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BAP

sacrés le symbole des afflictions & des peines, & s’emploient métaphoriquement en ce sens, à peu-près comme orage, tempête, flots, inondation, abyme, dans notre langue ; témoin ces endroits des Pseaumes. Assumpsit me de aquis multis ; eripuit me de inimicis meis fortissimis, que M. Coquelon a fort bien traduit. Il m’a tiré du milieu de tous ces orages ; il m’a délivré de mes ennemis, dont la puissance étoit redoutable ; & au Pseaume LXVIII, 1, 2. Salvum me fac, Domine, quoniam intraverunt aquæ usque ad animam meam ; infixus sum in limo profundi… Veni in altutudinem maris, &c. Sauvez-moi, Seigneur, parce que les eaux sont entrées jusqu’à mon ame, je suis plongé dans la vase… Je suis abymé dans la profondeur d’une vaste mer ; & mille autres pareils. Voyez ce qui a été dit au mot Baptême.

Baptiser, se dit figurément & abusivement en ces phrases : baptiser son vin ; pour dire, mettre beaucoup d’eau dedant ; vinum aquâ diluere. Baptiser quelqu’un dans la rue, se dit en parlant de ceux sur qui on a jeté de l’eau imprudemment par les fenêtres ; aliquem gelidâ aquâ perfundere. On dit aussi, qu’on baptise quelqu’un, quand on lui donne quelque sobriquet. Ludicrum agnomen indere. En tous ces sens le mot de baptiser est burlesque.

Tout beau l’Ami, ceci passe sottise,
Me direz-vous ; & ta plume baptise
De noms trop doux gens de tel accabit. R.

En termes de Palais, on dit baptiser possession contraire ; pour dire, soutenir chacun de son côté qu’on est en possession. On disoit aussi autrefois, baptiser son appel ; pour dire, en déclarer les griefs apparens, & par-devant quels Juges on prétendoit les relever. Car autrefois le mot de baptiser ne signifioit autre chose que énoncer, déclarer, comme on voit dans Masuet, Joannes Galli, & autres vieux Praticiens.

BAPTISÉ, ÉE, part. Sacro Baptismi fonte tinctus. Celui qui croira, & sera baptisée, entrera dans le Royaume des cieux.

BAPTISMAL, ALE, adj. Prononcez ce mot comme il est écrit, qui appartient au Baptême. Les Fonts baptismaux sont la marque d’une Eglise Paroissiale. Sacer Baptismi fons. Une Eglise baptismale est celle où il y a des Fonts baptismaux, & où l’on administre de droit le Sacrement de Baptême. Le Canon 48, du Concile de Meaux tenu en 845, ordonne que les Prêtres ne baptiseront que dans les Eglises baptismales, & aux temps réglés, hors le cas de nécessité. Hist. de l’Egl. de Meaux, Tom. I, p. 83.

☞ On appeloit robe baptismale, une robe blanche que portoit autrefois pendant huit jours celui qui avoit reçu le Baptême.

☞ L’innocence baptismale est celle d’un homme qui a reçu le Baptême, par lequel tous les péchés ont été effacés. Il a gardé l’innocence baptismale. Gratia in Baptismo suscepta.

☞ Eau baptismale, celle avec laquelle on baptise.

BAPTISTE. s. m. Baptista. Le p ne se prononce pas. Qui baptise. C’est un surnom que l’Evangile donne à S. Jean, fils de Zacharie & d’Elisabeth, & précurseur de Jésus-Christ, parce qu’il prêchoit le Baptême de la pénitence, & baptisoit ceux qui venoient à lui. En ce temps-là parut Jean Baptiste, qui prêchoit dans le désert de Judée. Bouh. Matth. III ; 1. Souvent on appelle simplement Baptiste, un enfant qui a reçu au Baptême le nom de S. Jean Baptiste, retranchant le nom de Saint Jean dans l’usage ordinaire & domestique.

BAPTISTÈRE. adj. & subst. Prononcez Baptistère. Registre des Baptêmes. Eorum qui sacro Baptismi fonte tincti sunt index. L’Ordonnance de 1667, veut qu’on garde dans les Sacristies, & qu’on porte ensuite dans les Greffes des Justices, les Registres baptistères qui contiennent le nom de ceux qu’on baptise, & le jour qu’on leur a conféré le Baptême. Ils doivent être signés du pere, s’il est présent, & du parrain & de la marraine. Les majorités se prouvent par les extraits baptistères. Les Romains, pour justifier l’extraction, & conserver la suite des familles, avoient aussi des actes publics, où les peres faisoient enregistrer la naissance de leurs enfans. Servius Tullius institua le premier cet ordre, & Auguste le renouvela.

