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bibliothèque du Roi. On remarquera en général que les Meilleures bibles hébraïques imprimées sont celles dont les Juifs ont pris le soin ; car il y a tant de minuties à observer dans l’impression de ces bibles, qu’il est difficile que des Chrétiens y réussissent, & toutes sortes de Juifs même n’y l’ont pas propres. Il faut qu’ils aient une connoissance exacte de la Massore, qui est une espèce de critique du texte hébreu de la bible.

Daniel Bombergue a imprimé à Venise au commencement du seizième siècle plusieurs bibles hébraïques in-4° & in-folio, qui la plupart ont été estimées par les Juifs & par les Chrétiens. La meilleure est celle qu’il publia in-folio en 1526, avec la Massore & avec les Commentaires de plusieurs Rabbins. Il y a à la tête de cette édition une préface en hébreu de R. Jacob Benchajim : on la nomme ordinairement la seconde édition pour la distinguer d’une autre édition in-folio peu exacte, que le même Bombergue avoit publiée en 1517 avec les commentaires des Rabbins. Elle s’appelle communément la bible de Félix Pratensis, du nom de celui qui en a pris le soin, & de qui Bombergue avoit appris la langue hébraïque. Elias Lévita & les autres Juifs n’estiment point cette édition.

Le même Bombergue publia en 1548 une seconde édition de la bible hébraïque in-folio de R. Jacob Benchajim, qui est la plus parfaite & la plus exacte de toutes. On la distingue de la première du même Rabbin par le commentaire de R. David Kimchi sur les Paralipomènes, qui n’est point dans les éditions précédentes. Cette édition est la troisième de celle de Bombergue in-folio, & on la nomme néanmoins quelque fois la seconde, par rapport à la première de R. Jacob Benchajim.

C’est sur cette édition, que Buxtorf le pere a fait imprimer la bible hébraïque des Rabbins, à Bâle en 1618 ; mais il s’y rencontre plusieurs fautes, principalement dans les commentaires des Rabbins où ce savant homme a corrigé quelques endroits qui étoient contre les Chrétiens. Il parut en la même année à Venise une nouvelle édition de la bible des Rabbins, dont l’Auteur est Léon de Modène, Rabbin de la même ville, qui prétend avoir corrigé un grand nombre de fautes qui étoient dans les éditions précédentes ; mais outre qu’elle est fort inférieure aux autres bibles hébraïques de Venise in-folio, pour ce qui est des caractères & du papier, elle a passé par les mains des Inquisiteurs, qui ont fait retoucher en quelques endroits les commentaires des Rabbins.

Pour ce qui est des bibles hébraïques in-quarto, on estime celle de Robert Etienne, à cause de la beauté des caractères ; mais elle n’est pas exacte. Plantin a aussi imprimé plusieurs bibles hébraïques à Anvers, en fort beaux caractères, semblables à ceux de Bombergue. La meilleure de ses éditions est celle in-quarto, de 1566. Menassé Ben-Israël, savant Juif Portugais, a publié deux éditions de la bible hébraïque à Amsterdam, une in-quarto, & l’autre in-octavo. La première qui est de 1635, est la meilleure : elle est à deux colonnes, & par conséquent commode pour la lecture.

R. Jacob Lombroso a publié une nouvelle édition de la bible in-quarto, à Venise, en 1634, avec de petites notes littérales au bas de chaque page. Il y explique les mots hébreux difficiles par d’autres mots Espagnols. Cette bible est fort estimée par les Juifs du rit espagnol, qui sont à Constantinople. On y a marqué d’une petite étoille dans le texte, les endroits où il faut lire le point cames par un cames hatouph, c’est-à-dire, par un o & non pas par un a.

De toutes les éditions de la bible hébraïque in-8° les plus belles & le plus exactes sont les deux de Joseph Athia, Juif d’Amsterdam. La première, qui est de meilleur papier, & de 1661, est moins exacte que la seconde qui est de 1667, de que l’on préfère à l’autre ; mais celle qui en a été faite à Amsterdam, en 1705, par les soins de Vander Hoog, vaut encore mieux. Il y a une Préface de l’Editeur qui est utile.

