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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/200

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CAM

de celle de la pomme. Chamæmelum quasi humile malum. On distingue la camomille en celle qui a une odeur aromatique agréable, & qu’on nomme camomille Romaine ou véritable camomille, & celle qui n’est point d’une bonne odeur, & qu’on appelle maroute ou camomille puante. La camomille Romaine, Chamæmelum Romanum, nobile, odora tum, & leucanthemum odoratius, a ses racines fibreuses & chevelues, d’où partent quelques tiges, menues, cannelées, velues, & plus souvent couchées sur terre, longues environ d’un pied, & qui donnent dans une partie de leurs longueurs plusieurs fibres ou racines qui se plongent en terre & servent à multiplier ou à étendre cette plante. Ses feuilles sont comme aîlées & composées de plusieurs pinnules ou segmens fort courts, fort découpées & finement, & elles sont vertes, quelquefois blanchâtres, d’une odeur de drogue qui n’est point si désagréable, & sont attachées assez près les unes des autres, aux tiges, dont l’extrémité est terminée par une fleur radiée, composées de fleurs jaune-pâle dans son centre, & de demi-fleurons blancs dans sa circonférence. Le calice qui soutient cet amas de fleurons & de demi fleurons, est écailleurs. Ses semences sont menues, oblongues, nues, & sans aigrettes. Cette espèce de camomille se trouve quelquefois à fleurs doubles ; c’est-à-dire, que ses fleurons s’allongent & changent de couleur. On la cultive dans les jardins. La camomille Romaine est commune à la campagne, où elle change un peu de figure, suivant que le terrain dans lequel elle naît, est plus ou moins humide, ou exposé aux rayons du soleil. Mais son odeur & la découpure de ses feuilles la font assez reconnoître. On fait en Médecine un grand usage de ses fleurs qui sont résolutives, carminatives, apéritives &é fébrifuges. On l’emploie en fomentation, en cataplasme, pour dissiper les tumeurs aqueuses & venteuses, en décoction dans les lavemens, pour la colique ; & la poudre est un fébrifuge usité dans plusieurs endroits. La camomille puante, ou la maroutte, a des racines fibreuses, blanchâtres, & chevelues : elle donne une tige, quelquefois plusieurs, hautes d’un pied, menues, tant soit peu velues, garnies de feuilles alternes, découpées en plusieurs segmens, déchiquetés fort menu, lisses, épaisses, pleines de suc d’une odeur fétide, & d’un vert pâle. Des aisselles sortent des branches chargées de pareilles feuilles, & terminée par une fleur radiée comme la précédente, & qui n’en diffère que par ses demi-fleurons qui sont plus amples, & par son odeur désagréable. On se sert de la maroutte pour appaiser les douleurs des hémorroïdes.

☞ CAMON. Il y avoit deux Villes de ce nom dans la Palestine, l’une en deçà du Jourdain, dans le grand champ, l’autre au delà du Jourdain, dans le pays de Galaad.

☞ CAMONICA, ou val CAMONICA. Petit pays de l’Etat de Venise en Italie, dans le Bressan, aux confins de la Valteline. C’est un passage fort fréquenté de Suisse en Italie.

CAMOUFLET, s. m. Fumée qu’on souffle au nez d’un homme qui sommeille, par le moyen d’un cornet de papier allumé par un bout. Fumi in os inspiratio, insufflatio. Donner un camouflet. On disoit autrefois chaumouflet.

Borel dérive ce mot de mufle, parce que c’est une fumée épaisse qu’on souffle dans les narines, pour éveiller les gens endormis.

Camouflet, terme de guerre ; donner un Camouflet, c’est chercher à étouffer le mineur ennemi dans sa galerie.

