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ovales en deux loges, qui renferment une semence noire & menue.

On se sert dans le Pérou, à Lima sur-tout, d’une espèce de petite Centaurée, qu’on apporte des montagnes du Chili, & qu’on nomme Cacheu : elle est bonne contre les fièvres comme notre petite Centaurée ; on lui donne encore plusieurs autres qualités qui conviennent avec celles que nous reconnoissons dans la nôtre. Cette plante diffère de notre Centaurée, par la disposition de ses branches, qui sont plus écartées les unes des autres, plus longues, opposées cependant par ses feuilles, qui sont beaucoup plus étroites, & par ses fleurs, qui ne sont point ramassées en bouquet, & qui ont chacune leur pédicule formé par l’extrémité de la branche. Centaureum minus, purpureum, patulum. Histoire des Plantes du Journal historique du Père Feuillée.

CENTAURELLE. s. f. Femme de Centaure. Voyez Centaure.

CENTÉNAIRE. adj. m. & f. Qui a cent ans, qui contient cent ans. Centenarius. Il n’est guère en usage qu’en parlant du nombre cent, de la possession & de la prescription centenaire. Centenarius. Il n’y a que la prescription centenaire qui coure contre l’Eglise. La possession centénaire n’est pas valable, quand on prouve la mauvaise foi d’un possesseur. On dit aussi un nombre centénaire, pour dire, qui en comprend cent. Numerus centenarius.

Centenaire. s. m. Cent livres pesant. Le Calife Almamon voyant qu’il ne pouvoit tirer Léon de son pays, lui proposa par lettres plusieurs questions de Géométrie & d’Astronomie, & fut si satisfait de ses réponses, qu’il écrivit à l’Empereur Théophile, le priant de le lui envoyer pour un peu de temps, & offrant pour cet effet cent centenaires, c’est-à-dire, dix mille livres d’or, & une paix perpétuelle… Fleury.

CENTENE. s. f. Centena. Charge, dignité de Centénaire.

CENTENIER. s. m. Chef qui commandoit à cent hommes chez les Romains. Centurio. Jésus-Christ guérit le serviteur du Centenier. Je n’ai pas, Seigneur, une foi aussi vive que celle de l’humble Centenier, qui lui fit tout d’un coup obtenir l’effet de ses prières ; je m’unirai à vos Apôtres, afin de vous demander avec eux l’augmentation de la mienne. Mad. de la Vall. M. de Harlay de Chanvallon, dans sa Traduction de Tacite, Vigenère, dans son Tite-Live & son César ; M. de la Mare, dans son Traité de la Police ; & d’autres, l’ont dit souvent. Dans cette sédition fut tué un Centenier nommé Lucilius. Harlay. Tous les autres Centeniers se cachèrent. Id. La solde de l’homme de pied légionnaire, selon Polybe, ne fut premièrement que de deux oboles par jour. Le Centenier avoit le double. Vigen. César trouva à dire neuf cent soixante de ses soldats, & quelques trente Centeniers. Id. ☞ M. de Cordemoi s’est aussi servi de ce mot. Malgré toutes ces autorités, le mot de Centenier est particulièrement consacré au style de l’Ecriture & aux matières de dévotion ; & dans l’usage ordinaire, on dit plutôt Centurion, que Centenier.

