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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/284

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CAR

léans de Longueville obtint l’agrément du Roi pour cet établissement &. une Bulle de Clément VIII, de l’an 1603. Ce Pape en confirmant cet établissement fit des Règlemens pour les filles qui embrasseroient cet institut en France. Six Religieuses d’Espagne vinrent en 1604, pour le commencer, & on leur donna le Prieuré de Notre-Dame des Champs au Fauxbourg Saint Jacques, qui dépendoit de Marmoutier, & que l’on supprima.

Carmélite. s. f. Nom d’une espèce de poire. C’est une assez grosse poire, plate, grise d’un côté, un peu teinte de l’autre, & chargée en certains endroits de quelques taches assez grandes, qui paroissent comme des pièces qu’on y a appliquées après coup. La Quint. Il la nomme autrement Mazuer, ou Gilogile, & la met au rang des mauvaises poires. Elle murit en Novembre. Elle est bonne à cuire.

CARMELUS. s. m. Divinité des Syriens, qui habitoient aux environs du Mont-Carmel. Voyez CARMEL

CARMENTALES. s. m. & pl. Carmentalia. C’est le nom que les Romains donnoient à la Fête qu’ils célébroient tous les ans le 15 de Janvier à l’honneur de Carmente, dont on va parler. Cette Fête fut établie au sujet d’une grande fécondité des Dames Romaines après leur réconciliation avec leurs maris, avec qui elles s’étoient brouillées, parce qu’ils leur avoient défendu l’usage des chars par un Edit du Sénat. C’étoient les Dames qui célébroient cette fête. Celui qui offroit les sacrifices s’appeloit Prêtre Carmentale, ou de la Déesse Carmente. Flamen carmentalis. La Porte carmentale à Rome étoit proche du temple de Janus, on l’appeloit aussi la porte scélérate. Elle ne subsiste plus. Plutarque, Quæst. Rom. q. 56. Alex, ab Alex. Genial. dier. Lib. XVI, cap. 8. Vigenere, sur Tite-Live, tome I, p. 918, & 1116.

CARMENTE ou CARMENTIS. s. f. Carmenta, Carmentis. C’est le nom d’une Prophétesse d’Arcadie, mère d’Evandre, avec lequel elle vint en Italie, où ils furent favorablement reçus du Roi Faunus 60 ans avant la guerre de Troye. Elle fut ainsi nommée en Italie à carminibus : c’est-à-dire, des vers ou prophéties qu’elle faisoit, car son nom propre étoit Nicostrate. Il y avoit à Rome une porte de son nom & une fête à son honneur. Son Histoire est décrite par Denys d’Halicarnasse, par Aurélius Victor, & par Plutarque dans Romulus, par Vigenere sur Tite-Live, T. I, p. 709 & 918, & par Vossius, De Idol. L. I, c. 12. On la représentoit jeune & vigoureuse, & les cheveux épars & en désordre. Id. L. IX, c. 38. Carmente, autrement Nicostrate & Thémis, ou la fatalité & Thémis, que les Grecs appellent Εἱμαρμένη, fut fille d’Ionius, Roi des Arcadiens. Elle eut Evandre de Mercure, comme dit Virgile, environ 60 ans avant la guerre de Troye : elle s’en vint en Italie avec son fils.

Carmente fut ainsi appelée, dit Vigenere, de carens mente, c’est-à-dire, hors de sens, hors de soi-même, à cause de l’enthousiasme où elle entroit souvent. D’autres prétendent que son nom vient de carmen, parce qu’elle faisoit ses prophéties en vers : mais Vigenere soutient au contraire que carmen, vient de Carmenta.

CARMIN. s. m. Est une couleur rouge, fort vive, qui est employée par les Enlumineurs & les Peintres en miniature. Minium. Il est composé de bois de Brésil, de Fernambouc, de couleur d’or, battu dans un mortier, & trempé dans du vinaigre blanc : l’écume qui en sort après avoir bouilli, est le carmin, qu’on fait sécher. On en fait aussi avec de la graine de chonan dont se servent les panachers, avec de la cochenille, du roucou, & de l’alun de Rome, qui est rougeâtre. Il y a de beau carmin, & du carmin commun ; la couleur du carmin est un beau rouge tirant sur le pourpre.

