parmi nous la banque n’est permise que par nécessité, & pour faire tenir de l’argent d’un lieu à une autre, à cause des correspondances que les Banquiers ont dans les pays étrangers, ou dans les villes du Royaume. Cela se fait par le moyen des lettres de change qu’on tire de place en place, c’est-à-dire, d’une ville à l’autre. Les Banquiers, pour récompense de leurs soins, exigent une petite remise, qu’on appelle le change, qui est un quart, un tiers, ou un demi pour cent par mois, suivant le cours du change. Voyez les Ordonnances, & le Diction. de Droit.

Si l’on en croit de Rubis dans l’Hist. de Lyon, Liv. III, p. 289, des Guelphes & des Gibelins qui, au XIIIe siècle ne se croioient pas en sûreté, obtinrent, moyennant une grosse somme qu’ils payeroient au Roi, la permission de se retirer à Lyon, & par-tout ailleurs où bon leur sembleroit en France, & d’y lever train de banque ; & ce fut alors qu’il commença à y avoir des Banquiers à Lyon, qui y attirerent depuis le commerce des foirs. Le P. Menestrier, dans son Hist. Consul. de Lyon, semble en fixer l’époque plus haut ; car il montre, p. 92, que dès 1209, il y avoit de puissans Banquiers à Lyon & entr’autres Ponce de Chapponay.

Banquier expéditionnaire en Cour de Rome, est un Officier de nouvelle création, qui se charge de faire venir toutes les bulles, dispenses, & autres expéditions qui se font en Cour Romaine, & en la Légation d’Avignon, soit de la Chancellerie, soit de la Pénitencerie. Les Banquiers sont créés en titre d’Office formé & héréditaire, & dispersés dans toutes les villes où il y a Parlement, ou présidial. Edit du mois de Mars 1673. Ils ont pouvoir, à l’exclusion de tout autre, de solliciter & de faire venir des rescrits, signatures, &c. de la Cour de Rome ; & les Juges ne doivent point ajouter foi à ces expéditions, si elles ne sont vérifiées par les certificats des Banquiers. Voyez l’Ordonnance de 1667, le Diction. de Droit.

L’origine de ces Banquiers, comme celle des autres, vient de ce que les Guelphes du temps des guerres civiles d’Italie se réfugioient à Avignon, & dans le pays d’obédience ; & comme ils étoient favorisés des Papes, dont ils avoient soutenu le parti, ils se mêlerent de faire obtenir les grâces & les expéditions de la Cour de Rome, & s’appelerent Mercatores & Scanbiatores Domini Papæ, comme témoigne Matthieu Paris. On les appelle aujourd’hui institutores bullarum & negotiorum Imperii Romani. Bornier. Mais comme ils se rendirent odieux alors par de grosses usures, on les appela Carsius, ou Caorsius, du nom de Cahors ville de Querci, dont le Pape Jean XXII qui occupoit alors le S. Siége, étoit natif, à cause que de son temps ces usuriers étoient en leur plus haute élévation, comme tamoigne Adam Thevenau en ses Commentaires sur les Ordonnances, au titre des usures. Les Italiens en firent aussi pour eux le mot de scarci, qui signifie avare ; & ils eurent tant de haine pour cette ville, que le Poëte Dante dans son enfer, met au même rang Sodome & Cahors, & y place tous les scélérats & les usuriers. Les marques de cette haine pour cette ville, que le Poëte Dante dans son enfer, met au même rang Sodome & Cahors, & y place tous les scélérats & les usuriers. Les marques de cette haine ont duré long-temps en France ; & on a appelé en Chancellerie les Lettres Lombardes, les Lettres qui s’expédioient en faveur des Lombards & Italiens qui vouloient trafiquer, ou tenir banque en France, qui se taxoient au double des autres, en haine de ce qu’on appeloit alors tous Changeurs, Banquiers, Revendeurs & Usuriers, Lombards, de quelque nation qu’ils fussent ; & on les appelle encore ainsi en plusieurs lieux d’Allemagne & de Flandre même. La place du Change & la friperie d’Amsterdam s’appellent Places Lombardes. Ce nom de Caorsin a été aussi donné à tous les Banquiers & Usuriers, qu’on a appelés en plusieurs titres latins Caorcini, Caturcini, Coursici, Corsini. Voyez Caorsin.