Baptistère, étoit anciennement une petite Eglise auprès d’une plus grande, où l’on administroit le Baptême, comme le baptistère de Constantin proche de S. Jean de Latran à Rome. Baptisterium. On donnoit le même nom à une Chapelle, qui dans une grande Eglise servoit au même usage. Les baptistères avoient autrefois l’image de S. Jean Baptiste. Fleur. Le baptistère devoit être autrefois de forme ronde. Le baptistère de Constantin étoit magnifique. Durand, dans sont traité des Rits, en donne la description qui suit, qu’il a tirée des Auteurs Ecclesiastiques & des Historiens. Ce baptistère étoit incrusté de Porphyre en dedans & en dehors : le bassin étoit d’argent ; au milieu du baptistère il y avoit une colonne de porphyre, sur laquelle étoit une phiole d’or du poids de cinquante livres, pleine de baume. Sur le bord du bassin on voyoit une figure d’agneau d’or, par où on faisoit couler l’eau dans le bassin : à côté de l’agneau il y avoit une figure de Jésus-Christ, du poids de cent soixante & dix livres ; & au côté gauche, une figure de Saint Jean-Baptiste aussi d’argent, du poids de cent livres, & tout autour du bassin sept figures de cerfs d’argent, chacune du poids de quatre-vingt livres, qui servoient à fournir de l’eau au bassin. Enfin, c’étoit autrefois la coutume de suspendre au-dessus du bassin des figures de colombes d’or, ou d’argent, pour représenter le Saint-Esprit.

Le baptistère a toujours été regardé comme un lieu sacré. On trouve dans l’Ordre Romain les cérémonies de la consécration du baptistère. Le baptistère, pris pour une Eglise, ou une Chapelle où étoient les Fonts baptismaux, est quelquefois appelé par les anciens Auteurs qui ont écrit sur les Liturgies, Salle du Baptême, aula Baptismatis : cette Salle, ou cette Chapelle étoit fermée durant le Carême, & la porte en étoit scellée du sceau de l’Evêque ; & on ne l’ouvroit que le Jeudi Saint. On employoit autrefois le chrême pour la bénédiction ou la consécration du Baptistère, soit qu’on entende par ce mot la Chapelle où étoient les Fonts baptismaux, soit qu’on entende le bassin qui étoit dans la Chapelle. voyez Habert.

Le baptistère étoit à l’entrée de l’Eglise, comme l’a prouvé de Hauteserre dans ses Notes sur Grégoire de Tours, p. 69, & sur Anastase, p. 27. Dans les baptistères il y avoit aussi des oratoires ; c’est-à-dire, des autels, selon la remarque du même Auteur sur Anastase, p. 43. Les baptistères n’ont commencé que sous Constantin, lorsque l’on commença à bâtir & à dédier publiquement des Eglises. Auparavant on conduisoit les Catéchumènes à la rivière la plus voisine, & on les y baptisoit.

Baptistère, s’est pris aussi par les Auteurs payens pour la cuvette dans laquelle on prend le bain. Pline le jeune l’emploi en ce sens, Liv. II, épître 8, & ailleurs.

Baptistère, se prend encore au particulier pour les Fonts baptismaux, qui étoient autrefois une espèce de piscine où l’on plongeoit le Catéchumène. Martyrius d’Antioche ordonna que la ville de la fête de l’Epiphanie on rempliroit d’eau les baptistères. Godeau.

Baptistère, se prend encore quelquefois pour le Rituel où les cérémonies du Baptême sont marquées, & pour l’eau dont on se sert pour baptiser. Voyez le Sacramentaire de S. Grégoire, Burchard, &c. Il se prend aussi pour le Baptême même, & pour les offrandes que les fideles font aux Prêtres qui ont conféré le Baptême.

Baptistère vient du mot grec βαπτιστήριον. Il signifie en général le lieu où l’on baptise, ensorte qu’il se prend quelquefois pour les fonts baptismaux. La figure tant du baptistère, que des Fonts baptismaux, étoit ordinairement d’une forme ronde. M. Du Cange, dans son Glossaire, a remarqué, que dans florence, vis-à-vis de la grande Eglise, il y a un baptistère de forme ronde, dédié à S. Jean-Baptiste. On trouve dans quelques vieux manuscrits grecs des figures de Fonts baptismaux qui sont aussi d’une figure ronde. Et il y avoit plusieurs