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CAL

est si écrasé, qu’on n’y voit que deux petits trous au lieu de narines. Tavernier, Tome premier.

☞ CALNIDE. Petite ville de France, sur la Dordogne, en Périgord, à cinq ou six lieues de Périgueux.

CALOBRE. s. f. Espèce de vêtement long, & qu’on mettoit ordinairement par-dessus un habit pour le conserver.

CALOCER. s. m. Nom d’homme. Calocerus. S. Calocer est un des onze premiers Evêques de Ravenne, que l’on y nomme de la Colombe. Il y a encore un saint Calocer de Rome, dont Bède parle. Voyez Chastelain, Marlyrol. 11e Fev. p. 616, 617.

Ce nom vient du Latin Calocerus, qui s’est dit pour Calogerus, qui signifie Caloyer.

CALOCHIERNI. s. m. Il paroît que ce n’est autre chose qu’une grande espèce d’Atractilys commune en Grèce & en Crête. On l’a appelée atractilis, de ἄτρακτος, fuseau, parce que les femmes s’en servoient jadis en fuseau. Nous lisons même dans Lovell que les femmes Grecques l’emploient encore aujourd’hui au même usage aux environs de Constantinople ; car dans cette contrée cette plante s’élève à la hauteur d’un homme ; & lorsqu’elle est parvenue à sa maturité, ses feuilles tombent, & sa tige demeure sèche & roide. Diction. de James.

CALOGER. Voyez Caloyer.

CALOMNIATEUR, lATRlCE. s. m. & f. Qui accuse faussement quelqu’un, qui lui impute des défauts ou des vices qu’il n’a pas. Calumniator, Calumniatrix. On peut avancer une calomnie sans être calomniateur ; la bonne foi exténue le mal. Arn. Anciennement les calomniateurs subissoient la peine du talion ; c’est-à-dire, la même peine que l’accusé eût soufferte, s’il eût été convaincu du crime qu’on lui imposoit. Dans la suite, on leur imprima sur le front la lettre K avec un fer chaud : usage qui subsista jusqu’à Constantin. Aujourd’hui cette exacte justice n’est pas observée. On modère la peine par rapport aux personnes, & à la nature de la calomnie. C. B. Le nom que les Grecs ont donné au Diable, est celui de Calomniateur.

CALOMNIE. s. f. Fausse accusation d’un crime, imputation atroce & mal fondée, contre l’honneur & la réputation d’autrui. Calumnia, falsa criminatio. Il n’y a rien de plus ordinaire & qu’on punisse moins que la calomnie. La calomnie est un crime d’autant plus détestable, qu’on ne peut jamais réparer le mal qu’elle fait. On ne doit point hasarder légèrement une calomnie capitale. Arn. Il n’y a point d’excuse pour un calomniateur qui produit sa calomnie avec méditation & avec réflexion. Toute la puissance de la calomnie qui avoit triomphé de Socrate, ne fut que foiblesse contre la pureté des mœurs de Caton. Le Mait. Les plus gens de bien se laissent quelquefois tromper par l’artifice de la calomnie. Maimb. La calomnie se glisse où n’entreroit pas le calomniateur : la louange marche en tortue, & la calomnie a des aîles : elle peut en un moment voler du grenier d’un Ecrivain envieux, jusqu’aux palais des Princes. Fuselier. Dans les Coutumes & vieux Titres on appeloit calomnie, l’action ou demande par laquelle on mettoit quelqu’un en Justice, soit au civil, soit au criminel ; & il se disoit même d’une légitime accusation. On l’a dit aussi de la peine, ou amende imposée pour une action mal intentée & sans fondement.

Ce mot est tiré du verbe calvo, qui signifie tromper, frustrer quelqu’un.

