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COL

sous son écorce d’autres fruits semblables à des châtaignes, dans chacun desquels sont encore contenues quatre petites noisettes rouges ou incarnates. On dit que ces noisettes étant écrasées sous les dents & tenues dans la bouche, éteignent la soif, qu’elles donnent un goût agréables à l’eau où on les fait tremper, & qu’elles la rendent propre à fortifier l’estomac & le foie. Lémery.

☞ COLABRISME, s. m. terme d’Antiquité. Nom que les Grecs donnoient à une sorte de danse qu’ils tenoient des Thraces. On n’en dit pas davantage.

COLACHON, s. m. instrument de Musique fort commun en Italie, qui a deux ou trois cordes, qui est long de 4 ou 5 piés, & qui a la figure d’un luth, excepté qu’il a le manche bien plus long. Mersenne.

COLAFANE ou COLOPHONE. Voyez Colophane.

COLAGE. s. m. Quelques-uns écrivent collage, mais mal. Terme de Coutumes. Le colage est un droit que doivent en quelques endroits au Seigneur les habitans qui ont des bœufs dont ils labourent la terre. Le droit de colage est la même chose que le droit de cornage. Colage vient du latin, colere, cultiver ou de colla boum.

COLAO, s. m. terme de Relation. Ministre d’Etat à la Chine, Officier, Mandarin, aussi considérables à la Chine par leur dignité, que le sont ici les Ministres d’Etat, Imperii Sinici administer. On découvrit que trois Colaos avoient pris sous main de l’argent dans l’administration de leur charge. P. Le Comte. L’Empereur de la Chine a deux Conseils Souverains ; l’un extraordinaire & composé des Princes du sang ; l’autre ordinaire, où entrent les Ministres d’Etat, qu’on nomme Colaos. Ce sont eux qui examinent toutes les grandes affaires, qui font le rapport, & qui reçoivent les dernières déterminations de l’Empereur. Id.

COLAPHISER, v. a. terme burlesque. Souffleter, donner des soufflets. Arlequin, venant d’en recevoir un d’Isabelle, s’écrie :

Il a claqué bien fort. Juste ciel, quel outrage !
Me planter un soufflet au milieu du visage !
Colaphiser ainsi mes lèvres de corail ;
Moi qui voulois par elle ébaucher mon sérail.

Théatre Italien, 1696.

T. I, p. 344; Dict. Com.

COLARBASIEN, ENNE, s. m. & f. & nom de secte. Colarbasianus. Les Colarbasiens étoient des Hérétiques du second siècle, dont le Chef fut Colarbase, disciple de Valentin, qui, aussi bien que Marc, autre disciple du même Maître, prétendoit que toute la plénitude & la perfection de la vérité de la Religion étoit renfermée dans l’Alphabeth grec, & que pour cela J. C. étoit nommé Alpha & Omega, Saint Irén. L. I, c. 10 Tert. de Præscript. C. 53. S. August. hér. C. 14 & 15. S. Epiph. hér. 35. Philastrius, Théodoret, Saint Jean Damascène & Baronius. an. 175 en parlent.

COLARIN, s. m. terme d’Architecture. Frise du chapiteau de la colonne Toscane & Dorique. On appelle aussi colarin, le haut du vif de la colonne, & l’endroit le plus étroit, proche du chapiteau.

COLAS, s. m. terme bas & populaire. Nom propre d’homme, fait par abréviation de celui de Nicolas.

Colas, c’est aussi le nom qu’on donne aux corbeaux que l’on nourrit dans les maisons. On appelle les corbeaux Colas, comme on appelle une pie Margot, un mouton Robin & un âne Martin.

COLATURE, s. f. terme de Pharmacie. Séparation d’une liqueur d’avec quelques impuretés ou matières. Purificatio quæ percolando fit.

☞ Le mot de colature ne se dit presque point de l’opération même. On le dit passivement de toute liqueur passée ou filtrée par le moyen d’un tamis, d’une toile, &c. Colature de sirop de chicorée.

☞ COLAURE. Petite ville d’Asie, au Royaume de Tonquin.

