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fer qu’ils nomment calibre. Ils s’en servent pour voir si les forêts vont droit quand ils forent les tiges des clefs, & pour les arrondir. Ils ont pareillement des calibres pour prendre la grosseur des verroux & des targettes.

Calibre, en termes de Marine, se dit du modèle qu’on fait pour la construction d’un vaisseau, sur lequel on prend sa longueur, sa largeur & ses proportions : c’est la même chose que gabarit. Exemplar.

Calibre, en termes d’Horloger, c’est l’espace qu’on ménage entre les deux platines d’une montre, qui en font la cage, afin d’y mettre les roues & les pièces en telle disposition, qu’elles ne se nuisent point, & qu’elles tiennent le moindre espace qu’il est possible.

Calibre. Ce mot dans la coupe des bois, signifie un modèle fait de planche contournée suivant une ligne courbe, qui doit déterminer le contour d’une surface qu’on se propose de faire. Frezier.

Calibre. C’est encore une sorte de grosse filière, dont on se sert pour tirer à l’argue.

CALIBRER. v. a. Terme d’Artillerie. C’est prendre la mesure du calibre, marquer le calibre d’un canon. Globorum æneorum modum, amplitudinem designare.

Non-seulement on dit calibrer le canon, mais encore calibrer les balles, leur donner le calibre, la grosseur nécessaire. Avant que de commencer à battre la place, un Commandant, doit visiter toutes les munitions, de quelque sorte que ce soit, faire calibrer toutes les balles, voir si la poudre est bonne & fine. De La Font. On calibre un boulet, ou l’on en détermine la grosseur par le moyen d’un compas recourbé ; on trouve aussi le diamètre par le moyen du poids. Un boulet d’une livre a 10 lignes 8 points de diamètre, & par conséquent un boulet de 20 lignes 16 points, c’est-à-dire, d’un diamètre double, sçavoir d’un pouce neuf lignes & un tiers, pèse huit livres ou huit fois autant que le premier, étant double en tout sens. Hanzelet enseigne le moyen de calibrer les canons, les balles, les cuillers, canades, & tampons propres pour chaque pièce.

Calibrer, terme d’Horlogerie, c’est mesurer avec un petit compas fait exprès les dents des roues & les ailes des pignons, pour voir si elles sont égales entr’elles.

☞ CALICA. Petite ville de Turquie, dans la Bulgarie, avec un port, sur la côte de la mer Noire.

CALICE. s. m. Vaisseau sacré qui a une petite coupe posée sur un pied assez haut, & allez large parle bas. Sacer calix. Il sert au sacrifice de la Messe ; c’est dans ce vase que se fait la consécration du vin. Les Calices doivent être d’or ou d’argent dans toutes les Eglises. On en trouve cependant quelques-uns d’étain, mais dont la coupe est dorée, au moins en dedans. Je doute qu’on le souffrit aujourd’hui. Les anciens calices avoient deux anses. Bede assure que le calice dont notre Seigneur le servit à la Cène avoit deux anses ; qu’il étoit d’argent, & de la capacité d’une chopine. Les calices des Apôtres & de leurs premiers successeurs étoient de bois. Le Pape Zéphyrin ordonna qu’on se servit de calices d’or & d’argent. D’autres disent que c’est Urbain I. au troisiéme siècle. Léon IV. a défendu ceux d’étain & de verre. On demanda à S. Boniface Martyr, s’il étoit permis de consacrer dans des calices de bois : il répondit qu’autrefois les Prêtres étoient d’or, & les calices de bois ; mais que depuis, les Prêtres étoient de bois, & consacroient dans des calices d’or. Walafridus Strabo. Il a été jugé qu’un Religieux peut donner, engager, ou vendre son calice, sans que l’Abbé qui succède à sa dépouille le puisse réclamer comme un bien sacré. Papon. Si celui qui brise le calice est impie, celui-là l’est bien davantage qui profane le sang de Jésus-Christ, disent les Pères du Concile d’Alexandrie en 340, En 787 le Concile de Calcuth en Angleterre défendit d’offrir le saint Sacrifice dans des calices, ou des patènes de corne. Du riche butin que l’armée Françoise fit dans le Languedoc, le Roi Childebert se réserva les dépouilles des Eglises Ariennes, qui consistoient en soixante calices, quinze patènes de pur or, & vingt Missels ou livres d’Evangile couverts de lames d’or, & ornés de pierres précieuses. P. Dan.

