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gardent leur bois. Fabri curruum, plaustorum, carrorum officina. On dit aussi que les pierres sont en chantier, quand elles sont dans le lieu où on les a taillées.

Chantier, se dit aussi d’un magasin, ou des lieux où les Marchands de bois empilent ou serrent leur bois pour le vendre aux particuliers. Strues lignorum, apotheca lignaria, materiaria. Il y a des chantiers de bois de chauffage, d’autres de bois de menuiserie & de charpenterie.

☞ On dit souvent parmi les ouvriers, qu’une chose est sur le chantier, pour dire qu’elle se travaille actuellement. Cette expression a passé des atteliers dans la société, où elle s’applique à d’autres ouvrages qui n’ont rien de méchanique.

CHANTIGNOLE. s. f. Espèce de brique, qui doit avoir huit pouces de long sur quatre de large, qu’on appelle autrement demi-brique, parce qu’elle n’a que la moitié de l’épaisseur des autres. Laterculus.

Chantignoles, en termes de Charpenterie, se dit des petites pièces de bois qui sont au-dessous des tassaux, qui soutiennent les pannes de charpenterie & autres pièces semblables. Elles ont autant en hauteur que les pannes, en grosseur, & sont de la grosseur des jambes de force. Les chantignoles sont encastrées d’un pouce dans le corps de la force, & viennent à mourir à rien, c’est-à-dire, sont coupées & échancrées. On appelle aussi, chantignoles, les pièces de bois qui servent à porter les poaliers sur lesquels roulent les tourillons des cloches.

CHANTILLY. Bourg de l’île de France, à sept lieues de Paris, & à une lieue de Senlis. Cantiliacum. Il y a une maison magnifique qui appartient à M. le Prince de Condé, & qu’on appelle aussi du nom du bourg de Chantilly. Le Prince de Condé, Louis de Bourbon, parut aussi grand, retiré à Chantilly les dernières années de sa vie, qu’il avoit paru à la tête de nos armées & dans les batailles.

☞ CHANTOCÉ. Petite ville, château & Baronie de France en Anjou, près de la Loire, un peu au-dessus d’Ingrande.

CHANTOCEAUX. Bourg, ou petite ville de France en Bretagne, sur la Loire, à trois lieues au-dessus de Nantes.

CHANTOURNÉ. s. m. Pièce d’un lit qui est de bois bien travaillé, ou couvert d’étoffe, & qui se met entre le dossier & le chevet. Chantourné bien fait, mal fait.

CHANTOURNER, v. a. Terme d’Architecture & de Menuiserie. Couper en dehors ou évider en dedans une pièce de bois, de fer, ou de plomb, suivant un profil, ou dessein donné. Extrorsum vel retrorsum incidere.

Chantourner, se dit aussi en Peinture des objets représentés sur la toile, & des bordures auxquelles on a pratiqué des éminences ou contours qui font rentrer & saillir quelques-unes de leurs parties. Encyc.

CHANTRE. s. m. Celui dont la fonction est de chanter dans une Eglise au service divin. On ne dit chanteur que quand il s’agit d’un chant profane. Cantor. Tous les grands Chapitres ont des Chantres & des Chapelains, pour soulager les Chanoines & faire l’Office en leur absence. C’est S. Grégoire, qui a institué les Chantres, & qui en fit un corps qu’on appela l’Ecole des Chantres. Schola Cantorum. Anastase le Bibliothécaire semble cependant l’attribuer au Pape Hilaire, qui vivoit plus de Cent ans avant S. Grégoire. Dans le Concile de Rome tenu en 595, ce Saint se plaint, comme d’une mauvaise coutume, de ce qu’on choisissoit des Chantres parmi les Ministres du saint Autel, & de ce qu’étant Diacres, ils continuoient de chanter ; au lieu de vaquer à la prédication & à la distribution des aumônes. Il le défend, & ordonne qu’il n’y ait point d’autres Chantres que des Soudiacres, ou s’il est besoin, des moindres Clercs, & que les Diacres ne feront que lire l’Evangile à la Messe. Quelquefois les Chantres sont des Séculiers gagés qui portent l’habit ecclésiastique quand ils sont à l’Eglise.

