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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/851

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BEC

On dit, une canne à bec de corbin. On appelle aussi bec de corbin la canne même toute montée, où il y a une pomme de cette espèce.

Bec de Corbin. Instrument dont on se sert dans les sucreries. Il est de cuivre avec une poignée, ou de même métal, ou de fer. Il sert à prendre le sucre au sortir des rafraîchissoirs pour le mettre dans les formes.

Bec de Corbin. Espèce de crochet de bois, qui fait partie de l’arçon des Chapeliers, & qui par un bout soutient la corde à boyau qui sert à faire voguer l’étoffe.

Bec de Corbin. Terme de jardinage. C’est une figure qui entre dans la composition des parterres de broderie.

Bec Courbé. s. m. C’est un oiseau qui n’est point connu en France, assez commun en Italie, surtout aux environs de Ferrare, & particulièrement vers le lac de Verbanne. Les Italiens l’appellent Arroseta, ou Becco storto. Il est aquatique, & a les pieds plats. Ses pieds sont d’une couleur bleuâtre, fort claire & lavée aussi bien que ses jambes, qui sont hautes. Ses doigts sont joints par des membrannes. Tout le dessous du corps est blanc : son bec est noir & élevé en haut, aigu à l’extrémité, & long de cinq doigts. Le devant de son corps est alternativement partagé de blanc & de noir. Sa tête est d’un brun tirant sur le noir. Il a une ligne blanche qui traverse les ailes, qui sont pareillement brunes. Tout son corps est à peu près de la longueur d’une colombe, excepté qu’il est plus menu.

Bec de Grue, ou de Cigogne. Geranium, de γέρανος, mot grec, qui signifie Grue. Plante ainsi appelée à cause que les fruits ont quelque ressemblance avec le bec d’une Grue. Ce genre de plante a un très-grand nombre d’espèces différentes. & l’Afrique paroît être plus féconde en Geranium que toutes les autres parties du monde. On en a apporté plusieurs espèces, dont quelques-unes croissent en arbrisseau. Parmi celles d’Europe, il y en a certaines dont les feuilles ont une odeur de musc ; & dans le nombre de celles des Indes, il s’en trouve certaines, dont les fleurs ne sentent presque rien pendant le jour, & répandent le soir & dans la nuit une odeur très-douce & très-suave. Plusieurs des unes & des autres ont leurs feuilles arrondies & déchiquetées ; le nombre de celles qui ont leurs feuilles entières est très-petit. A l’égard de leurs fleurs, elles sont constamment composées de plusieurs pétales disposés en lobes autour du pistil, qui devient un fruit en aiguille, dont le noyau est à cinq rainures dans sa longueur, dans chacune desquelles est assemblée une capsule oblongue, terminée par une longue queue, renfermant une semence, rarement deux. Ces capsules se détachent ordinairement de la base du fruit vers la pointe, & se roulent en demi cercle : la queue dans quelques espèces se tortille en tire-bourre, dans d’autres cette même queue est velue comme la barbe d’une plume.

Ce que nous nommons Herbe à Robert, herba Roberti, Geranium Robertianum, est une espèce de bec de Grue fort commune à la campagne : elle naît auprès des masures & dans les bois. Sa racine est menue, de couleur de buis, & donne quelques feuilles approchantes en quelque façon de celles de la matricaire, mais plus velues, plus menues, plus petites, & d’une odeur de panais, & portées sur des queues assez longues. D’entre les feuilles s’élève une tige noueuse, velue, branchue, haute d’un pied ou d’un pied & demi, & garnie de feuilles pareilles aux premières. Ses fleurs sont à cinq pétales, purpurines, rayées, petites, soutenues par un calice à cinq découpures. Les sommets des étamines de ses fleurs sont jaunes de safran. Ses fleurs sont portées sur des pédicules longs de plus d’un pouce. Le fruit est en aiguille, de même que dans les autres espèces. L’herbe à Robert est quelquefois toute verte, quelquefois entièrement lavée de pourpre. Elle est vulnéraire, un peu astringente. Elle arrête les flux de sang, elle soulage les goutteux : appliquée extérieurement elle est recommandée pour les cancers, & pour les autres maladies des mamelles. On en fait cas pour les écrouelles.

