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Bithys ou Batinius. Si Pline en est cru sur sa parole, il y a eu des femmes de Scythie appellées de ce nom, qui avoient un des yeux garni d’une double prunelle, & l’autre marqué de la figure d’un cheval. Leurs regards étoient si dangereux, qu’ils ensorceloient, & tuoient tous ceux sur lesquels ils s’attachoient quelque temps. Mor.

BITHYNIARCHIE. s. f. Bithyniarchia. Nom du Sacerdoce de Bithinie, qui étoit peut-être aussi la première Magistrature de cette Province. La Bithyniarchie exemptoit de tutelle pendant qu’on étoit en charge.

BITHYNIARQUE. s. m. Bithyniarcha. Premier Prêtre, ou premier Magistrat de Bithynie. C’est ainsi qu’on disoit Asiaque, Béotarque, &c. Voyez Guther, De Vet. jur. Pontif. I, 28.

Ces deux mots sont composés de Βιθύνια, Bithynie, & ἀρχὴ, commandement, magistrature principauté.

BITHYNIE. Grande Contrée ou Royaume de l’Asie mineure proche du Pont d’un côté, & de la Troade de l’autre, vis à-vis la Thrace. Bithynia. La Bithynie s’appella d’abord Bébrycie, Bebrycia ; puis Migdonie, Migdonia : enfin elle prit le nom de Bithynus, un de ses Rois. Claudien, Liv. I, contre Eutrope, v. 246, & d’autres encore disent que les Thynes, Thyni, peuples de Thrace, étant venus s’établir dans ce pays, il fut nommé Bithynie. Bochart, Chanaan, Liv. I, ch. 10, tire ce nom de l’hébreu בטן, ventre d’où les Arabes ont fait באטן, pour signifier ce qui est intérieur, & il prétend que les Bithiniens furent ainsi appellés, parce qu’ils occupèrent l’intérieur des terres, comme disent Mela, Liv. I, p. 19, & Pline, Liv. VI, ch. 32. Il prétend aussi que les Bithyniens sont une colonie de Phéniciens, amenés là par Phœnix frère de Cadmus. D’autres disent qu’ils ont pris leur nom de Bithynes, fils de Jupiter & de Thrace, fille de Tiran, & qu’ils passèrent de Thrace en Asie. Voyez Strabon, Liv. VII & X. Nicée fut capitale de Bithynie. Nous ne connoissons que trois Rois de Bithynie, Prusias, dont il y a quelques médailles, & deux Nicomèdes. J’ai vu quelques médailles dont l’inscription est ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΝΙΚΟΜΗΝΟΥ. Les Turcs appellent aujourd’hui la Bithynie, Bursie, & Besangial, selon quelques-uns. Corn. ou selon Maty, Becsangil. Arrien avoit fait l’Histoire de Bithynie sa patrie. Pothius la cite, chap. 58. pag. 52.

Bithynie. Emplâtre du Barbier de Bithynie, pour les maux de rate & les hydropisies ; on en trouve la description dans Aëtius, Tetrab. III, Serm. 2, cap. 22.

BITHYNIEN, ENNE. s. m. & f. Bithynus. Qui est de Bithynie. Les Bithyniens étoient si riches, que Pithius, Roi de ce pays, fit présent à Darius, Roi de Perse, d’un plane d’or, & d’une vigne aussi d’or T. Corn.

BITI. s. m. Nom d’un grand arbre toujours vert, qui croît dans le Malabar, & dans d’autres contrées des Indes orientales. Le seul usage connu qu’on en tire dans la Médecine, c’est l’huile qu’on prépare avec sa racine, & qui guérit les alopécies. Ray, cité par James.

☞ BITO. Petit Royaume d’Afrique, dans la Nigritie, au midi du Niger.

BITON & Cléobis étoient deux frères recommandables par leur piété envers leur mère, & qui méritèrent par-là les honneurs héroïques. Les habitans d’Argos leur firent faire des statues qu’ils placèrent dans le temple de Delphes.

☞ BITONTO. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la terre de Barri, avec un Evêché suffragant de Barri.

BITORT, mieux Bistord. Voyez ce mot.

BITTERN. s. m. Dans les endroits ou l’on prépare le sel tiré de l’eau de la mer : on donne le nom de bittern à la liqueur qui coule du sel commun, & qu’on reçoit dans des vaisseaux convenables ; ou c’est la liqueur qui reste après la crystallisation du sel commun. Nous l’appelons eau mère. Dict. de James.