Centenier a aussi été un Officier de nos Rois sous la première race. Les Comtes n’avoient eu d’abord que l’administration de la Justice, mais depuis on leur accorda celle des armes. Ils n’avoient l’une & l’autre que dans une seule ville ; & cette ville étoit toujours considérable : car on mettoit des Vicaires ou Viguiers dans les autres villes ; & ces Vicaires étoient fournis aux Comtes, comme les Centeniers, qu’on mettoit dans les bourgs, pour tout un petit pays. Cordem. Il paroît que c’étoient les Francs qui avoient apporté cet usage dans les Gaules ; car les Goths, les Germains & les Lombards l’avoient. Il en est parlé dans les Loix des Visigots, Liv. II, Tit. II, L. 26, & Liv. IX, Tit. II, Liv. 1. Les Capitulaires de Charlemagne, & de Louis le Débonnaire, la Loi de Charlemagne qui se trouve dans les Loix des Lombards. Liv. II, Tit. LII ; Liv. 3 ; & dans ses Capitulaires Liv. III, c. 79, décrivent, la Juridiction du Centenier. Grégoire de Tours en parle aussi, Liv. IX, Hist. Fr. c. 5. Voyez Hoffman Spelman, & les notes d’Otton sur B. Rhenan. Rerum Germ. Lib. II, p. 261. Voyez aussi le Traité de la Police de M. de la Mare, Liv. I, Tit. V c. 1. Les Centeniers étoient des Juges distribués dans les villages. Chorier, Liv. X, p. 664. Le Centenier ne pouvoit condamner à mort. Le Gendre. On les appeloit aussi Centénarions, Centenariones. Ils ne jugeoient que des affaires de peu de conséquence, & Walafridus Strabo dit qu’on peut les comparer aux Prêtres qui gouvernent les Eglises où il y a des fonts baptismaux ; c’est-à-dire, aux Curés, & aux moindres Prêtres. Outre les Auteurs cités, on peut voir le Glossaire Salique de Chifflet, & les Gloses de M. Pithou.

☞ Les Comtes assembloient les hommes libres, & les menoient à la guerre. Ils avoient sous eux des Officiers qu’ils appeloient Vicaires ; & comme tous les hommes libres étoient divisés en centaines, qui formoient ce qu’on appelle un Bourg, les Comtes avoient sous eux des Officiers qu’on appeloit Centeniers, qui menoient les hommes libres du Bourg ou leurs centaines à la guerre. Montesq.

☞ Encore aujourd’hui, en parlant de la Milice des bourgs & villes du Royaume ; on appelle Centenier, un Officier qui commande cent hommes.

☞ CENTIÈME. adj. de t. g. Nombre d’ordre de cent. Centesimus. La centième année, la centième personne. Malherbe a dit, pour exprimer cent ans :

Le centième Décembre, a nos plaines ternies,
Et le centième Avril les a peintes de fleurs.

☞ On le dit substantivement ; Vous n’êtes pas le centième à qui cela soit arrivé. Impôt du centième sur les denrées & marchandises. Centesima rerum venalium. Avoir un centième dans une affaire, dans une ferme.

Centième denier, est la centième partie du prix ou de l’estimation des immeubles qui se paye au Roi par tous les nouveaux Acquéreurs, à quelque titre que ce soit, lucratif ou onéreux. Il n’y a que ce qui vient par succession en ligne directe, & les autres cas énoncés dans l’Edit de création qui soit exempt de ce droit.

CENTINODE. s. f. Petite plante qui est ainsi appelée, à cause que ses tiges sont pleines de nœuds. En latin, polygonum latifolium, ou centinodia. C’est une espéce de renouée. Voyez Renouée.

☞ CENTO, Petite ville, autrefois fortifiée, dans le Ferrarois, sur les confins du Boulonnois & du Modénois.

CENTON. s. m. Ouvrage composé de plusieurs vers ou passages empruntés d’un ou de plusieurs Auteurs. Cento. Proba Falconia a écrit la vie de J. C. en centons tirés de Virgile. Etienne de Pleurre, Chanoine régulier de Saint Victor de Paris, a fait la même chose. Son ouvrage est approuvé par deux Docteurs de la Faculté de Théologie de Paris, qui disent que cet Auteur a fait des couronnes à J. C. & aux saints Martyrs, de l’or de l’Idole de Moloch. Voici un exemple de ces centons sur l’adoration des Rois.

Adoratio Magorum. Matth. 2.
6 æ. 255 Ecce autem primi sub lumine folis & ortus,
2 æ. 694 Stella facem ducens multa cum luce cucurrit.
5 æ. 526 Signavitque viam* cœli in regione serena 8 æ. 528
(1) Magi.
1 g. 415
8 æ. 330 Tum(1) Reges* (credo quia sit divinitùs illis
1 g. 416 Ingenium, & rerum fato prudentia major)