Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
CAM

trée du Brabant Hollandois, dans la Mairie de Bolduc.

Ce mot vient d’Espagne, où campina signifie une campagne découverte, où il n’y a aucun arbre. C’est la même chose que campagne en notre langue ; ainsi il seroit mieux de dire en Latin Campania. Ce sont les Espagnols qui ont porté ce mot dans les Pays-Bas.

Campine se dit aussi d’une espèce de petite poularde fine.

☞ CAMPION. Ville d’Asie, dans la Tartarie, sur les frontières de la Chine.

CAMPITES. s. m. pl. Nom que l’on donna au Ve siècle aux Donatistes. Campita. Ils furent ainsi appelés du mot latin campus, champ, campagne, parce qu’ils faisoient leurs assemblées dans les campagnes.

CAMPO. s. m. Laine d’Espagne qui vient de Séville & de Malage.

Campo di San-Pietro. Petite ville du Domaine des Vénitiens en Italie, dans le Padouan, entre Trévigny & Vicenze.

CAMPOIS. s. m. Hérétiques qui parurent dans le même siècle que les Campatois, & qui s’attachoient aux erreurs des Arriens. Quoiqu’ils fissent profession de demeurer dans la Communion de l’Eglise, ils ne laissoient pas de croire trois substances dans la Trinité selon la doctrine de certains Errans, qui au lieu de croire une même substance ou essence en trois personnes divines, y soutenoient trois hypostases ou substances.

☞ CAMPOLI. Petite ville épiscopale dans l’Abrusse ultérieure, aux confins de la marche d’Ancone.

CAMPOS. s. m. Terme de Collége. Congé qu’on donne aux écoliers pour sortir, pour aller aux champs se divertir. Vacatio. On le dit aussi familièrement de ceux qui sont sujets & attachés à quelque travail. Les Clercs n’ont campos que les Dimanches & Fêtes. Cela vient du Latin habemus campos.

CAMPOTE. s. m. Pannus è gossypio, Xylinus pannus. On appelle, en termes de négoce & de relations, Campotes, des draps de coton qui sont fort estimés aux Indes, & qui se font dans les Philippines.

☞ CAMPREDON. Petite ville d’Espagne, dans la Catalogne, aux confins du Roussillon, entre Girone & Puicerda.

CAMPSEAUX. Le cap de Campseaux est la pointe de l’Acadie qui s’avance le plus à l’ouest, & touche presque à l’Île du Cap Breton. Promontorium Campseale. Le passage de Campseaux. Fretum Campseale. C’est un petit détroit entre le Cap de Campseaux & l’Île du Cap Breton, & formé par l’une & l’autre de ces terres. Denys l’appelle le petit passage de Campseaux, parce que celui qui est entre l’Île du Cap Breton & celle de Terre-Neuve, est beaucoup plus grand. Le Cap de Campseaux est éloigné du Cap de S. Louis de plus de 25 lieues. Denys. Le Cap de Campseaux est vis-à-vis de l’Ile du Cap Breton, & forme avec cette Ile le passage de Campseaux, qui est un petit détroit entre ce Cap & cette Ile. La Baie de Campseaux est au midi de ce passage. Dans le petite passage de Campseaux le courant est extrêmement fort. Dans l’endroit le plus étroit, il ne peut y avoir que la portée d’un bon canon de la Terre-ferme à l’Ile. Den.

CAMPTER. s. m. Signifie en général toute sorte de courbure, mais particulièrement la passe d’un jeu de mail ; & c’est dans ce sens que Galien s’en sert par métaphore, Us. part. Lib. VII, cap. 14, où il décrit les nerfs récurrens de la sixième paire, qui après être parvenus εἰς ϰαμπτῆρα, à la passe, qui est une partie dure & lisse de la clavicule ou de la première côte, tournent autour, & forment une espèce de δίαυλος, diaulus. Καμπτὴρ, de ϰάμπτω, courber.

☞ CAMPUS PIORUM. Lieu célèbre en Sicile, près de Catane où les deux freres Aphinomus & Anapus sauverent sur leurs épaules leur pere & leur mere des flâmes du mont Etna.

