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BRA

marrons cuits à la braise, ou sous la braise. On dit par hyperbole en tâtant le pouls de celui qui a une grosse fièvre, que tout son corps est tout braise. Un amoureux se plaint populairement qu’il a le cœur tout en braise. M. Boile a fait la comparaison de la braise, ou charbon allumé, & du bois luisant, où il montre leur ressemblance & leur différence. Elle se trouve dans les Transact. Philos. n. 32, p. 605 & T. III, p. 646.

Ce mot vient du grec βράζω, bullio, efferveo.

On dit proverbialement, qu’on est tombé de la poële dans la braise ; pour dire, qu’on est tombé d’un grand mal dans un pire. En parlant d’un homme qui s’est vengé promptement d’un tort qu’on lui a fait, ou qui a fait une repartie prompte & vive à quelque chose de piquant, on dit, qu’il l’a rendu chaud comme braise. On dit aussi, quand quelqu’un vient annoncer sans aucune préparation une mauvaise nouvelle, qu’il l’a donné chaud comme braise. On dit encore, d’un homme qui dans un discours ou dans un écrit, passe légérement sur quelque article, qu’il ne veut pas trop approfondir, il a passé là-dessus comme chat sur braise.

Braise, se dit aussi des charbons que les Boulangers tirent de leur four, & qu’ils éteignent pour les vendre. Acheter de la braise chez un Boulanger.

BRAISIER. Terme de Boulanger. Voyez Brasier.

☞ BRAKEL, Brachelia. Petite ville d’Allemagne, sur la Nette, ou sur un ruisseau qui s’y jette, en Westphalie, Evêché de Paderborn.

BRAME, ou plutôt Brahma, ou Bruma. s. m. Nom d’un Dieu du Tonquin, adoré par les sectateurs de Confucius. Quelques-uns croient que c’est Pythagore qu’ils ont divinisé, fondés sur la métempsychose, & les autres sentimens de ce Philosophe que les adorateur de Brama tiennent aussi. D’autres, à cause de la ressemblance du nom, s’imaginent que c’est Abraham. Ils feignent que Brama s’est fait homme, & qu’il est médiateur entre Dieu & les hommes, dit M. Huet, Dem. Ev. Prop. IV c. 6, d’où ce Prélat infère que les Indiens ont tiré cela du Christianisme, & de ce que S. Thomas, S. Barthélemi, Pantænus, & d’autres, leur en avoient appris. M. Huet écrit toujours Bramma. Mais on écrit communément Brama, ou Brahma.

M. d’Herbelot dit que, selon la doctrine des Indiens, Brahma est le premier des trois êtres que Dieu a créés, & par le moyen duquel il a fait ensuite le monde. Ce Brahma donna aux Indiens quatre livres, qu’ils appellent Bethou, ou Bed, dans lesquels toutes les sciences & toutes les cérémonies de la religion des Brachmanes sont comprises. C’est pourquoi on le représente ordinairement avec quatre têtes. Selon les Indiens, Parabaravastou, c’est-à-dire, le dieu suprême, a créé trois Dieux inférieurs ; savoir, Bruma, Vichnou & Routren. Il a donné au premier la puissance de créer ; au second le pouvoir de conserver, & au troisième le droit de détruire. Ces trois Dieux sont les enfans d’une même femme, qu’ils appellent Parachatti, c’est-à-dire, la puissance suprême. Les premiers Indiens ne vouloient dire autre chose, sinon que tout ce qui se fait dans le monde, soit par la création qu’ils attribuent à Brama, soit par la conversation, qui est le partage de Vichnou ; soit enfin par les différens changemens, qui sont l’ouvrage de Routren, vient uniquement de la puissance absolue du Parabaravastou, ou du Dieu suprême. Let. ed. T. IX, p. 7 & suiv. T. X, p. 18 & suiv. Elles ajoutent que, suivant la doctrine des Indiens ; Bruma tient le premier rang parmi les divinités subalternes ; que c’est lui qui a créé toutes choses, & qui les conserve par un pouvoir spécial que la divinité lui a communique ; qu’il a l’intendance générale sur toutes les Divinités inférieures ; mais que son gouvernement doit finir ; qu’il a un premier Ministre, nommé Divendiren, qui commande immédiatement aux Dieux inférieurs.

Le mot Brahme, en langue Indienne, signifie Pénétrant toutes choses. D’herb.

