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soit de toute éternité des atômes de toutes figures, tous en mouvement & faisant effort pour s’avancer, tous descendans à travers du vide. S’ils avoient toujours continués de la sorte, il n’y auroit jamais eu d’assemblage ; mais quelques-uns allant un peu de côté, cette légère déclinaison, ce clinamen en accrocha plusieurs ensemble. De-là sont formés le ciel, la terre, &c. M. Pluche.

☞ CLINCAILLE, CLINCAILLERIE, CLINCAILLER. Voyez QUINCAILLE, QUINCAILLERIE, QUINCAILLER.

CLINCART. s. m. Nom qu’on donne à certains bateaux plats de Suède & de Dannemark. Navigia depressa.

CLINCHE, s. m. terme de Serrurier. C’est une piéce de fer ordinairement longue de deux ou trois pouces, avec une tête platte qui sort en dehors des portes, & sert à les ouvrir, en mettant le pouce sur cette tête, & poussant un peu fort en bas en tenant la poignée des autres doigts de la même main : ce clinche a son mouvement sur une espèce de petite essieu de fer ; de sorte qu’en faisant baisser la tête du clinche, on éleve la queue qui est en dedans, & par le même moyen le loquet qui porte dessus. Assula, lamina ferrea capitata.

☞ CLINGENAW ou KLINGNAU. Ville de Suisse, au Canton de Bade, sur la rive droite de l’Aar.

CLINIQUE. adj. de t. g. Quelquefois employé substantivement. Terme dogmatique. Quelques Historiens appellent Cliniques ceux qui recoivent le baptême au lit de la mort. Clinicus. Du Pin. Magnus au troisième siècle douta si les Cliniques étoient véritablement baptisé, parce qu’ils ne l’étoient que par aspersion. Il consulta sur cela S. Cyprien, qui lui répond que le Sacrement ne lave pas les péchés à la maniere du bain corporel ; & il prouve par l’Ecriture que l’aspersion suffit : il ajoûte qu’il ne faut point s’arrêter au nom de Cliniques, que quelques-uns leur donnoient, au lieu de les nommer Chrétiens.

Ce mot vient du Grec κλίνη (klinê) lit.

Clinique se trouve encore dans l’Antiquité en deux sens différens. 1o, pour un malade simplement, comme il paroît par la vie de Charlemagne dans Canisius. Voyez aussi Saumaise, sur Spartien, c. 23 de la vie d’Adrien. 2o, pour Médecin, parce qu’ils étoient toujours auprès du lit des malades. C’étoient principalement les Médecins des Empereurs qu’on appeloit ainsi. Voyez le Jésuite Radetus sur Martial L. I. épigr. Le P. Rosweid Onom. & Hoffman.

On appelle aussi Médecine clinique, clinice, la méthode de voir & de traiter les malades au lit pour examiner plus exactement tous les symptomes de la maladie. Esculape le premier a exercé la médecine clinique. Le Clerc.

CLINOIDES, adj. f. épithète que les Anatomistes donnent aux trois apophyses internes de l’os sphénoïde. Voyez ce mot. Elles sont ainsi appelées, parce qu’elles forment comme une selle à cheval, ou qu’elles ressemblent aux piés d’un lit. Il y en a deux antérieures, & une postérieure, qui sont ensemble une petite cavité dans laquelle est placée la glande pituitaire.

Ce mot vient du Grec κλίνη (klinê) lit, εἴδος (eidos), forme, figure.

☞ CLINOPALE. s. f. Ceux qui ont lû Suetone, sçavent ce que c’est que la Clinopale. Assiduita tem concubitûs, velut exercitationis genus, Clinopalem vocabat Domitianus. Suet. Vit. Domit.

