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lité & en pénétration, tout ce qu’on en pourroit tirer par la distillation ; & on ne peut enchérir sur sa perfection. Il est très-diaphane, & sa blancheur égale celle de la neige. Son goût âcre, & son odeur forte prouve sa volatilité. Son inflammabilité dans l’eau, & sa totale consomption, sans laisser aucune trace au vaisseau dans lequel on l’allume, montrent sa pureté & la subtilité de ses parties.

Le camphre est une gomme blanche, transparente comme du sel, grasse & huileuse, inflammable, âcre, amère, & aromatique au goût, & d’une odeur forte & très-pénétrante. On peut faire quatre sortes de camphre, par rapport aux manières différentes dont on le tire, & par rapport aux plantes particulières qui le donnent. La première sorte est celle qui se tire dans le Japon d’un arbre que nous pouvons appeler Camphrier, camphotifera arbor. Cet arbre a ses feuilles alternes assez semblables à celles du laurier, roides, vertes, & d’une odeur de camphre. Ses fleurs qui naissent des aisselles des feuilles sur de petites branches, sont blanches, à cinq petales, quelquefois à six. Ses fruits sont des baies composées comme le fruit du cannellier & du chêne, d’une calote ou calice & d’un petit gland qui renferme une semence huileuse, grosse comme un grain de poivre. Ce fruit dans sa parfaite maturité est d’un pourpre foncé, & est d’un goût de camphre & de girofle. On prend les racines, le bois, les branches & les feuilles de cet arbre froissés, & on les met dans une cucurbite, que l’on bouche, afin qu’étant exposés au feu, la matière du camphre puisse se sublimer & se ramasser en masse. La seconde sorte se prépare avec l’écorce de la racine du cannellier, qu’on fait distiller avec suffisante quantité d’eau. Le camphre surnage par-dessus l’huile qui est portée avec l’eau dans la distillation. La troisième est celle qu’on retire du zedoria, de deux espèces de menthe de Ceylan, appelées ghonakola, & kaparawelli, & de quelques autres, en les distillante de même que l’écorce de la racine du cannellier. La quatrième enfin qui est la plus pure, & qui n’est point factice comme les précédentes, nous vient de l’Île de Borneo. Elle découle d’un grand arbre qui a la feuille, les fleurs & les fruits semblables à ceux du camphrier qui vient au Japon dans sa patrie australe appelée Sarruma. On trouve aussi entre les veines du bois de son tronc de petite veines de camphre. Kampferus, Boccone dans ses recherches & observations, Brecperus, Herman, & tous les voyageurs regardent le camphre de Borneo, comme le plus pur. On appelle camphre brut, ou camphre rosé, celui qui nous vient en morceaux, grenés, sales, rougeâtres, moins purs, & qu’on est obligé de faire fondre & sublimer pour le rendre transparent, blanc & tel que nous le voyons ordinairement chez nos droguistes, qui ont soin d’envoyer en Hollande tout le camphre brut pour le purifier. On a toujours fait un mystère de sa purification ; Pomet cependeant assûre que rien n’est plus aisé, & qu’il n’y a qu’à le faire fondre dans un vaisseau sublimatoire ou matras, ce qui paroît assez vraisemblable. Il se peut faire cependant que ceux qui travaillent à sa purification en Hollande, y réussissent mieux, parce qu’ils y travaillent continuellement. Le camphre est un bon remède qui anime le sang, résout les sérosités épanchées ou arrêtées dans les parties & qui y causent des tumeurs & des douleurs. L’eau de vie dans laquelle on a dissous du camphre, se nomme eau de vie camphrée, & est employée pour bassiner des tumeurs érésipélateuses, pour dissiper des douleurs rhumatismales. Le camphre entre dans plusieurs compositions pharmaceutiques. Le proverbe Latin camphora per nares castrat odore mares, a fait croire pendant long temps que l’odeur du camphre privoit les mâles de la faculté d’engendrer, ce qui est contraire aux observations de Scaliger, de Vulpius, & de plusieurs autres médecins. Le camphre entroit dans le composition des feux grégeois des Anciens, & nos Artificiers l’emploient aujourd’hui dans la composition des feux de joie destinés à bruler sur l’eau. On tire une huile de camphre par le moyen de l’esprit de nitre : cette huile est d’usage dans les caries des os. Au reste le camphre est très-volatil, & on n’empêche la dissipation de ses parties qu’en le tenant dans une boutielle bien bouchée, ou en le mettant dans du poivre.

