Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
356
CEN

de Génésareth, la mer de Tibériade ou de Galilée dans le nouveau. C’est le grand lac que forme le Jourdain entre la partie de la Tribu de Manassé, qui étoit à l’orient du Jourdain, & la Tribu de Zabulon à l’occident, ayant au midi une partie de la Tribu d’Issachar, & au septentrion une partie de celle de Nephthali.

CENEVÉ. Voyez Senevé.

CENGLE. s. f. Du Cange, le P. Monet, édition de Rouen, 1637, le P. Binet, Dupuis sur Etienne, & Baudouin sur Nicod, écrivent de la sorte.
CENGLÉ, ÉE, adj.
CENGLER.

Furetière & Ménage conviennent qu’autrefois on écrivoit changle, changler, cependant ils écrivent sangle, sangler, comme l’Académie, Richelet, Joubert, Boudot & plusieurs autres Modernes. Danet écrit sengle & cengle, ce qui prouve qu’il balançoit sur le choix qu’il devoit faire. Voyez Sangle.

CENIS. Montagne qui est dans la partie des Alpes, que les Anciens appeloient les Alpes Cottiennes. Cenisius mons, ou Cinereus mons. Le mont Cenis est le passage ordinaire de ceux qui vont de France en Italie. Il est aux confins du Piémont & de la Savoie, entre le Marquisat de Suze & la vallée de Morienne.

☞ CENIS. (les) Peuple de l’Amérique septentrionale dans la Louisiane, vers la source d’une rivière de même nom, qui a son embouchure à l’occident de celle du Mississipi.

CENOBIARQUE ou CŒNOBIARQUE. s. m. Supérieur de Communauté, Supérieur d’un Monastère, Supérieur d’une maison de Moines vivans en commun. Cœnobiarcha, Cœnobiarchus, Monasterii Præses, Monasterio Præfectus. Quelques-uns écrivent Cénobiarque, comme l’on prononce. S. Théodose le Cenobiarque, après avoir beaucoup souffert pour la foi catholique, mourut en paix. Chastelain.

Ce mot est composé de trois noms grecs κοινὸς, commun, βιὸς, vie, & ἀρχὴ, commandement ; & signifie proprement celui qui a le commandement sur des Cénobites, c’est-à-dire, sur des personnes qui vivent en commun. Cette étymologie montre qu’il faudroit écrire Cœnobiarque.

CÉNOBITE. s. m. Religieux qui vit dans un Couvent, ou en commun, sous une certaine Règle, par opposition à Ermite ou Anachorète. Cœnobita. Cassien remarque que le Couvent est différent du Monastère, en ce que le Monastère se peut dire de l’habitation d’un seul Religieux ; au lieu que le Couvent ne se dit que de plusieurs Religieux habitant ensemble, & vivant en communauté ; comme le porte la signification du mot grec κοινοϐίτης, de κοινὸς, communis, & βιὸς, vita. Voyez la Règle de Saint Benoît, & les Commentaires sur cette règle, de Dom Armand Jean de Rancé, Abbé de la Trappe ; de D. Mége, Moine Bénédictin de la Congrégation de Saint Maur. Dans les Monastères d’Egypte, les uns étoient Anachorètes, gardant une entière solitude, & ne parlant qu’à Dieu & à eux-mêmes : les autres Cénobites, pratiquant la loi de la charité dans une Communauté, morts pour tout le reste des hommes, se tenant lieu de monde les uns aux autres, & s’excitant mutuellement à la vertu. Fleury. Les Disciples de Saint Basile étoient Cénobites, vivant en communauté ; aussi le pays (la Cappadoce) étoit trop froid, pour se pouvoir écarter dans les déserts comme en Egypte, & vivre en Anachorètes. Id. Dans la dix-huitième Conférence de Cassien, l’Abbé Piammon parle de trois différentes sortes de Moines qui se trouvoient en Egypte. Les Cénobites qui vivoient en communauté ; les Anachorètes, qui après s’être formés dans les communautés, passoient dans la solitude ; & les Sarabaïtes, qui n’étoient que de faux Moines, & des coureurs. Il rapporte au temps des Apôtres l’institution des Cénobites, comme un reste, ou une imitation de la vie commune des premiers Fidèles de Jérusalem. Les Cénobites & les Anachorètes étoient à peu près en nombre égal dans l’Egypte.

