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rapporte fort au long les cérémonies de ces combats, & les peines des vaincus.

Cette coutume de décider les différens qu’on avoit, par le combat, vint autrefois du Nord en Allemagne, en France, en Bourgogne, & passa insensiblement dans tout le reste de l’Europe. On choisissoit deux champions pour soutenir le pour & le contre. Avant que d’en venir aux mains, il falloit qu’il y eût sentence qui autorisât le combat. Quand le Juge avoit prononcé, l’accusé jetoit un gage (d’ordinaire c’étoit un gant.) Ce gage de bataille étoit relevé par le Juge & quelquefois par l’accusé avec la permission du Juge ; ensuite les deux combattans étoient envoyés en prison, ou mis à la garde de gens qui en répondoient. Celui des deux qui s’enfuyoit étoit déclaré infâme, & convaincu d’avoir commis le crime qu’on lui imputoit. Les gages reçus, l’accusé & l’accusateur ne pouvoient plus s’accommoder que du consentement du juge. Ils ne l’obtenoient qu’avec peine, & jamais sans payer l’amende que le Seigneur avoit droit de prendre sur la succession du vaincu. C’étoit le Juge ou le Seigneur qui fixoit le jour du combat. C’étoient eux qui étoient tenus de préparer le champ, & de fournir aux combattans des armes sortables. Si le combat se faisoit à pied, les champions ne pouvoient avoir qu’une épee & un bouclier ; s’il se faisoit à cheval on les armoit de toutes pièces. Ces armes étoient portées au son des fifres & des trompettes, par le Juge, au milieu du champ ; & là, bénites par un Prêtre avec de grandes cérémonies. Avant que de s’approcher, les combattans juroient qu’ils n’avoient sur eux aucun charme, & qu’ils se comportoient en loyaux & preux Chevaliers. Ensuite les parreins leur ceignoient l’épée, & d’autres gens leur présentoient, l’un le cheval, l’autre la lance. Enfin par un cri public les Hérauts défendoient au peuple de faire ni signe, ni bruit, ni de favoriser en quelque manière que ce fût l’un ou l’autre des combattans.

L’action commençoit par force démentis que se donnoient les champions ; puis les trompettes ayant sonné, ils en venoient aux mains. Après qu’ils s’étoient donné le nombre de coups de lance, d’épée ou de dague qui étoient marqués dans le cartel, les Juges du combat jetoient en l’air une baguette pour avertir les champions que le combat étoit fini. S’il duroit jusqu’à la nuit avec un succès égal, l’accusé étoit réputé vainqueur : la peine du vaincu étoit celle qu’eût mérité le crime dont on l’accusoit. Si le crime méritoit la mort, le vaincu étoit désarmé, traîné hors du champ, & exécuté aussi-tôt. Il n’y avoit que les Ecclésiastiques, les malades, les estropiés, les jeunes gens au-dessous de 20 ans, & les hommes au-dessus de 60 qui fussent dispensés du combat. Tous étoient obligés de combattre en personne, ou de mettre un homme en leur place. On nommoit proprement champions ces braves de profession, qui moyennant bien de l’argent entroient en lice pour un autre. Si le crime dont il s’agissoit méritoit une peine capitale, le champion qui succomboit étoit, sans forme de procès, mis à mort le moment d’après, avec l’accusateur ou l’accusé qui l’employoit. Le Gendre.

Champion du Roi, en Angleterre, est un Héraut qui, après Le couronnement du Roi, entre à cheval & armé de toutes pièces dans la salle du festin, jette le gant par terre, & présente un cartel à quiconque oseroit nier que le nouveau Prince soit légitime Roi d’Angleterre.

On dit figurément, que les Martyrs ont été de braves champions de la foi, parce qu’ils l’ont défendue au péril de leur vie. Et en général, il se dit de toutes sortes d’assaillans braves, généreux, illustres. Martin, Secréraire du Pape Félix V, a fait un Poëme en faveur des Dames, qu’il a intitulé, le Champion des Dames.

Une palme si vulgaire,
N’est pas pour un tel champion. Voit.