CLINOPODIUM, s. m. plante dont les tiges sont minces, carrées, velues, hautes de plus d’une coudée. Ses feuilles sont semblables à celles de la marjolaine sauvage, moins odorantes, velues des deux côtés. Ses fleurs sont en gueule, oblongues, de couleur de pourpre, & rangées par étages & par anneaux autour des branches & des tiges. En Latin clinopodium origano simile.

Ce mot vient de deux mots grecs κλίνη (klinê) qui signifie un lit, ποῦς, πόδος (poûs, podos), pié, comme qui diroit pié de lit. Les tiges du clinopodium commun, chargées de fleurs, ressemblent, suivant Dioscoride, aux piés d’un lit.

CLINQUANT. s. m. Broderie d’or ou d’argent qu’on met sur les habits pour les rendre plus brillans & plus éclatans. Tænia auro texta, aureis filis contexta. Il se dit plus particulièrement de ces lames d’or ou d’argent, qui font le plus brillant des dentelles & des broderies. Il y a du clinquant fin & du clinquant faux. C’est de ce dernier qu’il est parlé dans ces vers :

On préfere aujourd’hui le solide du brillant :
Pour quoi, quand l’or est bon, y mêler du clinquant. Vill.

Il se prend aussi figurément pour signifier faux brillant dans un ouvrage d’esprit. Fucatum lumen, fucata Scriptoris lumina.

A Malherbe, à Racan, préférer Théophile.
Et le clinquant du Tasse à tout l’or de Virgile. Boil.

☞ Du temps de Quintilien l’éloquence avoit fort dégénéré. On commençoit à préférer le clinquant à l’or pur ; l’on cherchoit, non ce qui orne la vérité, mais ce qui la farde.

CLINQUANTER, v. a. Charger un habit de clinquant, de broderie. Auro vestem texere, ornare.

CLIO, s. f. une des neuf Muses : celle qui préside à l’Histoire. Les Poëtes font Clio fille de Jupiter & de Mnémosyne. On la représente avec une couronne de laurier, tenant une trompette à la main droite, & un livre à la gauche. Son nom vient de Κλέος (Kleos), gloire, renommée, parce que c’est l’Histoire qui conserve celle des Héros.

CLIQUANT, ANTE, adj. Vieux mot. Qui fait du bruit. Nous en avons retenu le cliquetis des armes. Gloss. sur Marot.

CLIQUART. s. m. Sorte de pierre excellente pour bâtir, qui se tiroit des carrières du fauxbourg S. Jacques à Paris. La carrière du cliquart est finie aujourd’hui. On trouve encore maintenant une sorte de pierre qu’on appelle cliquart doux.

CLIQUE. s. f. Terme collectif qui signifie une société de gens unis pour le même objet, pour cabaler, pour tromper. Societas, sodalitas, factio. Il est du style très-familier, & se dit toujours en mauvaise part. Une clique de frondeurs, de jeunes débauchés. C’est une dangereuse clique.

Un Nouvelliste politique,
Qui tient conseil dans la Cour du Palais,
Demande au plus fort de sa clique
Si nous aurons ou la guerre ou la paix.

CLIQUER. vieux v. n. Faire du bruit, du cliquetis. Fragorem edere.

CLIQUET. Voyez CLAQUET.

Cliquet. s. m. En termes d’Horlogerie, on appelle cliquet, cette pièce en pié de biche qui engrene dans le rochet de la fusée, ou de tout autre roue, & l’empêche de tourner dans le sens où elle est naturellement emportée par la force du poids & du grand ressort. Le cliquet sert à remonter les horloges, soit à poids ou à ressort, parce qu’à mesure qu’on monte le poids, ou qu’on bande le ressort, la fusée retourneroit d’elle-même en arrière, si elle n’étoit arrêtée par le cliquet qui la fixe en entrant dans le rocher.

☞ CLIQUET, chez les metteurs en œuvre, est la partie supérieure de la brisure qui entre & sort de la charnière.

☞ CLIQUETER, v. n. Faire un bruit qui imite celui d’un claquet de moulin, ou celui de la cli-