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CES

blanche ou du muscle droit, incision par laquelle on ouvre le péritoine, & ensuite la matrice. L’expérience a fait voir que les plaies des muscles de l’épigastre, du péritoine, & celles de la matrice ne sont pas mortelles, de sorte qu’on peut ouvrit quelquefois le ventre de la mère pour en faire sortir l’enfant. Mais ce n’est pas sans un très-grand danger. Aussi ces sortes d’opérations se pratiquent très-rarement. Ceux qui sont venus au monde de cette manière, ont été appelés Cæsares & Cæsones, à cæso matris utero, comme César, Scipion l’Africain & Manlius. François Rouffet, Médecin du Roi, a fait un bon traité de l’Opération Césarienne.

CÉSARILIO di S. Maria. C’étoit autrefois une ville nommée Appii Forum, le Marché d’Appius. Elle étoit entre Terracine & les trois Hôtelleries, dans le Latium, ou Pays Latin, près de la Palus Pontine.

CÉSARIN. s. m. Nom d’un parti qui se forma dans l’Ordre de S. François, contre les relâchemens qu’y introduisit le P. Hélie, Général de l’Ordre, après la mot de S. François. Ce parti prit ce nom du P. Césaire de Spire, qui en étoit le Chef. Cesarinus. Les Césarins, après l’apostasie du P. Hélie, eurent quelque relâche, & jouirent de la tranquillité dans leur solitude jusqu’au Généralat de Crescence de Jési, dont les relâchemens les obligèrent à sortir de leurs retraites pour s’y opposer. Leurs efforts ayant été inutiles, ils retournèrent dans leurs pauvres maisons, sans vouloir faire de Congrégation séparée, & S. Bonavenrure ayant été élu Génétal, & ayant retranché tous les relâchemens, il ne fut plus parlé de Césarius. P. Hélyot. T. V, c. 3.

CÉSARION. s. m. Nom d’homme. Cæsarion. C’est le nom que César souffrit que l’on donnât au fils qu’il eut de Cléopatre, & qu’Auguste fit mourir après la prise d’Alexandrie. Le P. Soucier, Jésuite, a publié une médaille très-singulière de Jules César, qui représente d’un côté la tête d’une Victoire ailée de même qu’on la voit sur d’autres médailles de Jules, à cela près qu’elle est un peu différemment coëffée. L’inscription est Cæsar. dict. ter. Au revers il y a une couronne de laurier, dans laquelle est la tête nue d’un jeune homme, tournée à gauche : devant la tête & dans le champ de la médaille se voit une feuille de laurier, qui n’est point de la couronne. A droite est un A, & à gauche au-dessus de la feuille de laurier un autre A. Quelques Médaillistes prétendoient que ce jeune homme étoit Césarion, & que l’époque de la troisième Dictature de César, marquée sur la médaille, étoit l’année que cet enfant naquit ; mais le P. Soucier a montré qu’elle avoir été frapée pour Auguste, & qu’elle marquoit la distinction que César lui fit cette année-là, à son triomphe de l’Afrique, en lui donnant part aux distributions qu’il fit à ceux qui avoient servi dans la guerre d’Afrique. Césarion ressembloit fort à César, à ce que disoient quelques Historiens Grecs. Suétone en parle dans Jules, ch. 52, & dans Auguste, ch. 17.

CESÈNE. Ville d’Italie, en l’Etat de l’Eglise, dans la Romagne, sur la rivière de Savio, avec un Evêché suffragant de l’Archevêché de Ravenne, C’est une assez grande ville, peu peuplée.

☞ CESIL. Ville de la Palestine, dans la Tribu de Juda. Eusèbe l’appelle Xil, & la place dans la partie méridionale de cette Tribu.

☞ CESION. Ville de la Palestine, dans la Tribu d’Issachar. Elle fut cédée aux Lévites de la famille de Gerson.

CESSANT, ANTE. part. & adj. qui se dit en cette phrase ou autres semblables. Il faut exécuter cet ordre, toutes affaires cessantes, tous empêchemens cessans. Cessans.