Champion ne se dit guère aujourd’hui que dans le style familier ou le style burlesque, & en riant. Tandis que les coups de poing alloient & que nos champions songeoient à se défendre. La Fontaine.

On dit par raillerie, d’un homme qu’on estime peu vaillant, que c’est un vaillant champion. Ac. Fr.

Champions. (Eau de deux) Voyez Eau.

CHAMPISTEAUX. adj. On l’a dit autrefois pour dépiteux. Morosus, fastidiosus.

☞ CHAMPLEMY, Ville de France dans le Nivernois, à sept lieues de Nevers.

☞ CHAMPLEVER. v. a. Chez les Bijoutiers, c’est surbaisser avec une chape le champ d’une pièce, & le réduire à la hauteur précise où il doit rester, pour y incruster des pierreries ou y placer des émaux. Encyc.

☞ Chez les Fourbisseurs & les Ciseleurs, c’est creuser & découvrir au burin, sur un morceau d’acier, les figures qu’on y a dessinées, & qu’on doit mettre en bas-relief.

☞ CHAMPLITTE. Petite ville de France en Franche-Comté, sur la rivière de Salon, à trois lieues & demie de Gray.

☞ CHAMPLURE. s. f. C’est ainsi qu’on appelle dans quelques campagnes une petite gelée qui endommage les vignes.

☞ CHAMPTOCEAUX. Ville de France en Anjou, avec titre de Baronnie, à neuf ou dix lieues d’Angers sur la Loire.

CHAMSIE. s. m. & f. Nom d’une secte de gens qui se trouvent en Syrie. Chamsius, a. Les Chamsies adoroient le soleil. Le zèle des Missionnaires a fait qu’on ne voit presque plus aujourd’hui les superstitions de ces hommes, que l’on appelle Chamsies. Mémoires des Missions du Levant T. IV, 38.

CHAN. Voyez Cham, & prononcez Kan.

Chan. s. m. C’est une Hôtellerie chez les Turcs, & la même chose que Caravenseras. Voyez ce mot. Les Chans servent de retraite aux Voyageurs, soit dans les campagnes où il n’y a point d’habitations, soit dans les villes mêmes ; & l’on y loge gratis.

CHANAAN. s. m. C’est le nom propre d’un fils de Cham, qui donna son nom à la terre que sa postérité eut en partage, & dont nous allons parler. Les enfans ou la postérité de Chanaan fut maudite par Noé. Chanaan est quelquefois la même chose que les Chananéens, la postérité de Chanaan ; de même qu’Israël signifie souvent les Israëlites. Les Sidoniens, Amalec & Chanaan vous ont opprimé. Jud. X, 12. Chanaan signifie aussi quelquefois le pays qu’on appelle plus communément la terre de Chanaan. Ainsi l’on trouve dans l’Ecriture les bornes, les confins de Chanaan, les Rois de Chanaan. La langue de Chanaan, c’est-à-dire, chananéenne ou des Chananéens, est celle que nous nommons plus ordinairement la langue phénicienne. C’étoit la même langue que l’hébreu ; ou du moins elle en différoit très-peu, comme nous le voyons par tous les noms de cette langue qui sont dans l’Ecriture, & par les mots puniques que saint Augustin & les autres anciens nous ont conservés.

Chanaan. La terre de Chanaan. Terra Chanaan, Chanaanitis. C’est la terre qu’occupèrent les Chananéens, promise ensuite à Abraham, & donnée à sa postérité, & appelée la Terre promise, la Terre de promission, la Terre-Sainte. Elle comprenoit en général ce qui est enfermé entre l’Arabie déserte au midi, la mer Morte & le Jourdain au levant, la Phénicie & l’Anti-Liban au nord, la Méditerranée & les Philistins au couchant, & outre cela les Royaumes d’Og & de Basan à l’orient du Jourdain. Cependant, quoique les Rois & les peuples de ces deux Royaumes fussent des Chananéens, on ne les comprend point communément dans ce qu’on appelle la Terre de Chanaan. Elle étoit divisée en plusieurs Royaumes, dont il est parlé dans les Livres de Moïse, & sur-tout dans celui de Josué. De la Rue a fait une carte de la Terre de Cha-