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autour de l’endroit où ils s’étoient postés. Ces retranchemens se changèrent bientôt en forteresses. C’est ainsi que Colombo fut bâtie. En 1597, le Roi de l’Île étant mort sans enfans, déclara le Roi de Portugal son héritier. En 1623, le Roi de Gandy ou Candy, leur fit la guerre ; mais ayant été défait & vaincu, il fut obligé en 1632, d’accepter sa paix, à condition de payer tous les ans un tribut de deux éléphans. En 1639, son fils recommença la guerre. Les Hollandois allèrent à son secours. La guerre dura jusqu’en 1644, que l’on fit une trêve de huit ans. La guerre ayant recommencé en 1655, les Hollandois chassèrent les Portugais, & ils sont maintenant les seuls qui y commercent.

Avant que les Hollandois fussent dans cette Île, on la divisoit en cinq Royaumes principaux ; ceux de Trinquemale, de Baticalo & de Jala, ou Yale, vers le Levant ; & ceux de Ceitavaca & de Candex, vers le couchant. Aujourd’hui on ne la divise qu’en trois parties principales. Presque toutes les côtes appartiennent aux Hollandois. On y joint les Îles de Jaffanapatan, de Manar & de Calpentin. C’est la première partie, dont la principale contrée est le Canneland, ou pays de la canelle, & la ville capitale Colombo. La seconde partie est le Royaume de Candea vers le midi ; & la troisième le pays de Wanny au nord.

On croit que l’Île de Céïlan est la Taprobane des Grecs & des Romains. Les Romains la nomment Tiranisin, c’est-à-dire, Terre de délices, & ils croient que ç’a été le lieu du Paradis Terrestre. Il y a une fort haute montagne, à laquelle quelques-uns donnent sept lieues de haut, & d’autres seulement deux, que l’on nomme le Pic d’Adam, parce que tous les Habitans disent qu’Adam y a été enterré. Quelques Auteurs prétendent que Céïlan est l’Ophir de Salomon. Les Historiens de l’Ile de Céïlan sont Mandeslo, Voyage des Indes, Liv. II ; Jean Ribeyro, Histoire de l’île de Céïlan ; Robert Knok, Relation du Voyage de l’île Céïlan ; Gauthier Schouten dans son Voyage aux Indes Orientales. Voyez aussi le VIe Recueil des Lettres édifiantes & curieuses, pag. 79.

Wicqfort, dans sa Traduction de Mandeslo, dit Ceylon ou Zeylon, mais mal ; l’usage est de dire en notre langue Céïlan. Maty le fait tantôt masculin, & tantôt féminin, disant le Céïlan Hollandois, & la Céïlan Hollandoise. Ni l’un ni l’autre n’est autorisé par l’usage. On ne dit guère Céïlan seul, on y joint le nom île. L’île de Céïlan est grande, est fertile, est abondante en canelle, & non pas, Céïlan est grand, ou grande, fertile, &c. Les Arabes l’appellent Serandib & d’Herbelot a remarqué que les Géographes Orientaux, en parlant de cette île, ne font aucune mention de l’arbre de canelle, qui ne croît que dans cette Île, soit, dit-il, qu’il ne s’y trouvât pas encore de leur temps, & qu’il y ait été transporté d’ailleurs, comme de la Chine ; ce qui a fait donner à cet arbre le nom de Dar Tchin en orient, mot qui signifie Bois de la Chine ; ou qu’il faille entendre cet arbre, sous le nom de Nargil, dont ils parlent.

CEILANOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de l’Ile de Céïlan. Les Mémoires de Trévoux, 1711, pag. 1069, disent : Les Céïlanois ont la peau noire, & sont de petite taille, ils sont adroits & spirituels, & si on en croit notre Auteur, (Schouten) il n’y a point de peuples aux Indes plus civilisés qu’eux mais cela n’empêche pas qu’en comparaison des Européens, ils ne paroissent barbares & féroces. Mais d’autres disent qu’on ne parle point ainsi, & qu’il faut dire Chingulais. Voyez ce mot.