☞ CARMINACH. Ville d’Asie dans la grande Tartarie, dans la contrée de Bochara. La même Ville est appelée Carminiyah.

CARMINATIF, IVE. adj. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes dont on se sert pour expulser les vens retenus dans l’estomac & dans les intestins. Carminendi vim habens.

Les remèdes carminatifs ont la propriété de râcler, de grater les endroits par où ils passent. On met de l’anis dans les lavemens pour les rendre carminatifs. On appelle les quatre fleurs carminatives, celles de camomille, de mélilot, de matricaire & d’anet. Les plantes carminatives sont celles qui dissipent les vens. Leur nature chaude les rend très-propres à raréfier l’air & à faire sur la membrane des intestins une petite irritation capable de broyer les humeurs visqueuses.

Ce mot vient du Latin carminare, qui signifie carder, tirer ce qu’il y a de grossier, purger.

☞ CARMONS ou CORMONS. Petite ville d’Italie au Frioul, dans le comté de Goritz.

☞ CARNA. Voyez Carne.

CARNACIER, IÈRE. adj. Voyez Carnassier.

CARNACIÈRE. Voyez Carnassière.

CARNAGE. s. m. Tuerie de plusieurs personnes. Charles Martel fit un horrible carnage des Sarrazins dans les plaines de Tours. Cædes, strages, internecio. Les passions de l’homme ont fait de la terre un théâtre de carnage & d’horreur. S. Evr. La colère n’a point de plus doux objets que la vengeance & le carnage. Félib. Faire un grand carnage, un horrible carnage. Remplir tout de sang & de carnage.

On le dit aussi en termes de chasse. A la fête de Saint Hubert, il se fait un grand carnage de gibier, pour dire qu’on en tue beaucoup.

☞ On dit encore que certains animaux, comme les loups, les tigres, & tous les animaux qu’on appelle carnassiers, vivent de carnage, pour dire qu’ils se nourrissent de la chair des animaux qu’ils tuent.

Et mon esprit enfin n’est pas plus offensé
De voir un homme fourbe, injuste, intéressé,
Que de voir des vautours affames de carnage. Mol.

On dit aussi, qu’on fait carnage aux chiens de chair de mulet, ou d’autres animaux, quand on leur en donne à manger.

CARNAL. s. m. Caro. Ce mot s’est dit autrefois pour chair. Si qu’il lui trencha pleine paume du carnal de la cuisse. Merlin.

CARNALAGE. s. m. Terme de coutumes. Droit ou tribut qui est du en chair à un Seigneur par les Boucher de sa Seigneurie.

CARNALER. v. a. Terme de coutumes. Celle d’Acqs définit ainsi ce mot au tit. XI, art. 42. 43. Carnaler, est tuer le bestial, & le convertir en ses usages. ☞ Ainsi c’est tuer du bétail pour sa consommation, sans en vendre. Mais tuer est l’occire sans en faire son profit. En quelques lieux il est permis de carnaler le bétail du moins jusqu’à un certain nombre de bêtes, lorsqu’on les trouve en dommage en son domaine.

☞ CARNARVAUSHIRE. Voyez CAERNARVAN-SHIRE.

☞ CARNASSIER, ÈRE. adj. Epithète qui s’applique aux animaux qui sont avides de chair crue, & qui s’en nourrissent naturellement. Carnivorus. Les corbeaux, les loups, les vautours sont des animaux carnassiers.

☞ On le dit aussi des hommes qui mangent beaucoup de chair. Ainsi l’on dit que les peuples méridionaux sont moins carnassiers que les Septentrionaux,

☞ Ce mot vient du latin caro, carnis. Chair.

CARNASSIÈRE. s. f. Poche, petit sac fait d’un gros rézeau, dans le quel un chasseur met le gibier qu’il tue. Il ne revient point de la chasse, qu’il n’ait sa carnassière bien garnie. Quelques-uns écrivent carnacière.

CARNATION. s. f. Terme de Peinture, ☞ qui se dit au simple de la couleur des chairs, & au figuré de l’art de les rendre. C’est la représentation de la chair