Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
CAT

Rapin qui prit le soin de recueillir toutes ces harangues, & d’en composer un corps qu’il joignit Catholicon d’Espagne ; sur ce fondement plusieurs lui ont attribué le Catholicon tout entier. Cette féconde partie du Catholicon ne fut imprimée qu’en 1594, après le retour du Parlement, qui avoit été transféré de Paris à Tours. La première édition du Catholicon d’Espagne par M. Le Roi en 1593, ayant été bientôt distribuée, on ne l’imprima plus qu’avec la tenue des Etats en 1694 ; mais le Libraire mit la date du Catholicon seul 1693 ; au lieu de 1694, qui est la véritable date de la Satyre Ménippée. La meilleure édition est celle de Ratisbonne chez Matthias Kerner 1694, in 16. Les Notes qui s’y trouvent sont tirées d’un Manuscrit de M. Dupui, Garde de la Bibliothèque du Roi. Vigneul Marv. tom. II, p. 208 & suiv.

J’ai encore ouï appeler Catholicon d’Espagne une estampe qui fut faite dans le même temps, & qui représente l’armée ou les troupes de la Ligue, composée non-seulement de Soldats & de Bourgeois, mais encore de toutes sortes de Prêtres, d’Ecclésiastiques, de Religieux & de Moines, la cuirasse sur le dos, le casque en tête avec le froc, & armés d’épées, de pertuisanes, de mousquets, &c.

Catholicon. s. m. C’est en termes de Layetier, en général, une Boîte de 15 pouces de long, 10 de large, & 8 à 9 de haut. Encyc.

CATHOLICOS. s. m. Terme de Relation. C’est le nom du Chef du Clergé de Mingrelie, des Abcas du Guriel, du mont Caucase & d’Imirette.

☞ CATHOLIQUE, adj. de tout genre. Selon la force du terme, c’est la même chose qu’Universel. Catholicus. C’est un titre que l’on donne a la vraie Eglise, & qui est un de ses caractères essentiels & distinctifs. Ce nom de catholique marque la diffusion de l’Eglise par toutes les nations de la Terre. Les Docteurs de l’Eglise qui au IVe siècle attaquèrent l’erreur des Donatistes, S. Augustin, S. Optat, &c. s’attachoient principalement à ce principe comme incontestable & universellement reconnu, que leur Secte ne pouvoit pas être la véritable Eglise, par la seule raison qu’étant confinée dans un coin de l’Afrique, elle ne pouvoit pas être catholique. Aujourd’hui la dénomination d’Eglise catholique désigne l’Eglise Romaine, toute la communion Romaine, la collection des Eglises qui reconnoissent le Pape pour Chef. Un Concile général représente l’Eglise catholique. Il n’y a point de Salut hors de l’Eglise catholique.

De-là on a dit la Religion catholique, la Foi catholique, la Doctrine catholique, pour dire la foi de l’Eglise catholique, les vérités de l’Eglise catholique, dogme catholique, vérité catholique, proposition catholique, pour dire conforme à la foi que professe l’Eglise catholique.

Catholique. s. m. & f. Celui ou celle qui est membre de l’Eglise catholique, qui professe la foi catholique. Cette dénomination désigne ceux qui reconnoissent le Pape pour Chef de l’Eglise, & qui lui sont unis de communion. On dit quelquefois Catholiques Romains.

On a donné au Roi d’Espagne le titre de Roi Catholique, qui est devenu héréditaire depuis Ferdinand & Isabelle. La Colombiere dit que c’est pour avoir chassé les Mores d’Espagne. Les Bollandistes prétendent que les Visigoths d’Espagne portèrent autrefois communément le titre de Catholique, & qu’Alexandre VI ne fit que le renouveller pour Ferdinand & Isabelle. Philippe de Valois, après sa mort, fut par les Ecclésiastiques surnommé Catholique, parce qu’il avoit favorisé leurs droits. Dans plusieurs Epîtres des Papes, ce nom est donné aux Rois de France & aux Rois de Jérusalem. On l’a donné aussi à plusieurs Patriarches, comme à ceux des Jacobites, des Egyptiens, des Arméniens, & à des Primats qui avoient une fort ample juridiction, & qui pouvoient consacrer des Archevêques. Du Cange. En Allemagne, il y a des Princes Protestans & des Princes Catholiques.