Depuis Athia, trois Hébraïsans Protestans ont travaillé à la révision & à l’édition de la bible hébraïque, Clodius, Jablonski, & Opitius. L’édition de Clodius, faite à Franc-fort, en 1677, in-quarto, contient au bas des pages des variantes, tirées des éditions précédentes. L’Auteur ne savoit point assez l’art des accens, surtout dans les livres poëtiques. D’ailleurs, comme l’édition ne s’est point faite sous ses yeux, il s’y est glissé beaucoup de fautes d’impression.

Celle de Jablonski, à Berlin, en 1699, in-quarto, est fort belle pour le caractère hébreu & le papier ; mais quoiqu’il dise qu’il a profité de celle d’Athia &c de Clodius, quelques Critiques trouvent qu’elle n’est presque point différente de celle de Bombergue, in-quarto. Jablonski y a joint une Préface utile & savante en son genre.

Celle d’Opitius est aussi in-quarto, à Kiel, en 1709 : le caractère est gros & assez bon, mais le papier est mauvais. Elle est faite avec beaucoup de soin, mais on n’a consulté que les manuscrits des bibliothèques d’Allemagne. Ceux de France fourniroient de meilleurs secours, & en plus grande abondance, mais aucune de ces éditions ne les a eus.

Au reste, elles ont cela de commode, qu’avec les divisions des Juifs, tant générales que particulières, en paraches & en pesuchim, on y a joint celles des Chrétiens, ou des Bibles latines, en chapitres & en versets ; des sommaires latins aux marges, les Keriketib, ou variantes hébraïques, &c. Ce qui est d’une très-grande utilité par rapport à nos éditions latines, & aux concordances de la Bible.

On estime beaucoup la petite Bible hébraïque de Robert Etienne, in-seize, à cause de la beauté des caractères. Il faut néanmoins prendre garde qu’il y en a une édition tout-à-fait semblable qui est de Genève ; mais qui est fort inférieure, soit pour l’impression, soit pour la correction du texte.

Outre toutes ces Bibles hébraïques, il y en a quelques éditions sans points voyelles, in-octavo & in-vingt-quatre. Ces éditions sont recherchées par les Juifs ; ce n’est pas qu’ils les croient plus exactes que les autres ; mais parce qu’elles sont plus commodes, & qu’ils s’en servent dans les Synagogues & dans les écoles. Il y en a deux éditions fort belles de Plantin, dont l’une est in-octavo, à deux colomnes, & l’autre in-vingt-quatre, que Raphélengue a réimprimée à Leyde, en 1610. Il y en a aussi une édition de Henri Laurens, à Amsterdam en 1631, qui est in-octavo, & en plus gros caractère. On a fait une nouvelle édition in-douze à Francfort, en 1694, de ces Bibles hébraïques sans points voyelles. Cette dernière édition, où l’on a mis à la tête une Préface de M. Leusden, est remplie de fautes.

Bibles Grecques. Il y a un grand nombre d’éditions de la Bible en grec ; mais elles peuvent être toutes réduites à trois ou quatre principales ; fçavoir à celle de Complute ou d’Alcala de Henarès, à celle de Venise, & à celle de Rome. La première fut publiée en 1515, par le Cardinal Ximenès, & inférée dans sa Bible Polyglotte, qu’on nomme ordinairement la Bible de Complute. Quoique cet illustre Prélat eût de bons manuscrits grecs de la Bible, & qu’il eût employé à ce travail des personnes savantes dans la langue grecque & dans la critique, son édition n’est point fidelle, parce que le grec des Septante a été retouché en plusieurs endroits sur le texte hébreu. Cette édition a été réimprimée dans la Bible Polyglotte d’Anvers, dans les Polyglottes de Paris, & dans la Bible à quatre colonnes, qu’on appelle communément la Bible de Vatable.

La seconde édition de la Bible grecque est celle de Venise, en 1518. On y a imprimé le texte grec des Septante, tel qu’il a été trouvé dans le manuscrit ; c’est pourquoi elle est pleine de faute de copistes ; mais il est aisé de les redresser. Cette édition a été réimprimée à Strasbourg, à Basle, à Francfort, & en plusieurs autres endroits, avec quelques changemens, parce qu’on l’a voulu faire approcher davantage de l’hébreu. La plus commode de toutes est celle de Francfort, parce qu’on y a joint de petites Scholies, où sont marquées les diverses interprétations des anciens Traducteurs grecs. L’Auteur de ce recueil n’y a point mis son nom ; mais on croit communément qu’il est de Junius.

La troisième édition de la Bible grecque, est celle de