Les Athéniens avoient fait une Divinité de la calomnie. Apelles en fit un tableau. Sur la droite du tableau paroissoit la crédulité, qui avoit de longues oreilles. Elle tendoit de loin la main à la calomnie qui s’avançoit. Elle avoit près d’elle l’ignorance, sous la figure d’une femme aveugle, & de l’autre côté le soupçon représenté par un homme agité d’une inquiétude secrette. Vis-à-vis étoit la calomnie, représentée sous la figure d’une belle femme, & ornée de beaux atours, mais dont le visage étoit enflammé & sembloit respirer la colère & la rage. Elle tenoit un flambeau allumé de la main gauche, & de la droite elle traînoit par les cheveux un jeune homme, qui levoit les mains au ciel, & sembloit prendre le ciel à témoin. Elle étoit précédée d’un homme pâle, maigre, d’un visage hâve, d’un regard fixe, & semblable à un homme qui sort d’une longue maladie. Il représentoit l’envie. Derrière étoient deux femmes qui conduisoient la calomnie, & qui ajustoient ses ornemens. L’une étoit l’Embûche, & l’autre la Tromperie. Derrière suivoit le repentir vêtu d’habits noirs & déchirés, & qui tournant la tête en arrière, avec des yeux tout baignés de larmes, & un visage couvert de honte, sembloit recevoir la Vérité qui s’avançoit. ☞ Apelles fit présent de ce tableau à Ptolémée, Capitaine d’Alexandre, pour se venger de la calomnie d’un autre Peintre qui l’avoit accusé d’avoir eu part à la conspiration faite contre ce prince.

CALOMNIER. v. a. Accuser faussement, ☞ imputer à quelqu’un des vices ou des défauts qu’il n’a pas. Attaquer, blesser l’honneur & la réputation de quelqu’un par des imputations fausses. Calumniari aliquem. Les plus grands Saints ont été sujets à être calomniés. Calomnier une alliance : c’est, selon Patru, la blâmer faussement, & mal-à-propos.

CALOMNIÉ, ÉE. part.

CALOMNIEUSEMENT. adv. D’une manière calomnieuse. Per calumniam, calumniose. Il a obtenu un Arrêt qui l’a déclaré faussement & calomnieusement accusé.

CALOMNIEUX, EUSE. adj. Qui contient des calomnies. Calumniosus. Ces écritures sont pleines de faits injurieux & calomnieux.

☞ CALONE, rivière de France en Normandie, qui a sa source à Dures-en-fontaines, passe à Bailleul, à Asnières & à Conneilles, & se perd dans la rivière de Touques à Pont-l’Evêque.

CALONNIERE. s. f. Terme populaire. On dit canonnière.

CALOT. s. m. nom d’un Graveur fameux, qui ne gravoit que dans le grotesque : d’où l’on a dit, figure à Calot ; pour dire, figure extraordinaire & risible. Voyez Grotesque.

Calot. s. m. Morceau de bois pour caler une pièce de charpente, & la mettre droit sur son chantier. Dict. des Arts 1751. C’est ce que Richelet & d’autres appellent cale.

Calot, chez les faiseurs de dragées au moule, est une calotte de chapeau dans laquelle ils mettent les dragées après qu’elles sont séparées des branches.

Calot. s. m. C’est le nom d’une espèce de poire qui est bonne à cuire, qui se conserve jusqu’au mois de Mai, & qui se nomme encore Donville.

CALOTTE. s. f. Petite coiffe, espèce de petit bonnet de cuir, de satin, ou d’autre étoffe, qui couvre le haut de la tête. Pileolus, galericulus. La calotte rouge est une marque de dignité, car il n’y a que les Cardinaux qui la portent.

On dit que le Pape a donné la calotte à quelqu’un, pour dire, qu’il l’a élevé à la dignité de Cardinal. Acad. Fr.

On appelle calotte à oreilles, une grande calotte qui couvre les oreilles. Les vieillards en portent.

La calotte, qui a été introduite d’abord par nécessité, est devenue depuis un ornement pour les Ecclésiastiques ; & comme les nouveautés trouvent de l’opposition, par un statut de la faculté de Théologie de Paris du premier Juillet 1561, il fut défendu aux Bacheliers de soutenir ou de disputer en calotte. M. le Cardinal de Richelieu est le premier Ecclesiastique qui ait porté la calotte