On appelle Cantons Catholiques, les Cantons Suisses qui font profession de la Religion catholique ; Et Pays-Bas catholiques, les provinces des Pays-Bas où la Religion catholique est demeurée la Religion dominante.

Ce mot vient du grec καθόλου, qui signifie universellement, d’où vient καθολικὸς, universel.

En termes de Chimie, on appelle un fourneau catholique, ou universel, un petit fourneau tellement disposé, qu’on y peut faire toutes les opérations de Chimie, même celles qui se font avec le feu le plus violent.

On le dit aussi en Gnomonique des cadrans universels qui sont tellement construits, qu’ils peuvent faire connoître l’heure en divers pays, & sous quelqu’élévation du pôle que ce soit.

On appelle proverbialement un Catholique à gros grains, un homme peu scrupuleux à l’égard des choses défendues par la Religion.

Catholique. s. m. Nom de dignité dans l’Eglise Grecque. Ce titre répond à celui de Primat en usage dans l’Eglise Latine, & à celui de Patriarche dans l’Eglise Grecque. En Orient Norsetis étoit Catholique des Arméniens, c’est-à-dire, leur Patriarche ou Primat. Fleury. Catholicus. Grégoire Abulsarage étoit Catholique d’Orient. On trouve dans l’Antiquité le Catholique des Perses, le Catholique des Arméniens, le Catholique de Séleucie. Les Catholiques furent d’abord des Prélats du Patriarchat d’Antioche, & ils furent appelés Catholiques parce qu’ils avoient une province plus grande sous leur juridiction. Il n’y eut d’abord qu’un Catholique sous le Patriarche d’Antioche : ensuite on en créa deux : celui qu’on appeloit Aniensis ou Annensis, & celui de Bagdat, qu’on nommoit aussi le Catholique d’Irénopolis. Le P. Combesis, dans l’Histoire des Monothélites, a donné une liste des Catholiques d’Arménie. Cette dignité s’est étendue dans la suite à bien d’autres Diocèses, & l’on trouve le Catholique d’Ethiopie dans le Patriarchat d’Alexandrie ; le Catholique d’Albanie, &c.

Catholique étoit aussi autrefois dans l’Empire Grec le nom d’un Office séculier & de finances. Les Catholiques étoient en Afrique ceux qui levoient les deniers du fisc, & comme on disoit autrefois en France les Généraux des finances. Catholicus fisci Procurator. Voyez Cujas, sur la loi 3e du Code, De Jure fisci. Les Officiers des Catholiques s’appeloient Catholiciens. Catholiciani.

Catholique, s m. Terme d’Antiquité. Ce nom se donnoit autrefois dans l’Empire Romain au Trésorier général, ou, comme nous disons aujourd’hui en France, au Contrôleur général des Finances. Catholicus. Celui qui se distingua le plus, fut un certain Adaucus, d’une noblesse considérable, qui avoit passé par toutes les charges, même par celle de Catholique, ou Tresorier général. Fleury.

Catholique. (Nouveaux) Maison établie en quelques endroits de France, pour y recevoir, & y instruire les Hérétiques qui veulent se convertir, & retourner à l’Eglise Catholique. Il y a un Directeur Prêtre pour les instruire, qui a quelquefois un ou deux Ecclésiastiques avec lui. On les appelle aussi Nouveaux Convertis.

Catholiques. (Nouvelles) Ce sont des Communautés de Filles établies en France, pour instruire des vérités de la Religion les personnes de leur sexe, qui ont été élevées dans l’hérésie. On les y entretient jusqu’à ce qu’elles aient fait leur abjuration, & qu’elles soient bien affermies dans la foi. Elles y peuvent être reçues au nombre des Sœurs de ces Communautés ; dans quelques-unes desquelles on fait les vœux simples de pauvreté, de chasteté, d’obéissance, & de s’employer à l’instruction des Nouvelles Converties. Dans d’autres, on ne fait vœu que de stabilité, & dans quelques autres une association par contrat. Chacune de ces Communautés a des Règlemens particuliers, qui leur ont été donnés par les Ordinaires des lieux où elles sont établies. La Communauté de Paris est sous le nom de Nouvelles Converties