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& non pas Brunon, surnommé le Grand, Archevêque de Cologne, & Duc de Lorraine, fils d’Henri l’oiseleur. S. Bruno ou Brunon, Evêque & Apôtre de la Prusse. Bruno ou Brunon de Wirtzbourg, Herbipolensis ; mais il faut toujours dire S. Bruno fondateur de l’Ordre des Chartreux, & non pas S. Brunon. Il y a dans les Mélanges d’Histoire & de Littérature du prétendu Sr de Vigneul-Marville, T. II. p. 175, & suiv. une espèce de dissertation pour montrer que l’histoire du Chanoine que l’on prétend avoir été l’occasion de la conversion de S. Bruno est apocryphe, parce que tous les Auteurs contemporains de S. Bruno, ou les plus anciens & les plus voisins de son temps n’en disent mot. Le S. Bruno gravé par Melan, est le véritable portrait de Christophle Du Puy. Vign. Mar.

☞ BRUNSBERG. Ville de Pologne. Voy. BRAUNSBERG.

☞ Petite ville fortifiée d’Allemagne dans le Holstein, sur l’Elbe.

BRUNSWICK ou BRUNSWIG. Ville d’Allemagne, l’une des plus considérables de la Basse Saxe, capitale du Duché de Brunswick. Brunsviga, Brunsvicum, Brunopolis, Brunonis vicus. On coit que Brunswick a pris son nom de Bruno, fils d’Adolphe Duc de Saxe, qui la répara vers l’an 868. Maty. Quelques Auteurs croient que c’est le Tubisurgium de Ptolomée. Elle est divisée en cinq quartiers, qui l’ont fait appeler par quelques Auteurs Pentapolis, cinq ville. Elle est, selon Hoffman, au 32° 40′ de longitude, & au 52° 40′ de latitude. Brunswick a été ville anséatique. Maty. C’est une des premières villes d’Allemagne qui ait reçû l’hérésie de Luther. Bugenhag l’y porta en 1522, & Chemnitius l’y prêcha 30 ans durant & y mourut en 1586. M. Leibnits imprima en 1707 à Hanover, en trois volumes in-fol. un recueil des Historiens de Brunswick. Voyez aussi Imhoff. Not. Imp. Proc. Lib. IV, C. 4. Le Duché de Brunswick, Brunswicensis Ducatus, est une Province du Cercle de la Basse-Saxe en Allemagne, bornée au nord par le Duché de Lunebourg, au couchant par le Cercle de Westphalie, au midi par la Hesse, & le petit pays d’Eichfelt, au levant pas la Thuringe, les Principautés d’Anhalt & d’Halberstat, & le Duché de Magdebourg. Le Duché de Brunswick se divise en trois Principautés ; Wolfenbutel, qui a ses Ducs particuliers ; Grubenhagen, & Calemberg, qui appartiennent au Duc d’Hanover.

La Maison de Brunswick vient d’Azo d’Est, Marquis de Toscane, qui passa en Allemagne dans le onzième siécle avec l’Empereur Conrad II, & épousa Cungeonde, fille unique de Guelphe III.

BRUSC. s. m. Terme de Botanique. C’est une espèce de Houx-frelon. Voyez ce mot.

☞ BRUSCH. Rivière de France, qui a sa source dans les montagnes de Lorraine, sur les frontières d’Alsace ; & son embouchure dans l’Ile de Strasbourg.

BRUSLABLE. Voyez BRULABLE.
BRUSLANT. BRULANT.
BRUSLEMENT. BRULEMENT.
BRUSLER. BRULER.
BRUSLEUR. BRULEUR.
BRUSLOT BRULOT.
BRUSLURE BRULURE.

BRUSUE, adj. m. & f. Qui est d’un tempérament vif & rude, qui parle & qui agit avec promptitude, mêlée d’un peu de rudesse. Acer & præceps. Il ne fait pas bon attaquer cet homme-là, il a la repartie prompte & brusque. Le génie françois brusque & impétueux, aime le changement. La conduite de la nature n’est pas brusque, & sa méthode est d’amener tout par degrés presqu’insensibles. Fonten. L’air galant penche plus vers la douceur & l’enjouement, que vers le brusque & le sérieux. M. Scud. Il y a des gens naturellement brusques ; le ton de leur voix a je ne sais quoi de sauvage, & il semble qu’ils vont toujours dire des injures aux gens. Bell. Dans vos brusques chagrins je ne puis vous comprendre. Mol. On dit aussi du vin brusque, qui est âpre & piquant. Ce mot ne se prend qu’en mauvaise part.

