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BAQ — BAR

Fonts baptismaux dans chaque baptistère, parce qu’on baptisoit plusieurs personnes à la fois, & même plusieurs autels, parce qu’on donnoit autrefois la communion immédiatement après le Baptême. Dans les commencemens les baptistères n’étoient que dans les grandes villes où résidoient les Evêques, parce qu’il n’y avoit qu’eux qui eussent droit de Baptiser. Il n’y en avoit même qu’un qui étoit dans l’Eglise Cathédrale : néanmoins Joseph Vicecomes prétend qu’il y a eu dès le commencement dans Rome plusieurs baptistères, & que presque chaque Paroisse avoit le sien : ce qu’il regarde comme un privilége particulier à cette grande ville. A la campagne, les Paroisses d’un Diocèse étoient divisés en Doyennés, c’étoit ainsi qu’on appeloit un certain nombre de Paroisses qui étoient sous la direction d’un Archiprêtre ; & il n’y avoit des Fonts baptismaux que dans une des Eglises de chaque Doyenné. On appeloit en latin cette Eglise Plebs, & celui qui la desservoit s’appeloit Doyen de la Chrétienté, Decanus Christianitatis, parce que c’étoit dans son Eglise que l’on conféroit le Sacrement qui nous fait Chrétiens.Voyez le P. Thomassin. Dans la suite des temps, pour administrer plus facilement le Baptême, les Evêques accorderent aux Paroisses le droit d’avoir des Fonts baptimaux. Ce droit étoit réservé aux seules Paroisses ; & s’il se trouve des Monastères avec des Fonts baptismaux, c’est qu’ils jouissent des Eglises baptismales de quelques lieux. Les Evêques accordoient quelquefois aux Moines ces Eglises, à condition qu’ils auroient avec eux un Prêtre séculier qui prendroit le soin du peuple. Ils trouvoient ensuite le moyen d’éloigner le Prêtre, & par-là ils étoient les maîtres de l’Eglise, qui devenoit un Monastère, auquel les Fonts baptismaux étoient toujours attachés. On trouve des exemples de cela dans les Cartulaires.

Le mot de Baptême & ses dérivés viennent du grec βάπτιζειν, immergere, plonger dans l’eau.

BAPTOYER. v. a. Vieux mot. Baptiser.

BAQ.

☞ BAQUET. s. m. Quelques-uns écrivent BACQUET. Cuvier dont les bords sont plus bas. On le fait quelquefois d’une futaille sciée en deux. Cupa minor, labrum minus, labellum. Les Taverniers donnent souvent du vin du baquet, qui est éventé. Les Marchands de poisson ont besoin de baquets pour mettre leurs carpes, & pour les conserver en vie. Les Maçons, les Brasseurs, &c. se servent de baquets.

Baquet, en termes de Jardinage, est un vaisseau de bois rond, carré, ou oblong, rempli de terre, dans lequel un Jardinier seme quelques graines particulières. La Quint. Lig. Les plus ordinaires sont ronds, & sont proprement la moitié d’un muid ou d’un demi muid scié en deux, ou fait exprès par le Tonnelier. La Quint. Ce baquet sera propre pour y semer des gérofflées. Lig.

Baquet. Terme de Carrier. Les Carriers appellent baquet, ce qu’on nomme plus ordinairement un bouriquet ; c’est-à-dire, une civière sans bras, qui sert à tirer le moellon & les autres échantillons de pierres, qui ne se peuvent pas brider avec le cable.

Ce mot est diminutif de bac. Quelques-uns le dérivent de aquarium, comme étant un vaisseau à recevoir de l’eau.

Baquet d’Imprimerie. C’est une pierre creusée qui sert pour laver les formes.

Baquet de Marbreur de Papier. C’est une boîte carrée, sans couvercle, dans laquelle est l’eau gommée, sur laquelle on répand les couleurs qui font la marbrure.

Baquet chez les Chaudronniers. Ils donnent ce nom à tous les vaisseaux de cuivre qui ne sont qu’ébauchés.

BAQUETER. v. a. Exhaurire aquam. Terme de Jardinier. C’est ôter de l’eau avec une pêle, ou une écope. La Quint. Baqueter de l’eau.

☞ BAQUETÉ, ÉE. part.

