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Rome, en 1587, avec les scholies grecques, qui ont été recueillies de divers manuscrits des bibliothèques de Rome, par Pierre Morin. Le Pere Jean Morin de l’Oratoire, a fait réimprimer à Paris, en 1628, cette belle édition grecque, en y joignant la traduction latine qui avoit été aussi imprimée à Rome, séparément avec des scholies. On a inséré dans la Bible Polyglotte de Londres, l’édition grecaue de Rome, ajoutant au bas les variantes du manuscrit alexandrin. Les Anglois l’ont aussi fait imprimer in-quarto & in-douze, en y réformant néanmoins quelque chose. Un Protestant nommé Boz l’a fait aussi imprimer in-quarto, à Eraneker, en 1709, avec toutes les variantes qu’il a pu trouver, & une Préface, où il y a de bonnes choses. Pour avoir une bonne Bible grecque, on doit recourir à l’édition de Rome, ou à celle de Paris qui a été faite exactement sur celle-là ; mais il faudroit y ajouter les variantes du manuscrit alexandrin, & celles du manuscrit de M. Seguier, que le P. Monfaucon a données dans ses Hexaples d’Origène.

La quatrième édition est celle qui a été faite sur le manuscrit alexandrin, & commencée à Oxford par M. Grabe, en 1707. Il y a un défaut qui paroît essentiel. C’est qu’on n’a point imprimé le manuscrit alexandrin tel qu’il est, mais tel qu’on a cru qu’il devoit être ; c’est-à-dire, qu’on l’a changé dans tous les endroits où l’on a cru qu’il y avoit une faute de copiste, & dans tous ceux où l’on a cru que le mot avoit été mis par un dialecte particulier. Il falloit donner le manuscrit absolument & exactement tel qu’il est, & rejeter les conjectures sur les leçons qui s’y trouvent dans de courtes scholies, au bas des pages.

Bibles latines. On peut réduire à trois classes toutes les différentes éditions des Bibles latines ; sçavoir à l’ancienne Vulgate qui a été faite sur le grec des Septante, à la Vulgate d’aujourd’hui, dont la meilleure partie a été faite sur le texte hébreu ; & aux nouvelles traductions latines, qui ont aussi été faites sur l’hébreu, dans le seizième siècle. Il ne nous reste plus rien de l’ancienne Vulgate qui a été en usage dans les Églises d’Occident dès les premiers siècles, que les Psaumes, la Sagesse & l’Ecclésiastique. Nobilius a tâché de la rétablir sur les ouvrages des anciens Péres latins ; mais son recueil ne pouvoit être exact, parce que la plupart des Peres ne l’ont pas suivi fidèlement dans leurs citations.

Pour ce qui est de la Vulgate d’aujourd’hui, il y en a un très-grand nombre d’éditions qui sont assez différentes les unes des autres. Le Cardinal Ximenès en a inséré dans la Bible d’Alcala, une édition corrigée & retouchée en beaucoup d’endroits. Robert Etienne, & après lui les Docteurs de Louvain, se sont appliqués à cette correction avec un très-grand soin. La meilleure édition des Bibles latines de Robert Etienne est celle de 1540, qui a été réimprimée en 1545, il y marque aux marges les diverses leçons de plusieurs exemplaires latins qu’il avoit consultés. Les Docteurs de Louvain ont revu après Robert Etienne, l’édition Vulgate sur plusieurs mss. latins, dont ils ont aussi marqué les variétés aux marges de leurs éditions. Les meilleures sont celles à la fin desquelles on a ajouré les notes critiques de François Luc de Bruge. Pour suppléer aux éditions des Bibles de Louvain où ne sont point ces notes critiques, on y joindra un volume in-quarto, où se trouvent ces mêmes notes imprimées séparément, à Anvers, en 1580.

Toutes ces réformations de la Bible latine se sont faites avant les corrections de Sixte V, & de Clément VIII. Depuis ce temps-là on n’a plus osé prendre cette liberté, si ce n’est dans des commentaires & dans des notes séparées. La correction de Clément VIII, qui est de 1592, sert aujourd’hui de loi dans toute l’Église latine. Cette édition est la première correction de Clément VIII, & quant à l’impression, c’est la plus correcte. Les Bibles de Plantin ont été faites sur celle-là, & ensuite sur celles de Plantin toutes les autres. Ainsi nous n’avons point dans nos Bibles ordinaires les corrections suivantes de Clément VIII. Bien plus, les Bibles de Plantin, ni par conséquent toutes les autres, ne sont pas parfaitement conformes à cette édition romaine de 1592. Voyez Vulgate. Au reste, ces corrections de la Bible n’ont point été faites d’une manière arbitraire, & sans raison, pour y mettre des passages qui prouvent les dogmes Catholiques ; ils y étoient avant la correction, du moins quant au sens, comme ils y sont aujourd’hui. Par exemple, le célèbre passage de saint Jean, Tres sunt, &c se trouve dans la Bible de Théodulphe, Evêque d’Orléans, qui mourut au commencement du neuvième siècle : il n’y a qu’un mot de différence qui ne change rien au sens. Ce rare manuscrit étoit dans la bibliothèque de M. de Mesmes, Premier Président du Parlement de Paris.