Il vient de l’italien ou de l’espagnol brusco, qui signifie âcre, prompt, colère. Ménage.

BRUSQUEMBILLE. s. m. Espèce de jeu de cartes, fort différent de tous les autres. Il se joue avec le jeu de piquet de trente-deux cartes. On en donne à chacun cinq, puis on en tourne une qui est la triomphe, qu’on met de travers sous le jeu, afin qu’on la puisse voir, & qu’elle n’empêche pas les joueurs à chaque carte qu’ils jouent, de la remplacer par une autre du talon, qu’ils prennent à tous les coups, jusqu’à ce qu’ils aient tout pris. Les quatre as sont les premiers brusquembilles, & les quatre dix les seconds. Celui qui a le sept de triomphe, peut le changer contre celle de la retourne pendant le courant du jeu, & attendre même jusqu’à la dernière carte à reprendre du talon. Les as & les dix sont les principales cartes ; les autres suivent leur ordre ordinaire. On renonce tant qu’on veut à ce jeu, excepté lorsqu’on a levé toutes les cartes du talon, & que l’on n’en a plus que chacun cinq à jouer. On joue en cent deux, cent trois, ou cinq cens, comme l’on veut. La retourne vaut dix à celui qui fait, lorsque c’est un brusquembille ou une peinte. Celui qui a les cartes & fait plus de mains, marque aussi dix. Lorsque tout est joué, chacun compte les points qu’il a dans les mains qu’il a levées, en observant que les as valent onze, les dix valent dix, les rois quatre, les dames trois, les valets deux, & le reste ne compte point. On ajoute à ce jeu des mariages & autres pretintailles.

☞ Ce mot est ordinairement féminin. Jeu de la brusquembille. Jouer à la brusquembille.

BRUSQUEMENT, adv. D’une manière brusque. Præcipiti impetu. Il est parti brusquement & sans dire adieu. Ce Général a donné brusquement sur les ennemis. Ce combat donné brusquement, & à la hâte, seroit plus long à raconter, qu’il n’a été à terminer. Bou.

☞ BRUSQUER. v. a. Offenser quelqu’un par des paroles brusques, rudes, inciviles. Verbis asperioribus, durè, acerbè aliquem excipere, habere, tractare. Cet homme est si violent, qu’il brusque ceux qui ont affaire à lui. Le mot est vif, & marque bien quelque chose de précipité & de rude. Savoir le monde, c’est être toujours égal ; c’est ne brusquer, & ne chagriner jamais personne. Ce critique inflexible est si peu maître de son dépit, qu’il pousse son chagrin jusqu’à brusquer ceux qui rendent justice au mérite des autres.

Brusquer, se dit aussi pour faire quelque chose vîte, brusquement, avant qu’on puisse s’appercevoir qu’on en a le dessin. Deproperare, præproperè aliquid agere. en parlant d’une petite place de guerre qui ne mérite pas un siège dans les formes, mais qu’on peut emporter d’emblée ; on dit que c’est une place qu’il faut brusquer. Acad. Fr. Brusquer une affaire. Brusquer un ouvrage d’esprit. Brusquons à nous deux l’épithalame du bon Vulcain. Fuselier.

BRUSQUÉ, ÉE.

BRUSQUERIE. s. f. Action de brusquer quelqu’un. Præceps naturæ, animi impetus. Il faut excuser les paroles offensantes, quand on ne les dit que par brusquerie & par promptitude.

BRUSQUET. On dit proverbialement, à brusquin brusquet ; pour dire, puisque vous me parlez désobligeamment, je vous réponds sur le même ton. Expression triviale.

☞ BRUT, UTE. adj. On prononce le T au singulier. Ce qui n’est pas poli, qui est âpre & raboteux. Il est opposé à travaillé. Il se dit particulièrement d’une pierre qui vient de la mine ou de la carrière, qui n’est ni polie, ni taillée, ni dégrossie : du diamant, &c, en un mot, de toutes les choses dans l’état où la nature nous les présente, lorsqu’elles doivent être perfectionnées par l’art : & par extension on donne