Le Camouflet se donne de différentes façons en voici une assez usitée. Le mineur ou contre-mineur (car l’un & l’autre le pratique pour se défaire de son ennemi) perce la terre avec sa tarière, fait couler dans le trou une sarbacane ou canon de fusil ouvert par les deux bouts, dans l’intérieur duquel il a eu soin de mettre une composition de souffre, de poudre, &c. y ayant mis le feu, il souffle la fumée contre son adversaire, pour l’étouffer.

Camouflet se dit figurément d’un affront, d’une mortification que l’on reçoit. Il a reçu un vilain camouflet. Acad. Fr. Donner un camouflet à quelqu’un, se dit pour, lui faire quelques tours, lui jouer une pièce, lui faire une repartie vive & piquante. Il ne se dit que dans le discours familier. Richesource a intitulé un de ses livres : le Camouflet des auteurs.

CAMP. s. m. Terrain où une armée s’arrête, se retranche, ou plante le piquet pour se loger en ordre. Castra. Il est quelquefois couvert d’un retranchement, quelquefois il se défend par le seul avantage du poste. On a fait aussi des fermetures de camp avec des chevaux de frise accrochés ensemble, comme faisoit le vieux Prince d’Orange, ainsi que témoigne Jean Errard. La tête du camp est le terrain qui fait face vers la campagne, où l’on monte le bivouac. Rhoë, en décrivant le camp du Mogol, dit qu’il a bien vingt mille d’Angleterre de circuit, & enferme plus d’espace que la plus grande ville de l’Europe ; qu’il est composé de huit cents mille hommes, & de quarante mille éléphans ; que toutes ses tentes sont dressées en quatre heures.

☞ On dit figurément, l’alarme est au camp, quand on craint quelque malheur ou quelque disgrace.

Aide de Camp. Voyez Aide. Maréchal de Camp. Voyez Maréchal.

Camp volant, est une petite armée composée de Cavalerie ou de Dragons ; on y joint quelquefois de l’Infanterie. Cette petite armée tient la campagne, & fait de continuels mouvemens pour surprendre quelques places de l’ennemi, ou le tenir en haleine, & l’empêcher de s’attacher à quelque entreprise. Expedita manus.

Camp, se prend quelquefois pour l’armée campée. Exercitus. Le camp est tranquille : tout le camp fut alarmé.

☞ On dit asseoir son camp, se poster. castra constituere, facere, locare, imponere, metari, ponere. Poser son camp en face d’un autre. Castra castris conferre, convertere. Faire des lignes autour de son camp. Castra vallo cingere. Faire la ronde autour du camp. Adequitare castra. Demeure ferme dans son camp. Insistere castris. Le ver le camp, changer de poste. Movere castra.

Camp, se dit aussi d’un lieu fermé de barrières, où combattoient les anciens Chevaliers dans les joutes & tournois. Arena. Il fut mis hors du camp. Il entra dans le camp. Juge du camp. Demander le camp.

Camp Prétorien, étoit chez les Romains une grande enceinte de bâtimens pour loger des soldats de la garde. Castra Prætoriana.

Les Siamois, & quelques autres peuples des Indes Orientales, appellent des camps, les quartiers qu’ils assignent aux nations étrangères qui viennent faire commerce chez eux.

CAMPAGNARD, ARDE. adf. & s. Celui qui vit ordinairement à la campagne. Ruri habitans, ruris cola.

☞ On le dit aussi avec une espèce de mépris, d’un homme qui n’a pas les manières & la politesse qu’on acquiert dans le grand monde. C’est un campagnard. Rien de plus ennuyeux qu’un campagnard. On connoît bientôt à Paris les Gentilshommes campagnards. On y raille fort les Dames campagnardes. Boileau donne une idée des campagnards, lorsqu’il dit :

Là je trouvai d’abord pour toute connoissance,
Deux nobles campagnards, grands lecteurs de Romans,
Qui m’ont dit tout Cyrus dans leurs long complimens.

Dans cette acception, on dit qu’un homme a l’air campagnard, qu’il a les manières campagnar-

des ;