Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
BRA

nier, celui qui en étoit Receveur. Mais bren est un mot ancien gaulois, ou celtique, dont les bas-Bretons & les Languedociens se servent encore pour signifier du son.

Bran de Judas, se dit populairement des rousseurs qui viennent aux mains & au visage. Lenticulæ.

Bran-de-son. C’est le plus gros son des grains qu’on a fait moudre, qu’on en tire par le bluteau.

Bran-de-scie, c’est la poudre du bois qu’on scie.

Bran, est encore un terme trivial dont on se sert pour marquer du mépris pour une personne, ou pour une chose. Bran du prédicateur. Bran de vos promesses. Vah, malè sit.

BRANCARDES. s. f. pl. sont les chaînes des forçats.

BRANCARD. s. m. Lit portatif pour transporter des malades. Valetudinarium ferculum. C’est une espèce de grande civière avec des cerceaux en berceau, qu’on garnit de matelas & de couvertures, & qui est portée par des mulets ou par des chevaux, l’un devant, l’autre derrière, & quelquefois par des hommes.

Brancard. Terme de charron. Pièce de bois pliant, qui joint le train de derrière d’une chaise roulante au train de devant, qui aboutit ordinairement à un arc. Lacticarium ferculum. Ils font l’office de la fléche d’un carrosse, & quelquefois la chaise est posée dessus ; quelquefois elle est suspendue sur des consoles. Il y en a aussi aux berlines.

Brancard, est aussi une machine faite par l’assemblage de plusieurs fortes pièces de charpente, & qui sert à transporter des pierres, ou autres fardeaux d’une pésanteur extraordinaire, afin d’empêcher qu’elles ne se cassent, ou ne s’écornent, ainsi qu’on a fait pour les deux pierres qui couvrent le fronton du frontispice du Louvre. Carrucarium ferculum.

On trouve dans la basse latinité branchada dans le même sens que nous disons brancard. C’est apparemment de-là qu’il s’est formé, & branchata vient de brachium, parce qu’il se porte à bras.

BRANCARDIER. s. m. Qui conduit un brancard. En deux ou trois interrogations que les Comédiens firent au Brancardier, ils surent que la femme du Seigneur du village où Mademoiselle de l’Etoile s’étoit blessée, lui avoit rendu visite, & l’avoit fait conduire au Mans avec grand soin. Scarron, Roman com. to. 1, ch. 7, p. 38.

BRANCE. s. f. Espèce de grain, ou de légume. Vieux mot françois : c’est celui dont parle Pline sous le nom de sandalis & sandalum ; & brance en gaulois ou celtique. Voyez Liv. VIII, ch. 7. Borel dit qu’il signifie une sorte de froment très-pur. C’est Pline qui le dit, & qui ajoute qu’il fait beaucoup plus de pain que l’autre froment. Chorier, Hist. de Dauphiné, prétend que c’est le blé blanc. Voyez ce mot.

Borel ajoute que c’est aussi une sorte d’épée, & qu’en cette signification on a dit aussi branc & brans.

BRANCHAGE. s. m. Nom collectif qui se dit en général de tout le bois qu’un arbre pousse en rameaux. Rami, ramalia. On fait du tronc de ces arbres, du bois de charpente ; & du branchage, des cotrets & des fagots.

BRANCHE. s. m. Jeune bois qu’un arbre pousse en rameau au-delà de son tronc. ☞ Les tiges se divisent par le haut en plusieurs grosses branches, brachia, qui se subdivisent en plusieurs petits rameaux, rami, & bourgeons, surculi. Les jeunes branches sont, ou opposées, oppositi. ou alternes, conjugati, rassemblées, compressi, ou qui s’évasent, patentes. Celles qui sont garnies de feuilles sont foliati ; celles qui en sont dégarnies, nudi. Enfin il y en a de garnies de support, & d’autres qu’on nomme proliferes. Les branches sont composées des mêmes parties de la tige.

