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qu’on appelle raves à Paris, longue d’un pié au plus, de la grosseur du doigt vers son collet, blanchâtre, changée de quelques fibres branchues, & qui donne plusieurs feuilles velues, couchées sur terre, longues de trois à quatre pouces, découpées comme celle du bluet ou du coquelicot, mais d’un vert gai. De leur milieu part une tige branchue, arrondie, blanchâtre, haute d’un pié ou deux, chargée de feuilles pareilles à celles du bas, mais plus découpées ; les extrémités de ces tiges & branches portent des têtes écailleuses, épineuses, grosses comme des noisettes, & dont les épines sont longues de plus de demi-pouce, blondes, & disposées en manière d’étoile, lorsque la tête ne s’est point évasée,& que les fleurons qui sont pourpres ne paroissent point. Sa semence est oblongue, lisse, polie, plus petite que la graine de perroquet, autrement carthama.

Cette plante croît communément à la campagne sur le bord des chemins, & dans des lieux & terres incultes. Sa racine est très-apéritive & diurétique. On l’emploie avec succès pour les coliques néphrétiques. M. de Balville, Intendant du Languedoc, se trouvant bien de l’usage de cette racine, fit imprimer la manière dont il s’en étoit servi. Depuis ce temps-là on fait prendre la poudre de son écorce délayée dans du vin & ; plusieurs personnes se sont apperçues qu’elle charrioit le sable & le gravier, & qu’en en prenant de temps en temps avec précaution, leurs accès de colique néphrétique n’étoient plus si fréquens. Dans le mémoire de M. de Balville, on ne prend l’infusion de l’écorce de cette racine que le 28e jour de la lune de chaque mois, & il faut que la racine ait été cueillie vers la fin du mois de Septembre : deux circonstances assez inutiles, puisque ce remède agit tout aussi bien les autres jours de la lune que le 28, & qu’on peut presque en tout temps cueillir ces racines, parce que cette plante ne porte point de tige la première année, & qu’elle paroit dès qu’elle a donné ses semences, de même que les autres chardons. On a soin de prendre les racines de celles qui ne sont pas montées ; leurs racines n’étant pas si ligneuses, comme il arrive à toutes les autres plantes, dont la racine n’a presque point d’écorce, lorsqu’elles sont prêtes à donner leurs fruits. Leurs racines sont cordées, comme on dit communément.

Chardon hémorroïdal. Cirsium arvense, sonchi folio radice repente, cause tuberoso, Inst. R. Herb. On mettoit autrefois cette plante parmi les chardons à cause qu’elle est remplie de piquans. On l’a appelé chardon hémorroïdal, parce qu’il se forme quelquefois des nœuds à sa tige à l’occasion des piquures d’insectes ; & on prétend que ces nœuds portés dans la poche garantissent des douleurs des hémorroïdes. Cette plante a sa racine blanchâtre & rampante. Elle donne dans sa longueur des tiges hautes d’un pié & demi ou de deux piés, plus menues que le petit doigt, cannelées, moëlleuses, & longues de quatre à cinq pouces sur moins d’un pouce de largeur, découpées & plissées sur leurs bords, armées de piquans très-fins ; vertes en-dessus, & pâles ou blanchâtres en-dessous. Lorsque cette tige n’est point piquée, & qu’elle ne forme pas un nœud vers son extrémité, elle se divise en quelques branches qui portent des têtes allongées, à écailles, dont les piquans sont foibles, & à fleuron d’un pourpre pâle, portés sur des embryons qui deviennent des semences couleur d’alun & chargées d’aigrettes. Cette plante vient communément dans les champs & dans les vignes ; mais on ne trouve ces sortes de nœuds, que lorsqu’elle naît dans des lieux humides à l’abri de quelques arbres.