Ce n’est point Saint Pacôme qui a été le pere des Cénobites, & qui a fondé les premiers Monastères parfaits, comme l’a cru M. de Tillemont ; c’est Saint Antoine. Saint Ammon fonda même des Monastères dans la partie de l’Egypte qu’on appeloit Nitrie, avant que Saint Pacôme en établît aucun. Voyez le P. Hélyot, Disc. Prélim. ch. 6 & 7.

CÉNOBITIQUE. adj. Qui appartient à la vie religieuse & monastique. Cœnobiticus. Saint Pacôme est l’instituteur de la vie cénobitique, parce que c’est le premier qui forma des Communautés réglées. Du Pin. Saint Pacôme est le premier dont nous ayons une règle, & qui ait donné la forme entière à la vie cénobitique. Il vivoit au commencement du IVe siècle, & sa conversion ne peut guère être arrivée plus tard que l’an 313. Fleury.

Mais le P. Hélyot pense autrement que MM. Du Pin & Fleury. Voyez la fin de l’article Cénobite.

CÉNOMAN, ANE. s. m. & f. Nom d’un ancien peuple de la Gaule Celtique. Cenomanus. Ce sont les anciens Manseaux, ou les peuples qui habitoient le Maine.

Il y avoit aussi des Cénomans dans la Gaule Cisalpine. Leur capitale étoit Bresse, Brixia. Les Romains eurent quelquefois affaire à eux.

CÉNON. s. m. Nom de dignité parmi les hérétiques Montanistes. Les Montanistes avoient des Patriarches, des Cénons, & les Evêques ne tenoient que je troisième rang parmi eux. Du Pin.

CÉNOTAPHE. s. m. Tombeau vide ; monument dressé à la mémoire de quelque mort illustre enterré ailleurs, ou dont on n’a pu trouver le corps après une bataille, ou un naufrage. Tumulus inanis, sepulchrum honorarium, cœnotaphium. Le Cardinal Noris a fait des dissertations sur les Cénotaphes des Césars Caïus & Lucius, qui sont à Pise. Voyez Tombeau.

Ce nom vient de κενὸς, vide, & de τάφος, sépulcre.

CENS. s. f. Terme d’Histoire Romaine. Le cens, census, chez les Romains, n’étoit autre chose que la déclaration authentique que faisoient les sujets de l’Empire de tous leurs biens meubles & immeubles, devant les Magistrats commis pour cela. Ils étoient appelés Censeurs dans la ville de Rome, & Censiteurs dans les Provinces. Ces déclarations étoient accompagnées d’un dénombrement par écrie des fonds qu’ils possédoient, de leur qualité & de leur quantité, avec les tenans & les aboutiisans. Chorier, L. IV, p. 193.

☞ Tullus Hostilius institua le cens, & fit le premier le dénombrement du peuple Romain, pour savoir quel nombre il pouvoit avoir de combattans, & quel secours d’argent il en pouroit tirer. Cet usage se perpétua sous le gouvernement républicain. Les Censeurs étoient obligés d’avoir un registre exact de toutes les déclarations, & de veiller à ce qu’aucun étranger ne se fît inscrire par surprise ; ne quis in censorias tabulas irreperet.

☞ Le Cens embrassoit les trois ordres de la république ; les Sénateurs, les Chevaliers & le peuple : lectio & recitatio senætus, censio, recensio & recognitio, & census ou lustrum. Le Censeur assis sur la chaire curule faisoit appeler les sénateurs par l’Huissier chacun par son nom ; legebant ou recitabant senatum. Ils rayoient de la liste ceux qu’ils vouloient déposer, & en substituoient d’autres à leur place tirés du nombre des Chevaliers. In senatum legere.

☞ On appeloit de même les Chevaliers les uns après les autres, & lorsqu’il n’y avoit rien à redire à leur conduite, le Censeur leur disoit, Præteri & traduc equum. Si on avoit des reproches graves à lui faire, on lui ôtoit la pension & le cheval, equus adimebatur.

☞ Ensuite on passoit à la revue du peuple, non-seulement de Rome, mais de toutes les villes municipales qui avoient le droit de bourgeoisie dont