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CAL

appelle leurs Papes. Quoique le Calife de Bagdet ne le soit plus que de nom, il retient néanmoins le droit ancien d’adopter & de confirmer les Rois d’Arabie, d’Assyrie & autres : ce qui fut cause que Soiman même, en passant par Babylone, voulut pour la forme prendre les marques de l’Empire de sa main. Selon Nicot les Seigneurs & les Dominateurs du Grand Caire portoient autrefois le nom de Califes.

Il y a eu aussi des Califes à Carvan dans le Royaume de Tunis, &c à Fez. Le Calife d’Espagne prit aussi le titre de Roi. Les Califes de Syrie se divisent en trois branches. La première ne contient que les trois premiers Califes, successeurs de Mahomet qui ont régné depuis l’an 651 de Jésus-Christ jusqu’en 655. La seconde sont les Ommiades, qui ont gouverné depuis 655 jusqu’en 749. Les troisièmes s’appellent les Abbassides, dont le gouvernement a duré depuis 749, jusqu’en 941. Après quoi l’Empire des Musulmans se divisa en plusieurs Royaumes qui s’établirent en Perse, en Syrie, en Arabie, en Afrique, &c. & qui firent tomber toute l’autorité du Calife, qui n’eut plus que l’honneur de porter ce titre.

Le mot Calife est Arabe, il vient de חלף, Hhalapha, c’est-à-dire, succéder, être à la place d’un autre ; & il signifie non-seulement successeur, héritier, comme on l’a dit ci-dessus, mais encore Vicaire, qui tient la place d’un autre, & Mahomet s’en sert dans l’Alcoran en ce sens, pour dire que Jésus-Christ est Vicaire de Dieu. C’est dans ce sens, selon quelques-uns, comme Erpénius, que ce nom a été donné aux Califes ; c’est à-dire, aux Empereurs, & souverains Pontifes des Mahométans, comme étant les Vicaires & les Lieutenans de Dieu ; d’autres disent que c’est dans le sens d’héritiers, & comme successeurs de Mahomet, qu’on les appelle Califes. Au reste, il faut écrire Califes, & non point Calyphes. On ne voit point ce que fait là cet y, si ce n’est pour exprimer que le mot Arabe n’a pas un Kefra simple, mais un Kefra sous un je, chose peu nécessaire à marquer dans le mot François. D’Herbelot écrit Khalie, que quelques-uns écrivent Caliphe, & d’autres Chaliphe. Aujourd’hui tout le monde écrit Calife.

L’origine de ce nom vient de ce qu’Abubcker, après la mort de Mahomet, ayant été élu par les Musulmans pour remplir sa place, il ne voulut pas prendre d’autre titre que celui de Khalifah Resoul allah ; c’est-à-dire, Vicaire du Prophète ou de l’Envoyé de Dieu. Mais Omar ayant succédé à Abubeker, il représenta aux principaux Chefs du Musulmanisme que s’il prenoit la qualité de successeur d’Abubeker successeur du Prophète, la chose par la suite des temps iroit à l’infini : il fut résolu qu’il prendroit le titre d’Elmir Almoumenin, c’est-à-dire, Commandant des Fidèles. Les successeurs de Mahomet n’ont pas laissé de prendre aussi celui de Khalifes sans rien ajouter. D’Herbelot. Voyez cet Auteur au mot Kalifach.

CALIFORNIE. Nom de lieu. California. Jusqu’en 1705, on avoit cru que la Californie étoit une île, ou pour le moins on avoit douté si c’étoit une île ou une presqu’île comme l’Italie : la chose n’est plus douteuse. Le cinquième Recueil des Lettres édifiantes & curieuses écrites par les Missionnaires Jésuites, imprimé en 1705, nous apprend que c’est une presqu’île, qui tient à la terre ferme de l’Amérique ; & que le P. Kino, Jésuite Allemand, y passa en 1701, du Royaume du Sumatra sans traverser la mer, & n’ayant rencontré en son chemin que la rivière bleue, ou d’azur, appelée par les Espagnols Rio Azul, & le Colorado, dans le quel le Rio Azul, se jette. Il est étonnant qu’après la Relation de ce voyage, imprimée dans le Recueil que j’ai cité, Maty & M. Corneille disent encore que la Californie est une Ile. La Californie fut découverte en 1535, par Ferdinand Cortez.