☞ BITTE. s. f. Terme de rivière. Pièce de bois ronde sur le devant d’un batteau foncet, servant à fermer le batteau.

☞ BITTERFELD. Petite ville d’Allemagne, au cercle de la haute Saxe, dans la Misnie, au territoire de Leipsig.

BITTES. s. f. Terme de Marine. Ce sont deux pièces de bois élevées de bout depuis le bas du fond de cale, jusqu’à quatre pieds & demi au dessus du premier pont. C’est autour de ces pièces qu’on met & qu’on attache le cable, quand on a mouillé l’ancre. Elles sont à côté du mât de misaine, & entretenues par un traversin ou grosse pièce de bois travée contre, & sont appuyées par des courbes, ou arc-boutans qui sont sur les ponts, qu’on appelle contre-bittes.

Les bittes d’écoutes d’huniers, où petites bittes, sont placées au-devant du grand mât, & du mât de misaine, sur le second pont, au-travers desquelles il y a des ruaux ou rouets de cuivre, par où passent les écoutes des hunes, qui servent à faire bander les écoutes de huniers.

BITTER le cable, c’est le rouler & arrêter autour des bittes. Circumducere.

BITTON. s. m. Pièce de bois ronde & haute de deux pieds & demi, par le moyen de laquelle on attache une galère à terre. On appelle aussi bittons ou taquets de petites bittes qu’on met proche des mâts d’un vaisseau, pour lancer ou amarrer quelques manœuvres.

BITTONNIÈRES. s. f. Ce sont des canaux ou égoûts qui régnent à fond de cale, à côté de la carlingue, par où s’écoulent les eaux d’un vaisseau, & viennent à la pompe. Voyez Vitonnières.

BITTORD. s. m. Voyez Bistord.

☞ BITTURE. s. f. Prendre bitture, c’est alonger le cable sur le pont, pour le disposer à mouiller l’ancre.

BITUME. s. m. C’est une espèce de graisse épaissie & ondtueuse en forme de bourbe, qui se trouve dans le lac Asphaltite, & en d’autres lieux, qui est d’une nature fort inflammable, comme du soufre. Bitumen. Il y a du bitume dur & fossile, qu’on tire de la terre en guise de tourbes & de mottes, qui sert à des forges. Il y a du bitume qui sert de chaux, & est propre à lier les pierres des bâtimens, tel que celui dont on dit qu’ont été bâtis les murs de Babylone. Il y a enfin du bitume liquide, qu’on brûle dans les lampes & dans les lanternes, comme de l’huile, comme on fait entr’autres en Sicile. Les Juifs, au rapport de Strabon, se servoient de bitume pour embaumer leurs corps morts.

Le plus excellent bitume s’apporte de Judée, & est resplendissant, de couleur de pourpre, fort pesant, & d’une odeur forte. Le noir ne vaut rien. Les Médecins l’appellent Asphaltus. On n’apporte plus de bitume de Judée, mais les Apothicaires le composent de poix & d’huile de pétréol, &c. Il faut dire la même chose des Egyptiens ; car les momies sont toutes pleines de bitume semblable à celui de Judée. Le P. Kirker a fait cette remarque dans son Œd. Æg. Tom. III, p. 394, & je l’ai remarqué en effet dans des momies, & principalement dans celles des Augustins déchaussés de Paris. Martitius dérive le mot bitumen, d’où bitume a été formé, de πίπτα, pix, poix. Voyez Asphalte.

☞ On tire le bitume liquide de plusieurs endroits. Le bitume mou est le naphta ou maltha, le bitume de Sirnam, de Copal & de Colao.

☞ Ces matières inflammables & molles comme la poix, sont noires & de mauvaise odeur. On n’y voit que du soufre & de l’huile mêlée avec une quantité de sel acide.

☞ Ces minéraux, au lieu de se crystalliser, s’épaississent dans les entrailles de la terre, ou sur sa superficie : ils nagent même sur les eaux. C’est un assemblage de cet acide, premier principe ; c’est une matière grasse, onctueuse & très-chaude, qui est tantôt volatile, tantôt inflammable, ou facile à mettre en fusion. Elle se mêle avec les sels de la terre, & contribue à la formation des métaux & des plantes. Les liquides sont amenés par des veines souterraines jusqu’à l’ouverture, par laquelle ils découlent en huile. On regarde les soufres comme le principe des saveurs & des odeurs, que nous trouvons dans la chair des animaux qui servent à notre nourriture. On prétend même que la couleur des fleurs est produite par les parties volatiles des soufres primitifs qui circulent dans les plantes. Ces sucs