BAQUETURES. s. m. pl. Terme de Cabaretier. C’est le vin qui tombe dans le baquet, lorsque le Cabaretier emplit des bouteilles ou autres vaisseaux sous le tonneau. Les Cabaretiers disent qu’ils vendent leurs baquetures aux Vinaigriers ; c’est au moins ce qu’ils devroient faire.

☞ BAQUEVILLE. Petite ville de France, en Normandie, sur la vienne, à trois lieues de Dieppe.

BAQUIER. s. m. Coton de très-médiocre qualité, dont il se fait quelque négoce à Smyrne. Il ne s’y en débite année commune que 4 ou 5 quintaux, qui se vendent depuis 8 jusqu’à dix piastres le quintal.

BAR.

BAR. s. m. Civière renfoncée qu’on porte à deux, à quatre, à six hommes, qui sert dans les ateliers à transporter des pierres, du moilon, & autres matériaux nécessaires aux ouvriers. Crates brachiata. On s’en servoit aussi autrefois sur les ports pour décharger les bateaux de bois, & autres marchandises ; d’où vient qu’on appelle aujourd’hui ceux qu’on y emploie, des bardeurs ; & on en use aussi dans les basse-cours pour transporter du fumier. Quand on se sert d’un bar pour porter des pierres taillées, on met des nattes sur le bar, & alors on dit qu’un bar est armé de ses torches de nattes.

Dans la Vie de S. Bernardin de Sienne, Acta SS. Maii. T. V, p. 285. A, on trouve bara synonyme de capsa, & pour signifier une chaise, ou une espèce de litière, dans laquelle un malade est porté par un cheval.

BAR. s. m. Nom d’un poisson de mer. Barbus ou Mulus. Le bar est un très-bon poisson, long de deux à trois pieds. Les Sauvages de l’Acadie le prennent avec une épée emmanchée à un bâton d’environ 7 pieds de long, qu’ils dardent sur le poisson lorsqu’ils l’apperçoivent, & en une heure ils en chargent un canot, qui est environ de ceux cens de ces poissons. Denys, P. I. c. 5. Le bar est le poisson qu’on appelle le maigre à la rochelle ; on en fait une grande consommation tous les printemps en Acadie.

Bar, en termes de Blason, signifie proprement un barbeau, barbus. C’est un poisson qu’on met souvent dans les Armoiries, ordinairement courbé & adossé, comme en celles du duché de Bar. Barbi gemini obver sis dorsis picti.

Bar, nom de plusieurs Villes. Il y a Bar-sur-Aube, Barium ad Albulam, ville de, Champagne en France. Bar-sur-Seine, Barium as Sequanam, petite ville du duché de Bourgogne. Bar-le-Duc, ville capitale d’un petit pays entre la Lorraine & la Champagne. Frédéric I. Comte & puis Duc de la haute Lorraine, appelée Mosellane, fit bâtir Bar-le-Duc en 951 pour arrêter les courses que faisoient les Champenois dans son pays. C’est pour cela qu’il lui donna le nom de Bar, qui signifioit, barrière. On l’appelle en latin Barro Ducum, ou Barium Ducis.

Duché de Bar. Pays de France. Barensis Ducatus. Le duché de Bar a la Lorraine au levant, & la Champagne au couchant. Le duché de Bar est un fief mouvant de la Couronne, qui faisoit partie des Etats du Duc de Lorraine. On l’appelle aussi le Barrois ; mais on le distingue du Barrois François qui est plus au nord, & dont les principales villes sont Longvie, Stenay, Jamets, &c.

Bar. Petite rivière de France, en champagne, dans le Rethelois, qui prend sa source au près d’un village qui lui donne son nom, & se jette dans la Meuse auprès de Doncheri.

Bar. Petite ville de Pologne. Barum, Barium. Elle est dans l’Ukraine, ou, selon quelques autres, dans la Podolie, sur une petite rivière nommée Kou.

Bar. Voyez Barra.

Bar, selon quelques Auteurs, est un ancien mot gaulois, qui signifie Port. Leur raison est que Barbehel, ou Barbeau, est appellé en latin Portus sacer ; & ils ajoutent que les ports étoient peut-être ainsi appelés des barres dont on les fermoit.

☞ BARABINSI, BARABINSKI, & BARABINSKOI