CESSATION, s. f. Discontinuation de quelque travail ou de quelque action. Cessatio, intermissio. La trêve emporte une cessation d’armes, d’hostilités. Il y a cessation de plaidoiries à la Grand’Chambre le 14 d’Août. Cessation de travail, cessation de commerce, cessation de toutes poursuites.

CESSE. s. f. Qui se dit toujours avec la négative exprimée par la proposition sans ; & signifie alors, continuellement, sans relâche. Sine ulla imermissione, assiduè, continenter. Pour devenir savant, il faut étudier sans cesse. L’Evangile nous avertit qu’il faut prier Dieu sans cesse. Son adversaire se répandoit sans cesse en bravades ; & étaloit son éloquence avec beaucoup de faste. P. d’Orl.

Et le destin d’Oreste
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu’il n’y viendra jamais. Racine.

Seigneur, afflige-moi sans cesse,
Mais ne m’abandonne jamais. L’Abbé Têtu.

On dit familièrement, n’avoir point de cesse, n’avoir aucune cesse ; pour dire, ne cesser point. Il n’aura point de cesse, que vous ne lui ayez accordé ce qu’il demande, qu’il ne soit parvenu à ses fins.

☞ CESSE. Petite rivière de France, dans le Languedoc, qui a sa source dans le Diocèse de Saint-Pons, traverse le canal Royal, dans le Diocèse de Narbonne, où elle se perd dans l’Aude.

☞ M. Corneille met une rivière de ce nom, dans le Luxembourg. Voyez Léche.

☞ CESSER. Cessare, definere. Selon Vaugelas, le mot de cee=sser est naturellement neutre, & plus rarement actif. En effet, il est d’un usage moins fréquent à l’actif, qu’au neutre ; & il signifie mettre fin à une chose, en arrêter le cours en l’abandonnant.

On dit activement, cesser ses plaintes, ses murmures ; cessez vos tendres reproches, mettez fin. Mollium define querelarum. Cessez, cessez moi tous vos chants d’allégresse. Mol.

On dit neutralement la pluie a cessé ou est cessée. L’orage n’a point cessé. Sa fièvre ne cessa que sur le soir. On le joint à l’infinitif d’un autre, par le moyen de la particule de. Cesser de médire de quelqu’un. Cessare de aliquo detrahere. Cesser de parler, d’agir, de pleurer, de se plaindre. Il a cessé de pleuvoir.

Pour être Souverain, faut-il cesser d’être homme ? Corn.

☞ Souvent aussi, il est employé avec le verbe faire. Faire cesser les travaux.

Cesser, finir, discontinuer, considérés dans une signification synonyme. On cesse, en abandonnant l’entreprise ; on discontinue en l’interrompant ; on finit en l’achevant. Pour finir son discours à propos, il faut le faire un moment avant que d’ennuyer. On doit cesser ses poursuites, dès qu’on s’apperçoit qu’elles sont inutiles. Il ne faut discontinuer le travail que pour se délasser, & pour le reprendre ensuite avec plus de goût & plus d’ardeur. Les personnes qui ne finissent point leurs narrations, & ne cessent de parler sans discontinuer, sont aussi peu propres à la conversation que celles qui ne disent mot. Syn. Fr.

Cessé, ée. part.

CESSIBLE. adj. m. & f. Terme de Droit François. Qui peut être cédé, transporté d’une personne à une autre. Quod potest cedi, quod potest tradi alteri. Le retrait féodal est cessible, à moins que le contraire ne soit porté par la Coutume ; & comme la nôtre (celle de Chartres) n’en parle point, il faut dire, que le retrait féodal est cessible ; & la maxime en est aujourd’hui constante, contre l’opinion de Me  Charles Du Moulin sur l’article 20 de la Coutume de Paris. On n’a point suivi en cela Du Moulin, & par tous les Arrêts, il a été jugé que le retrait féodal est cessible. De Merville. Mais M. De Merville ne