Les anciens calices étoient beaucoup plus grands que ceux d’aujourd’hui, parce que le peuple communioit alors sous les deux espèces, au lieu que le calice ne sert présentement qu’au Prêtre. Lindanus, qui en avoit vu quelques-uns dans des Eglises d’Allemagne, en fait la description au Liv. IVe de sa Panoplie, ch. 56. Ils avoient deux anses, que le Diacre tenoit lorsqu’il présentoit le calice au peuple pour le communier sous l’espèce du vin. De plus chaque calice avoit un chalumeau, ou tuyau qui y étoit attaché fort proprement, & ce tuyau étoit d’argent, ou de quelqu’autre métal, en sorte qu’on suçoit plutôt qu’on ne buvoit. C’est ce que nous apprenons de Lindanus & de Beatus Rhenanus sur Tertullien, qui avoient vu de ces anciens calices en plusieurs villes d’Allemagne.

Calice de Soupçon. Calix suspicionis, poculum suspicionis. Vansleb, dans son histoire de l’Eglise d’Alexandrie, rapporte qu’autrefois dans l’Egypte, quand les maris (il parle des Chrétiens) soupçonnoient leurs femmes d’infidélité, ils leur faisoient avaler de l’eau soufrée, dans laquelle ils mettoient de la poussière & de l’huile de la lampe de l’Eglise, prétendant que si elles étoient coupablés, ce breuvage leur feroit souffrir des douleurs insupportables, c’est ce qu’on appeloit le Calice de soupçon. Voyez cet Auteur. Ces Chrétiens d’Egypte avoient pris cette épreuve de l’Ecriture, Nomb. V. 14, où Dieu prescrit ce qu’un mari jaloux devoit faire pour connoître si sa femme étoit coupable ou non. Il l’amenoit au Prêtre, offroit pour elle la dixième partie d’un boisseau de farine d’orge. Il ne mettoit dessus ni huile ni encens, comme dans les autres sacrifices. Cette offrande s’appeloit le sacrifice de la zélotypie ou de la jalousie. Ensuite il prenoit de l’eau sainte dans un vase de terre, & jetoit dedans un peu de poussière qu’il prenoit sur le pavé du tabernacle ; & après quelques autres cérémonies & des exécrations, il lui faisoit boire des eaux très-amères, en lui disant que si elle étoit innocente, ces eaux ne lui nuiroient point ; mais que si elle ne l’étoit pas, son corps enfleroit & pourriroit, & l’effet suivoit infailliblement. Telle étoit, dit Moyse, la loi de la Zélotypie ou de la jaloufie. Les Egyptiens crurent que ce seroit la même chose dans le Christianisme, mais cette loi, comme toutes les autres loix cérémoniales, n’avoit été instituée que pour les Israëlites.

Ce mot vient du Grec κύλιξ, qui signifie la même chose.

Calice, en termes de l’Ecriture & de spiritualité, signifie tristesse, affiction, douleur accablante. Cette signification est tirée de l’Ecriture, où Jésus-Christ demande à son Père de ne pas boire le calice de sa passion, & de plusieurs autres endroits. Le calice des Saints se boit avec amertume, il afflige, il révolte la nature. L. d’Abelard. On lui a fait boire le calice jusqu’à la lie. C’est-à-dire, on l’a mortifié Jusqu’à l’excès. Et cela se dit même en matière profane.

On dit proverbialement, qu’il faudra boire, avaler le calice ; pour dire, qu’il faudra souffrir constamment, ou faire quelque chose pour laquelle on a grande répugnance.

On dit aussi des gens dont les habits sont chargés de galons d’or, qu’ils sont dorés comme des calices.

Calice se prend en Botanique pour cette partie extérieure qui enveloppe la fleur lorsqu’elle est en bouton, & qui est différente du pédicule. Calix. On emploie encore le mot de Calice pour exprimer la