BRAMAIN. s. m. Brachmanus. M. de Tillemont s’est servi de ce nom. Hist. des Emp. T. II, p. 127, pour Brachmane. Apollone de Tyanes n’avoit encore que sept disciples, qui même le quitterent dès qu’il leur parla d’aller dans les Indes chercher les Philosophes, qui dès ce temps-là portoient le nom de Bramains, ou Brachmanes. Mais ce nom n’est point en usage. On dit toujours Brachmanes & Bramains, seulement des successeurs des anciens Brachmanes ; encore écrit-on Bramin. Voyez ce mot.

☞ BRAMONT. Petite ville de Savoie, dans la province de Maurienne, sur la rivière d’Arc.

☞ BRAMAS. (les) Peuple ainsi nommé entre les villes d’Ava & du Pégu, aux extrémités des Royaumes d’Ava & de Pégu.

BRAME. s. m. On appelle ainsi ceux des Indiens que les anciens appeloient Brachmanes. Les Lettres Edifiantes des Missionn. Jes. T. IX, p. 288 disent Brame, au masculin, & Bramine au féminin. Il étoit Brame, & venoit d’épouser une Bramine. La Bramine avoit été mariée dès son bas-âge à un autre Brame. Il n’y a guère de nation plus orgueilleuse, plus rebelle à la vérité, ni plus entêtée de ses superstitions que les Brames. Lettr. Ed. T. X, p. 31. Voyez Bramin, ou bramine, c’est la même chose. De la Boulaye écrit Bramen, & dit que c’est le nom des Sacrificateurs des Ramistes, ou Indou ; & au pluriel il dit Bramens.

BRAMENATI. s. f. Femme de secte & de famille brame. Il y avoit trois Brames & une Bramenati. Lettr. Ed. Rec. XI. On dit aussi Bramine. Voyez Brame.

BRAMER. v. n. Terme de chasse, qui se dit pour exprimer le cri des cerfs. Clamorem edere cervino similem. Le cerf qui brame au bruit de l’eau. Theophile. On s’en servoit aussi autrefois pour exprimer le cri des éléphans. Ch. Est. Dic.

Il a signifié aussi, crier fortement.

Ce mot vient de bram, qui signifie grand cri en langue gothique. Chorier le tire de βραμέομαι : qui chez les Grecs a le même sens ; crier violemment & importunément.

BRAMIN, ou Bramine. s. m. C’est un Prêtre de la religion des Indiens idolâtres, successeurs des anciens Brachmanes. Les Bramins font la première race des Banians, & sont si versés en Astronomie, qu’ils ne manquent pas d’une minute à prédire les éclipses. Ils ont un si grand respect pour les vaches, que pourvu qu’ils en aient une queue à la main quand ils meurent, ils croient être bienheureux. Ils font quelquefois des processions de 400 lieues, où ils menent des villes & des villages entiers ; & ils nourrissent les peuples, quand ils sont arrêtés aux passages des rivières débordées, d’une manière qu’ils font croire miraculeuse, leur donnant tout ce qu’ils demandent sans avoit fait aucune provision. Un Protestant, nommé Abraham Roger, qui a écrit de la vie & des mœurs des Bramines, en distingue de six sortes ; les Weistnouwa, les Seivia, les Smaerta, les Schaerwaeeka, les Pasenda, & les Tschectea. Il traite assez au long de chacune de ces sectes en particulier dans son Chap. III. Tout son Livre, intitulé La Porte ouverte à la connoissance du Paganisme, contient beaucoup de particularités sur les Bramines.

BRAMPOUR, ou Barampour. Barampura. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, dans les états du Mogol, capitale du Royaume de Condisch.

BRAN, ou Bren. s. m. Excrément de l’homme, matière fécale. Stercus, alvi purgamentum.

Ménage dérive ce mot de Brance, qui est un vieux mot gaulois, dont il est fait mention dans Pline, en parlant du son, qui est encore à présent appelé brann par les Anglois ; & il pense que le bran, qui signifie excrément de l’homme, n’a été dit que par méthapore de l’excrément du blé. Du Cange le dérive aussi de l’Anglois, & temoigne qu’on disoit autrefois, manger du bran de quelqu’un ; pour dire, manger de son pain : & qu’on appelle Brenage, un droit qui se levoit sur le son ; & Bre-