Il y a un grand nombre de Bibles latines de la troisième classe, qui comprend les versions faites depuis près de deux cens ans, sur les originaux des livres sacrés. Comme elles n’ont aucune autorité publique dans l’Église, on se contente de les consulter, & elles ont toutes leur utilité pour éclaircir quelques endroits de la Vulgate. M. Simon en a traité à fond dans ses Histoires critiques du vieux & du nouveau Testament. La première de toutes est la version de Pagnin, Religieux Dominicain, imprimée à Lyon, in-4°. en 1528, qui a été fort estimée des Juifs. L’Auteur l’a retouchée dans une seconde édition. Il y en a une belle édition in-fol. à Lyon, en 1542, avec des Scholies : on a mis à la tête de cette édition une Préface sous le nom de Michaël Villanovanus, qui est Michel Servet, Auteur des Scholies. Ceux de Zurich ont aussi publié une nouvelle édition in-quarto de la Bible de Pagnin. De plus, Robert Etienne a imprimé cette même Bible in-folio, avec la Vulgate en 1557, prétendant la donner plus exacte qu’elle n’étoit dans les éditions précédentes. Elle est aussi dans une autre édition à quatre colonnes, qui porte le nom de Vatable, & qui est de l’an 1586. Cette même Bible se trouve dans une édition de Hambourg qui est en quatre langues.

On met communément au nombre des Bibles latines la version du même Pagnin, corrigée ou plutôt rendue littérale par Arias Montanus. Cette correction, qui fut approuvée par les Docteurs de Louvain, & par quelques Savans de Paris, a été insérée dans la Bible Polyglotte de Philippe II, & depuis dans celle d’Angleterre. On en a fait diverses éditions in-folio, in-quarto, in-octavo, auxquelles on a joint le texte hébreu de l’ancien Testament & le grec du nouveau. La meilleure de toutes est la première, qui est in-folio de l’an 1571. Elle est utile pour ceux qui commencent à apprendre l’hébreu.

Les Protestans ont aussi publiés plusieurs versions latines de la Bible sur les originaux. Les plus estimées sont celles de Munster, de Léon de Juda, Zuinglien, de Castalio ou Chastillon, & de Trémellius. Ces trois dernières ont été réimprimées plusieurs fois. Le beau latin de Castalio a plu a bien des gens ; mais les plus sages ont trouvé son latin trop affecté : la meilleure de ses éditions est celle de 1573. Le nom de Léon de Juda, qui avoit été odieux aux Théologiens de Paris, ne déplut point à ceux de Salamanque : ils retouchèrent sa version en un petit nombre d’endroits ; ils la joignirent à l’ancienne édition latine, telle que Robert Etienne l’avoit donnée, avec des notes sous le nom de Vatable, Pour ce qui est de la Bible de Trémellius & de Junius, elle a été du goût des calvinistes, qui en ont publié diverses éditions.

On pourroit faire une quatrième classe des Bibles latines, qui comprendroit l’édition Vulgate retouchée sur les originaux. La Bible d’Isidorus Clarius est de ce nombre. Cet Auteur ne s’est pas contenté de réformer l’ancien exemplaire latin, il a corrigé l’interprète en un grand nombre d’endroits qu’il a cru mal traduits : quelques Protestans ont suivi cette même méthode, & entre autres André & Luc Osiander, qui ont chacun publié une nouvelle édition de la Vulgate, avec quelques corrections sur les originaux.

Bibles arabes. Dès l’année 1516, Augustin Justiniani, Evêque de Nébio, avoit fait imprimer à Gènes une version arabe du Psautier, avec le texte hébreu & la paraphrase chaldaïque, & il y a joint des interprétations latines. On trouve des versions arabes sur toute l’Ecriture dans les Polyglottes de Paris & de Londres, & une entière de tout l’ancien Testament qui a été