Le Bec de Grue ordinaire, Geranium folio Malvæ rotundo. C. B. est une plante assez basse, dont les racines sont menues, blanchâtres, & qui donne des feuilles velues arrondies, semblables à celles de la mauve, plus petites & découpées en plusieurs lobes. Ses tiges sont branchues, & poussent quelques pédicules qui soutiennent de petites fleurs purpurines, au nombre de deux sur le même pédicule, & auxquelles succèdent de petits fruits oblongs, en manière de bec de grue.

Bec de Grue courbé, est aussi un instrument de Chirurgie fait en forme de pincettes courbées, & dentelées par le bout, pour tirer des esquilles d’os fracturés, des balles, &c.

Gros bec d’Inde hupé. Coccetraustes Indicus cristanus. Cet oiseau imite parfaitement bien la voix des autres oiseaux, principalement du rossignol. Il mange du millet, du pignon, & d’autres espèces de fruits semblables. Lorsqu’il se voit dans un miroir, il semble par les mouvemens qu’il se donne & par les cris qu’il fait, qu’il se désespère, abattant sa crête, dressant sa queue comme les paons, battant des ailes, & donnant de grands coups de bec contre le miroir. Il est d’un tempérament très-chaud : c’est pourquoi il se baigne souvent. Il a sur la tête une huppe de figure triangulaire, de couleur d’écarlate. Son cou, sa poitrine & son ventre sont éclatans : les extrémités de ses ailes ne sont pas d’une couleur de pourpre si éclatante, non plus que la queue, qui est fort longue à proportion du corps. Ses jambes sont courtes & blanchâtres ; ses ongles robustes, & un peu courbés. La longueur de tout l’oiseau est de deux palmes.

☞ On voit aussi en Italie, en France & en Allemagne un oiseau nommé gros-bec, à cause de la grosseur de son bec relativement à celle du corps. Ces oiseaux restent en été dans les bois & sur les montagnes : en hiver ils descendent dans les plaines. Ils vivent pour l’ordinaire de semence de chénevi. Ils mangent aussi les boutons des arbres.

Bec de Lézard, est une espèce de tire-balles, qui sont des pincettes aplaties.

Bec de Lièvre, s. m. Terme de Chirurgie. Labii superioris fissura. Labium leporinum. On appelle bec de lièvre une difformité, ou une plaie, où la lèvre supérieure est fendue comme celle des lièvres. Le bec de lièvre vient ou naturellement, lorsqu’on apporte cette difformité en naissant, ou par accident, comme par un coup, par une chute. On ne guérit les plaies aux lèvres, qu’on appelle bec de lièvre, que par la suture, à cause du mouvement que les lèvres font nécessairement quand on parle, ou qu’on prend de la nourriture. Ce mot se dit & de cette maladie ou indisposition, & de celui qui a la lèvre d’en haut ainsi fendue.

Bec de Perroquet, est une tenaille qui ressemble au bec d’un Perroquet, dont on se sert dans les fractures du crâne pour tirer quelque pièce d’os qui presse ou qui pique les membranes du cerveau.

Toutes ces expressions qui sont fondées sur le rapport & la ressemblance qu’ont les différens instrumens dont nous avons parlé avec le bec d’un oiseau, doivent se rendre en latin par l’adjectif Rostratus, qu’il faut joindre avec les substantifs auxquels ils se rapportent.

Quelques lieux particuliers ont pris le nom de bec, comme Caudebec, Bolbec dans le pays de Caux. Et ordinairement en ces lieux-là, il y a une jonction de deux rivières ou ruisseaux ; ce qu’on appelle confluent ; ou du moins quelque ruisseau, ou torrent. C’est de-là que sont venus les noms de l’Abbaye du Bec, de Caudebec, d’Orbec, de Robec, selon Icquez, qui remarque que les Normands, ou peuple du Nord, ont porté en Neustrie chez les François le mot bek, qui veut dire, ruisseau, torrent. Les Islandois & les Norvégiens ont le même mot, auquel ils ajoutent la terminaison propre de leur langue beckur qui veut dire la même chose que bek. Sur la célèbre Abbaye du Bec, Voyez la Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 277, & suiv.

BECABUNCA. s. m. Voyez Beccabunga.

BÉCAFIGUE. s. m. Becfigue est plus doux & plus usité. On dit aussi Beccafi par apocope, ou par abréviation, & au pluriel Beccafis. Petit oiseau très-déli-