☞ CAMQUIT. s. m. Fruit du royaume de Tonquin, semblable à une orange. Sa couleur est d’un rouge foncé, la peau mince, d’un très-bon goût, mais mal sain.

☞ CAMSIN, (le) est le temps de pâque, selon le langage des Cophtes.

☞ CAMUL. Capitale d’un royaume de même nom, qui relève de celui de Casgar, sur la frontière du Tangut. Les femmes de ce pays là sont fort belles, & les maris sont assez fous pour croire qu’il y a de l’honneur à les prostituer aux voyageurs. Lorsqu’un voyageur veut s’arrêter dans quelque maison, le maître du logis le reçoit avec de grandes marques de joie, commande à sa femme & à sa famille de lui obéir en tout, & s’en va, pour ne plus reparoître que quand l’étranger aura jugé à propos de se retirer : pendant tout ce temps, la femme en use avec son hôte comme elle feroit avec son mari. Moguth ou Mongu, souverain de tous les Tartares, leur ordonna d’abolir cette honteuse coutume, & d’avoir plutôt des auberges publiques où les étrangers seroient reçus, que d’abandonner ainsi leurs femmes au premier venu. Cet ordre les affligea ; ils représentèrent au Kan qu’ils avoient reçu cette coutume de leurs ancêtres, & qu’en l’observant ils s’attiroient la protection de leurs dieux. Enfin ils sollicitèrent tant, que l’ordre fut révoqué.

Marco Paolo, place cette province dans le Royaume de Tangut ; cela a changé depuis. Les relations les plus récentes placent la ville de Camul à l’extrémité d’un royaume, nommé cialis, qui relève de celui de Casgar, sur la frontière du Tangut.

CAMULE. s. m. Nom d’un Dieu du Paganisme. Camulus. Ce sont les inscriptions de Gruter, qui nous font connoître ce Dieu. La première, p. XL, n° 9. est Ardoine Camulo Iovi Mercurio Herculi. Sous chacun de ces noms est le Dieu qui le porte. Sous Camulo c’est un Mars avec un bouclier & une pique. Une autre, p. LVI, n°. 11. Camulo. Sanc. Fortiss. Sac. &c. Cette seconde inscription a été trouvée dans le pays des Sabins. Une 3e trouvée proche de Cleves, porte, Mati Camulo ob salutem Tiberi Claudi caes cives remi templum constituerunt. Grut. LVI, n° 12. De tout cela on conclut 1°. Que Camule est le Dieu Mars. 2° Qu’il est le même que Sangue. 3°. Que Camule étoit le nom que les Sabins donnoient à Mars. Struvius, dans son Antiquitatum Roman. Syntagma, cap. I, p. 96, croit que ce nom vient de camus, qui, selon Isidor, Orig. Liv. XX, c. 16, signifie une frein fort & rude, que l’on donne aux chevaux fougueux pour les domter. Or de pareils chevaux sont propres à la guerre & à Mars, & lui étoient consacrés.

CAMUS, USE. adj. Quelques-uns disent Camard, arde. Qui a le nez court & plat. Simus. Les Tartares aiment les beautés camuses, & les trouvent d’autant plus belles, qu’elles ont moins de nez. La femme du Grand Ginghis Kan n’avoit presque que deux trous au lieu de nez, comme témoigne Rubruquis. On le dit aussi de quelques animaux, comme des chiens, dont la beauté est d’être camus. On le dit encore de quelques poissons, sur-tout des dauphins. Un cheval camus est celui qui a le chamfrain enfoncé. Quelques-uns ont dérivé ce mot de simus Latin, ou de camurus, qui est interprété de curvus, ou courbé, par Servius. Ménage dit qu’il vient du Grec.

On dit proverbialement qu’un homme est bien camus, qu’on l’a rendu bien camus ; pour dire, qu’il a été bien trompé, qu’il est déchu de ses prétentions, qu’il est bien honteux. On dit aussi par un proverbe contraire, qu’il a eu un pied de nez.

CAMUSON. s. f. Petite camuse. Diminutif de camus. On ne le dit qu’en badinant.