COLBERG. Ville du Cercle de la haute Saxe en Allemagne. Colberga. Elle est dans la Cassubie, province de la Poméranie ultérieure, ou Ducale, sur les côtes de la mer Baltique, où elle a un bon port fréquenté. Colberg a aussi des Salines. Par le Traité de Westphalie elle fut cédée à l’Electeur de Brandebourg en 1648.

☞ COLBROCKE. Petite ville d’Angleterre, dans le Comté de Buckingham, sur les frontières de celui de Midlesex.

COLCAQUAHUITL, s. m. plante de l’Amérique, que l’on appelle Johualxoehil, seu flos orbicularis. On prétend que ses feuilles guérissent la syncope quand on les applique sur la poitrine ; qu’elles excitent la sueur quand on les boit dans de l’eau, qu’elles engraissent ceux qui les mangent frites, après en avoir auparavant exprimé le suc, & qu’elles guérissent les ulcères les plus obstinés quand on les en saupoudre. Cette plante est encore estimée pour la paralysie & les maladies utérines. Ray, Hist. Plant.

COLCHE. s. m. & f. Corneille se sert de ce mot, pour dire les habitans de la Colchide. Colchi. Les Colches avoient l’usage de la Circoncision, d’où Hérodote conclut qu’il étoient Egyptiens d’origine. Quelques-uns croient que Sesostris, après avoir couru l’Asie avec une très grosse armée, laissa là une partie de ses troupes.

Nom d’un ancien Royaume de l’Asie. Colchis. La Colchide étoit bornée au nord par la Sarmatie Asiatique, au couchant par le Pont-Euxin, au sud par le Pont de Cappadoce, & l’Arménie, & au levant par le mont Caucase qui la séparoit de l’Ibérie. C’est la partie de la Géorgie que nous appelons Mingrelie. La Colchide étoit fameuse dans l’Antiquité, sur tout par deux endroits ; la Toison d’or, que les Argonautes y allèrent enlever ; & les herbes venimeuses & magiques que les Poetes feignent qu’elle produisoit.

COLCHIQUE, s. m. ou Tue-Chien. s. m. Colchicum. Plante bulbeuse fort commune, & qu’on dit être pernicieuse aux chiens. On croit qu’elle a pris son nom de la Colchide, qu’on nomme aujourd’hui Mingrelie. Sa racine est composée de deux tubercules, dont l’un est charnu, l’autre fibreux, attachés tous les deux par le côté, aplatis dans cet endroit, voûtés au côté opposé, & enveloppés de quelques membranes d’un brun-obscur. Sa fleur, qui vient en automne, part immédiatement de la racine ; c’est un tuyau, qui s’évasant vers son sommet, se divise en six parties à peu près comme la fleur du lis, & un peu plus petites, de couleur purpurine, & qui ne s’élève qu’à quelques pouces au dessus de la terre. Le pistil se termine par quelques filets déliés, & il devient ensuite un fruit qui ne paroît qu’au printemps, & est environné de trois ou quatre grandes feuilles pareilles à celle lis, & d’un vert plus foncé. Ce fruit est arrondi, partagé en trois loges, qui renferment chacune quelques semences presque rondes. La fleur du colchique annonce la fin de l’été & le retour de l’automne. Les Fleuristes estiment la fleur du colchique lorsqu’elle est double. On trouvoit autrefois dans plusieurs jardins un colchique à fleurs tachées comme celles de la fritillaire. Colchium fritillariæ facie.

☞ On ne prend guère cette plante intérieurement. Son usage demande bien de la précaution. C’est un poison très-actif.

COLCOTAR ou COLCOTHAR, s. m. M. Homberg écrit ainsi ; Académie 1702. Mém. p. 10. au lieu de Colcotar. Il y a deux sortes de Colcothar, le naturel & l’artificiel. Le naturel, qu’on appelle autrement Chaleitis, est le vitriol rouge qui vient d’Allemagne. C’est un vitriol vert, calciné naturellement par quelque souterrain. L’artificiel est aussi un vitriol vert, calciné long temps à grand feu, & qui par ce moyen est devenu rouge comme du sang. C’est encore le marc qui reste dans la cornue après la distillation du vitriol.