Banquier, se dit aussi en de certains jeux, comme au Hocca, à la Bassette, de celui qui tient le jeu & l’argent, & qui a le fonds devant lui pour payer ceux qui gagnent. Tous les Pontes conspirent contre le Banquier.

☞ BANS. s. m. pl. Terme de Chasse. Nom qu’on donne aux lits des chiens.

Bans, Banni, étoient anciennement des Gouverneurs de province qui relevoient de la Couronne de Hongrie, comme ceux de Dalmatie, de Servie, & ce nom est encore en usage parmi les Turcs, qui mettent les Bans au même rang que les Beglerbeis, leur donnant, comme à ceux-ci, des provinces & des royaumes entiers à gouverner.

☞ On n’établissoit pour Bans dans les provinces qui relevoient de la Hongrie, que des freres ou fils de Roi, tant cette dignité étoit considérable.

☞ On croit que ce nom de Bans, vient du mot band, bando, ou banno, dont on se servoit dans la moyenne latinité, pour signifier un étendart, une bannière ; parce que ceux des provinces, dont ils étoient Bans ou Gouverneurs, étoient obligés d’aller à la guerre sous l’étendard de ces mêmes Bans.

☞ Le Viceregent, ou le Lieutenant-Général du Ban, ou Gouverneur, s’appeloit Vicebanus, & la dignité de Ban, s’appelle le Bannat, ou Banat ; pour dire, un Comté, un Gouvernement, une Principauté.

BANSE. s. f. Grande manne carrée, longue & profonde, faite de menus morceaux de bois entrelacés, ordinairement de châtaignier, qui sert à transporter plusieurs sortes de marchandises, particulièrement des chauderons & autres ouvrages de chaderonnerie.

BANTAM. Bantanum. Ville des Indes Orientales, dans l’île de Java, qui est une de celles de la Sonde. Bantam est capitale d’un Royaume qui porte le même nom. Le Roi de Bantam est allié des Hollandois, qui ont Batavia à dix ou douze lieues de Bantam. Maty.

BANTAMOIS, OISE. s. m. é f. Qui est de la ville ou du Royaume de Bantam. Le Roi de Bantam hérite de tous ceux de ses sujets, qui en mourant laissent des enfans mineurs, ce qui oblige les Bantamois à marier leurs enfans dès l’âge de huit ans.

BANVIN. s. m. Terme de Coutume. Est un privilége, ou droit qui donne pouvoir aux Seigneurs de vendre le vin de leur crû durant le temps porté par les coutumes, ou par leurs titres, à l’exclusion de tous autres demeurans en la Paroisse. Jus quod Domino competit, ut vinum fundo in suo natum apud se divendat. Les titres de banvin doivent être établis auparavant le premier d’Avril de l’an 1560. Le vin doit être vendu dans la maison Seigneuriale, & n’ont point emmené ailleurs. Ce droit s’est étendu aussi aux autres liqueurs & même à la chair. Thibaud II, Comte de Champagne, avoit accordé aux Religieux de Nanteuil-le-Haudouin, pendant tout le mois d’Août le droit de banvin, qui leur fut ôté par Thibaud IV, l’un de ses descendans. Hist. de l’Eg. de Meaux, Tom. I. pag. 121.

☞ BANZA. Ville d’Afrique, au royaume de Congo, dont elle est capitale.

BAO.

BAOABAS, ou plutôt BAHOBAB. s. m. C’est un fruit d’Afrique, dont Prosper Alpin donne la description suivante. Il est de la grosseur d’un limon ; il ressemble à une courge, & renferme ses semences noires, dures, dont les extrémités, forment un demi arc. Sa pulpe est semblable à celle de la courge ; & lorsqu’elle est récente, elle est humide, rouge, & d’un goût acide fort agréable. Ce fruit est savoureux. Il rafraichit & désaltère beaucoup. On l’emploie en Ethiopie contre