La principale qualité du camphre est de retenir & de conserver un feu inextinguible qui brule dans l’eau, sur la glace & dans la neige, à cause qu’il est d’une nature fort tenue & grasse, jusques-là que si on en jette dans un bassin sur de l’eau-de-vie, & qu’on les fasse bouillir jusqu’à leur entière évaporation dans quelque lieu étroit & bien fermé, & que par après on y entre avec un flambeau allumé, tout cet air renfermé conçoit en un moment le feu qui paroît comme un éclair, sans incommoder le bâtiment, ni les spectateurs.

CAMPHRÉ, ÉE. adj. Il n’a guère d’usage que dans ces phrases. De l’esprit de vin camphré. De l’eau-de-vie camphrée. Qui se disent de l’esprit de vin, de l’eau-de-vie où l’on a mis du camphre.

CAMPHRÉE. s. f. Terme de Botanique. Camphorata. Nom d’une plante ainsi nommée à cause de quelque petite odeur de camphre qu’elle a. Cette plante vient le long des chemins dans le Languedoc, & sur-tout aux environs de Montpellier. C’est un remède spécifique pour l’hydropisie, & sur-tout pour l’asthme, étant prise en décoction ou en poudre. Il n’y a point de manière plus sûre de donner la camphrée, qu’en tisane. On en met depuis une once jusqu’à deux sur une pinte d’eau, & quelquefois du vin blanc. Les brins les plus tendres, les plus déliés & les plus garnis de feuilles sont les meilleurs. On les coupe menu comme on fait le chiendent. Les grosses tiges & les racines doivent être rejetées. On prend aussi cette plante en guise de thé. Elle est d’autant meilleure, qu’elle est plus verte & plus nouvelle ; elle se conserve cependant d’une année à l’autre. La camphrée échauffe & altere beaucoup.

Cette plante pousse plusieurs tiges à la hauteur d’un pied ou d’un pied & demi, assez grosses, dures, ligneuses, rameuses, velues, blanchâtres, relevées alternativement par des nœuds, de chacun desquels il sort quantité de petites feuilles entassées, longuettes, menues, velues, médiocrement dures, sentant le camphre quand on les écrase, d’où la plante a pris son nom. Sa fleur, qui paroît aux mois d’Août & de Septembre, est un petit vase herbeux. Elle vient dans les pays chaud & sablonneux. Elle vient dans les pays chauds & sablonneux. Elle est très-commune aux environs de Frontignan. Elle est un peu âcre au goût ; mais elle est céphalique, apéritive, résolutive, & détersive ; elle résiste au venin ; elle excite les mois aux femmes ; elle abat les vapeurs, & est propre pour les vers ; elle provoque la sueur.

☞ CAMPHRIER. (le) Voyez Camphre.

☞ CAMPHUR. s. m. Espèce d’Âne sauvage qui se trouve dans les déserts de l’Arabie, qui, suivant le rapport de quelques voyageurs, a une corne au milieu du front, dont il se sert pour se défendre des taureaux sauvages. Encyc.

☞ CAMPIANO. Petite ville d’Italie, dans le val de Taro, près la rivière de Taro.

☞ CAMPIGNE ou KEMPEN-LAND. Contrée des pays-bas, divisée en Campigne Hollandoise & Campigne Liégeoise. La première est une partie de la Mairie de Bois-le-Duc, & l’autre une partie du diocèse de Liége.

CAMPINE. s. f. C’est un nom qui se donne à différentes petits contrées. Campinia. Il y a la Campine dans l’Andalousie, qui est une partie du territoire de Séville. La Campine, contrée du Liégeois, qui s’étend depuis la Meuse jusqu’à la Mairie de Bolduc. La Campine Brabançonne, petite con-