Chantre, se dit par excellence du Maître du chœur, qui est une des premières dignités d’un Chapitre. Chori Cantorum Præfectus, Cantor, Præcentor. Il porte la chape & le bâton dans les fêtes solennelles, & donne le ton aux autres en commençant les Pseaumes & les Antiennes. Le Chantre porte dans ses armoiries un bâton de chœur derrière l’écu, pour marque de sa dignité. On l’appeloit Primicerius ; c’étoit lui anciennement qui dirigeoit les Diacres & les autres Ministres inférieurs, pour le chant & les autres fonctions de leurs emplois.

☞ Dans quelques Eglises le Chantre est la première dignité ; dans d’autres, la seconde, la troisième ou la quatrième. Dans l’Eglise de Paris, le Chantre, qui est la seconde dignité, a une juridiction contentieuse sur les Maîtres & Maîtresses d’école de cette ville.

Chantre, en Poësie, se dit de ceux qui ont excellé dans la Musique & dans la Poësie. On le dit d’Orphée, d’Amphion, d’Homère, de Pindare, &c. Chantre de la Thrace, c’est Orphée ; le Chantre Thébain, c’est Pindare, &c.

On appelle les Poëtes Chantres, Chantres d’Apollon, Chantres du Parnasse, divins Chantres des Muses.

On appelle aussi figurément & poëtiquement les rossignols, & les autres oiseaux, les chantres des bois.

Chantre, est aussi un méchant Musicien. Cantor. Les Chantres du Pont-Neuf, de la Samaritaine. Chanteur est mieux. On doit dire chanteur, quand il s’agit d’un chant profane ; & on ne dit Chantre que quand il s’agit d’un chant d’Eglise.

Chantre, est aussi un substantif féminin. Il se dit d’une Religieuse qui a bonne voix, qui sait le chant & les rubriques de l’Office, afin de redresser les manquemens qui se font au chœur. Cantatrix. La Chantre dira tout haut ce qui regarde l’Office du lendemain. Const. de Port-Royal.

Chantre, est un nom de dignité dans quelques Chapitres de filles. Les principales dignités du Chapitre d’Andennes, sont celles de Prévôté, de Doyenne, d’Ecolâtre & de Chantre. P. Hélyot, Tome VI, p. 438.

CHANTRERIE. s. f. Est la dignité, l’office ou le bénéfice du Chantre dans une Eglise Cathédrale ou Collégiale. Chori, Cantorum Præfectura. La chantrerie d’une telle Eglise vaut tant.

CHANVRE. s. m. Cannabis sativa. Plante qui porte le chénevis, & dont l’écorce sert à faire la filasse. Elle est annuelle, & on en sème des champs entiers dans plusieurs endroits du Royaume. La récolte du chanvre est d’un grand profit pour certaines Provinces, & la culture est beaucoup plus utile que celle du lin. Sa racine est longue d’un demi-pié, blanchâtre, ligneuse, fibreuse, épaisse de demi-pouce au plus à son collet, d’où part une tige carrée, velue, rude au toucher, creuse, ligneuse & tendre, couverte d’une écorce verdâtre & filamenteuse. Cette tige est rarement branchue, si ce n’est à son extrémité. Elle est haute ordinairement de 5 à 4 piés : dans les bonnes terres elle devient plus grande : elle est chargée de feuilles coupées en quatre ou cinq segmens longs de deux à trois pouces, sur un demi-pouce de largeur, disposées en main ouverte ; rudes, d’un vert brun, relevé de quelques veines sur la surface, dentelées à leurs bords, & d’une odeur forte & qui entête. Ses fleurs naissent sur des piés séparés de ceux qui portent les semences. Elles sont disposées en manière de grappe, & opposées en manière de croix de S. André. Chaque fleur est penchée en bas, & composée de cinq étamines jaunâtres, entourées de cinq feuilles longues de deux à trois lignes sur moins d’une ligne de largeur, purpurines en dehors & blanches en dedans. Ces fleurs ne sont suivies d’aucun fruit. Ce n’est que sur les individus femelles, appelés mâles improprement, qu’on trouve les