☞ Dans les arbres fruitiers, les Jardiniers appellent branche à bois, celle qui étant venue sur la taille de l’année précédente, & cela dans l’ordre de la nature, est raisonnablement grosse. Branche à fruit, se dit de celle qui est venue de médiocre longueur & grosseur sur cette même taille. Les branches à fruit ont les yeux gros & assez près les unes des autres. Branche à demi bois, est celle qui étant trop menue pour branche à bois, & trop grosse pour branche à fruit, est coupée deux ou trois pouces de long pour en faire sortir un meilleur jet, soit à fruit, soit à bois, pour contribuer à la beauté de la figure, & amuser la vigueur de l’arbre. Branche de faux bois, ce sont les mauvaises qui sont venues contre l’ordre de la nature, & d’ailleurs que des tailles de l’année précédente, ou qui étant venues sur ces tailles, se trouvent grosses à l’endroit où elles devroient être menues. Elles ont les yeux plats & fort éloignés. La Quint. Pour entendre cet ordre de la nature, il faut savoir, 1°. Que les branches ne doivent venir que sur celles qui ont été racourcies à la dernière taille, & ainsi toutes celles qui viennent en d’autres endroits sont branches de faux bois. 2°. Que l’ordre des branches nouvelles est, que s’il y en a plus d’une, celle de l’extrémité soit plus grosse & plus longue que celle qui est immédiatement au-dessous, & celle-ci plus longues & plus grosse que la troisième, & ainsi des autres ; & par conséquent, si quelqu’une se trouve grosse à l’endroit où elle devroit être menue, elle est branche de faux bois. Il y a cependant quelques exceptions. Idem.

Dans les arbres qui sont vigoureux, & en même temps d’une belle figure, il n’y sauroit guère avoit trop de branches à fruit, pourvû qu’elles n’y fassent point de confusion ; mais à l’égard des branches à bois, il n’en faut d’ordinaire laisser en toutes sortes d’arbres qu’une de toutes celles qui sont sorties de chaque taille de l’année précédente. La Quint.

Branche mere, ou mere-branche, se dit de celle qui ayant été racourcie à la dernière taille, a produit d’autres branches nouvelles. Branches aoûtée, se dit des branches qui sur la fin de l’été cessent de pousser & s’endurcissent, en prenant une couleur noirâtre : si elle demeure verte, elle n’est pas bien aoûtée. La Quint. Branches veules, ou branches élancées, se dit de certaines branches longues & menues, qui ne sont propres ni à fruit, ni à bois, & qu’il faut retrancher. Les branches veules sur un arbre fruitier ne sont propres à rien. Liger. Branches chifonnes, sont des branches courtes & menues qui ne font que de la confusion dans l’arbre, & qu’on doit couper. Branche furieuse, c’est celle qui est très-grande, qui a beaucoup poussé, & fait un beau & grand jet. Il est à propos de conserver toutes les belles branches que les pêchers poussent l’été, à moins qu’il n’en soit sorti une si grande abondance, qu’elles fassent de la confusion. Mais en tout cas, si la nécessité y oblige, il faut avec beaucoup d’intelligence arracher ou couper tout prêt quelques-unes des plus furieuses. La Quint. Voyez encore Gourmand.

On dit figurément, qu’une affaire a plusieurs branches ; pour dire, qu’il y a plusieurs affaires connexes, & jointes ensemble ; qu’il y a plusieurs chefs à discuter.

☞ On dit proverbialement qu’un homme est comme l’oiseau sur la branche, quand il n’a point d’état assuré, de fortune certaine. On dit de ceux qui passent sans raison d’un propos à un autre, qu’ils sautent de branches en branches, & de celui dont la fortune se renverse, qu’il s’est attaché aux branches, quand il ne s’est attaché qu’à des gens qui ne peuvent le soutenir, au lieu de s’attacher au tronc, à celui qui a une autorité supérieure. ☞ Ce mot vient du latin, brancha. Ménage, après Saumaise. D’autres le dérivent de brachium, parce que la branche est comme le bras d’un arbre. D’autres enfin de branchia, parce que les branches sont attachées aux arbres, comme les nageoires aux poissons.

☞ Ce mot a été transporté par métaphore, à plusieurs choses qui sont regardées comme des parties analogues à la branche dans l’arbre.

☞ Ainsi l’on dit une branche de corail. Un chande-