CALIFOURCHON (à) façon de parler adverbiale dont on se sert dans le discours familier pour exprimer la façon dont on est assis sur quelque chose jambe deçà, jambe delà, comme quand on est à cheval. Etre, aller, se mettre à Califourchon. Les enfans vont à califourchon sur un bâton, Equitant in in arundine longa.

On met un soldat qui a fait quelque faute à califourchon sur un cheval de bois, dont le dos est fort aigu, & on lui attache des boulets aux pieds pour lui en faire sentir davantage l’incommodité.

CALIGINEUX, EUSE. adi. Ce mot se trouve dans Pomey & Danet, pour signifier obscur : mais il est vieux & hors d’usage, à moins qu’on ne s’en serve en riant. Caliginosus.

CALIGULA. s. m. Nom d’homme. Caligula. C’est le surnom de Caïus César, fils de Germanicus & d’Agrippine, & IVe Empereur Romain. Ce nom est latin & féminin dans sa première signification : c’est un diminutif de caliga, qui étoit le nom de la chaussure que portoient les soldats Romains, les laboureurs & le bas peuple. Elle différoit de la chaussure ordinaire en ce que par-dessous elle croit garnie de cloux tout autour. Caïus avoit été élevé dans l’armée Romaine d’Allemagne que son père commandoit, & dès son enfance il portoit l’habit des soldats, & de petites chaussures semblables aux leurs. C’est ce qui lui fit donner le nom de Caligula, ainsi que Dion le dit dans son LVIIe Livre, & Suétone, ch. 9. C’est celui que nous lui donnons communément en François.

CALIN. C’est une espèce de métal, alliage de plomb & d’étain, que les Chinois préparent, & dont ils font plusieurs ustensiles au Japon & à Siam. Ils en couvrent même leurs maisons. On en apporte aussi des cafetières…

CALIN, INE. s. m. & f. Mot bas & populaire, niais, indolent, fainéant. Deses, desidiosus.

CALINER, SE CALINER. v. récip. Prendre ses aises, demeurer dans l’inaction, dans l’indolence. Un petit maître qui se câline dans un fauteuil. Il est familier.

CALINGUE ou CONTREQUILLE. s. f. La pièce de bois qui s’étend sur toute la longueur de la quille, sur laquelle sont assemblées toutes les côtes du navire, & qui sert à les serrer & presser contre elle. Trabes ou trabs. Le pied du mât s’enchâsse dans un trou carré de la calingue, qui lui sert comme de base. On l’appelle aussi carlingue ou escarlingue.

CALIORNE ou CAYORNE. s. f. Terme de Marine. C’est un gros cordage passé dans deux mouffles à trois poulies, qui sert à guinder & lever les fardeaux qu’on attache à différens endroits du vaisseau. Il est ordinairement amarré sous les hunes du grand mât de bourcet, où il y a une grande poulie par où il passe. Funis nauticus tractilis.

☞ CALIPO ou GARYPO. Petite ville de Turquie en Asie, dans la Natolie, à l’embouchure de la rivière de Lali dans la mer Noire.

CALIPPIQUE. adj. fem. Terme de Chronologie, qui se dit d’une période de soixante & seize ans, inventée par Calippe, célèbre Mathématicien de Cyzique. Calippicus, a, um. La période Calippique est composée de quatre périodes de Méthon, qui étoient de dix-neuf ans chacune ; après lesquelles les nouvelles & pleines lunes moyennes revenoient au même jour de l’année Solaire. La période Calippique commence l’an 4384, de la période Julienne, 330, avant Jésus-Christ. La première période Calippique est l’espace de temps qui s’est écoulé depuis l’an 4584 de la période Julienne, 330 avant J. C. jusqu’à l’an 4309 de la période Julienne, 255 avant J. C. inclusivement. La seconde période Calippique font les soixante & seize suivantes, & ainsi des autres.

☞ Cette période n’étoit pas exacte, parce que Calippe donnant à l’année Solaire 365 jours, 6

heures,