☞ CEINDRE. V. act. Cingere. Je ceins, nous ceignons, je ceignois, j’ai ceint, je ceindrai, que je ceigne. Entourer, environner. On ceint une ville de murailles, de fosses. Cingere urbem mænibus, fossâ. On ceint un parc de murs, de haies vives.

Ceindre l’épée à quelqu’un. C’est lui mettre l’épée au côté.

Ceindre son corps, ses reins ; se ceindre le corps, les reins, c’est les serrer avec une ceinture ou quelqu’autre chose. Les Juifs étoient obligés de ceindre leurs reins, & d’être debout, quand ils mangeoient l’Agneau Paschal. Le Roi ceint l’épée aux Gentilshommes, quand il les fait Chevaliers. Le grand Muphti ceint l’épée au Grand-Seigneur, ce qui est comme la cérémonie du Sacre des Rois parmi les Chrétiens. Du Loir, page 64.

On le dit aussi des couronnes, ou autres marques d’honneur, dont on environne le front. Il est ceint d’un bandeau royal, d’un diadème. Sa tiare étoit ceinte d’un bandeau de pourpre. Vaugel.

Ceindre (se) le front d’un diadème, c’est se mettre une couronne sur la tête.

☞ Dans le style noble & soutenu, en parlant d’un Conquérant, on dit que la Victoire lui a ceint le front de lauriers.

Et ton front cette fois
Sera ceint de lauriers qu’on ne vit jamais luire
Sur la tête des Rois Malh.

☞ Le Poëte auroit pu trouver un mot plus propre que luire.

☞ On dit poétiquement ceindre la couronne, la thiare, pour parvenir à la Royauté, à la Papauté.

Ceint, einte, part.

CEINTES, s. f. Terme de Marine. On dit aussi chaintes, carreaux, préceindes, ou perceintes, ou lisses. Ce sont des rebords ou espèces de cordons qui regnent au pourtour du navire, dont les trois premières d’enbas se nomment particulièrement précintes, & les autres au-dessus carreaux de lisse. Navis coronæ. Ces pièces servent à donner la grâce & la rondeur au pourtour du navire, aussi bien qu’à le fortifier, & à marquer la division des tillacs, & font le même effet au vaisseau, que les plinthes aux façades des bâtimens sur terre. La première se place à cinq pieds ou environ au-dessous du premier sabord à l’endroit du maître bau. La deuxième est parallèle & distante de la première de 18 à 22 pouces, & les autres de même.

CEINTRAGE. s. f. Terme de Marine, se dit généralement de tous les cordages qui ceignent, qui lient ou qui environnent les vaisseaux. Funes quibus cingitur ac religatur navis.

☞ CEINTRE. Voyez Cintre.

☞ CEINTRER Voyez Cintrer.

CEINTURE. s. f. Espèce de lisière, de différentes matières, qu’on met autour des reins pour les serrer. Cingulum, cingulus, zona. ☞ L’usage des ceintures est fort ancien. Celle que Dieu commanda au Grand-Prêtre des Juifs de porter, étoit un tissu de fil d’or, de pourpre, d’écarlate, de cramoisi & de fin lin retors. Lorsque les Juifs célébroient la Pâque, ils avoient des ceintures autour de leurs reins, suivant l’ordre qu’ils en avoient reçu de Dieu. J. C. envoyant les Apôtres prêcher l’Evangile, leur défend de porter aucun argent à leurs ceintures : neque pecuniam in zonis vestris : la bourse tenoit à cette ceinture.

☞ Les Romains portoient toujours une ceinture qui leur servoit à retrousser leur robe quand ils vouloient agir. Cette coutume étoit si générale, que ceux qui n’avoient point de ceinture, & qui laissoient traîner leur robe, passoient pour des gens oisifs & voluptueux. Dac. De-là les expressions latines, distinctus, & altè cinctus, un homme indolent, & un homme alerte, actif.

☞ L’usage des ceintures a été aussi fort commun chez nous : mais les hommes ayant cessé de porter des habits longs, & la mode des paniers & des robes lâches s’étant introduire pour les femmes, la ceinture est demeurée aux premiers Magistrats, aux gens d’Eglise, aux Religieux, & à quelques femmes seulement…

☞ L’aube du Prêtre se serre avec une ceinture de fil ou de soie. Cette ceinture est le symbole de la chas-