Chardon Notre-Dame, ou Chardon laité. Carduus albis maculis notatus, vulgaris. C. B. Pin. Il est ainsi appellé à cause des taches blanches qui sont répandues sur ses feuilles. Les racines de cette plante sont grosses, longues, & poussent plusieurs feuilles longues d’un pié & demi, larges de demi-pié environ, découpées sur leurs bords, comme ondées, armées de piquans affilés, vert gai en-dessus, & comme veinées par des taches d’un blanc de lait dans les endroits de leurs principales nervures. Ses tiges sont droites, chargées de quelques feuilles pareilles à celles du bas, mais moins amples ; elles sont terminées par quelques branches qui portent des têtes écailleuses, fort épineuses. Ses fleurs sont purpurines, & ses semences grosses comme celles du carthame, noirâtres & fort adoucissantes. On les emploie en émulsion dans les ardeurs d’urine. On mange les jeunes pousses de cette plante de même que celles de quelques autres chardons.

Chardon Roland. Eryngium vulgare ou le panicaut, le chardon à cent têtes. Plante qui n’est point du genre des chardons. Sa racine est longue de plus d’un pié, grosse comme le doigt, brune en dehors, blanche en dedans, douçâtre, composée d’une écorce épaisse, tendre, & d’un nerf ou cœur ligneux. Elle donne quelques feuilles fermes, sèches, piquantes, découpées en trois ou quatre segmens longs d’un pouce & demi ou de deux pouces, sur moins d’un pouce de largeur, dentelées sur leurs bords & d’un vert pâle. La tige qui sort d’entre ces feuilles, est haute d’un ou deux pics, plus mince que le petit doigt, cannelée, & chargée de feuilles pareilles à celles du bas, mais plus arrondies & plus découpées. Cette tige se divise ensuite en plusieurs branches qui portent chacune une tête grosse comme le pouce ; longue d’un demi pouce, garnie à sa base de quelques petites feuilles qui forment une espèce de fraise. Chaque fleur est composée de cinq petites pétales blanchâtres, & soutenues par un calice qui devient ensuite un fruit à deux semences jointes ensemble. Le panicaut marin se distingue du vulgaire par ses feuilles plus arrondies, moins découpées & plus plissées, & par leur couleur. La racine du panicaut est apéritive, diurétique ; on l’emploie dans les bouillons, les tisanes & les aposèmes. On recommande les racines confites du panicaut marin, pour la phthisie. Voyez Le Dict. de James.

CHARDON. Terme de Fleuriste. C’est une anémone dont les béquillons sont fort étroits. Morin. Quelque grosseur & quelque coloris qu’elle ait, elle est détestable. Id.

Chardon, chez les Serruriers, se dit des pointes & crochets de fer qui se mettent sur des barreaux, sur une grille de fer ou sur le chaperon d’un mur, pour empêcher qu’on ne passe par-dessus. Carduus ferreus.

On dit proverbialement qu’un homme est amoureux, gracieux comme un chardon ; pout dire, qu’il est mal gracieux, rébarbatif.

Chardon. (Notre-Dame du) Ordre militaire projeté en 1369 & institué en 1370, le jour de la Purification de la sainte Vierge, à Moulins, par Louis II, Duc de Bourbon. Cet Ordre étoit composé de 26 Chevaliers. Le Prince & ses successeurs devoient être les Chefs de l’Ordre. Les Chevaliers portoient toujours la ceinture de couleur bleu céleste, doublée de satin rouge, brodée d’or, & sur laquelle on lisoit ce mot Espérance, en broderie d’or aussi. Aux grandes fêtes, & principalement à celle de la Purification, que le Prince tenoit table ouverte aux Chevaliers, ils étoient vêtus de soutanes de damas incarnat, à manches larges, & ceintes de leurs ceintures bleues. Le grand manteau de cet Ordre étoit d’un bleu céleste, doublé de satin rouge : & le grand collier de fin or, du poids de dix marcs, fermant à boucle & ardillons d’or par derrière. Il étoit composé de lozanges & de demi-lozanges à double orle, emaillées de vert, percées à jour, remplies de fleurs-de-lis d’or, & du mot Espérance, écrit dans les lozanges en lettres capitales à l’antique. De ce collier, pendoit sur l’estomac une ovale, dans laquelle