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COM

somnolentum ou coma soporeux, coma vigil. Ce mot est formé par syncope de κοίμημα, qui vient de κοιμάω, je dors. Le coma est une grande envie de dormir, soit que le sommeil s’en suive ou non : si le sommeil suit, c’est un coma somnolentum ; dans lequel les malades dorment d’un profond sommeil & ne peuvent ouvrir les yeux : s’ils ne peuvent dormir, c’est un coma vigil, dans lequel ils ferment les yeux, & semblent dormir, quoiqu’ils ne dorment pas. La cause du coma soporeux est tout ce qui empêche le cours des esprits, comme l’intempérie froide & humide du cerveau, des vapeurs chaudes & corrompues qui montent à la tête, & bouchent les canaux des esprits animaux, des vapeurs narcotiques, &c. Le coma vigil vient du combat ou de mêlange déréglé de la bile & de la pituite, car la bile fait veiller, & la pituite fait dormir ; & ceux qui ont cette maladie, ferment les yeux pour dormir, & ne le peuvent, ou s’ils dorment, c’est pour un moment : ils rêvent, ils s’agitent, ils se levent, & quelquefois ils se jettent sur ceux qui sont présens. Le coma soporeux diffère du carus. Voyez Carus. Les remèdes pour le coma sont ceux qui causent de grandes évacuations, comme les clystères violens, les vomitifs, ceux qui purgent, déchargent & dessèchent le cerveau : ceux qui causent des révulsions d’humeurs, comme les vessicatoires & les cautères. Dégori. Voyez Lazare Rivière, Samuel, Formius, Rondelet, Forestus, des maladies du cerveau, Villis, &c.

COMACHIO ou COMMACHIO. Prononcez comakio. Comaclum, comacula. Ville de l’Etat de l’Eglise en Italie, située dans les étangs de Comachio, à six lieues de Ravenne au nord. Le lac ou étang de Comachio, est le terrain qui est entre le Pô di Volana, & le Pô di Primaro, qui sont deux embouchures du Pô.

COMANE. Nom commun à plusieurs villes. Comana. Il y avoit une Comane dans les vallées de l’Antitaurus, fameuse par un temple de Bellone ; une autre que Procope met dans l’Arménie mineure & Baudrand dans la Cappadoce, & qu’on appelle Comane la Pontique, Comana Pontica ; une troisième dans la Taprobane, selon Ptolomée ; une quatrième en Phrygie, & une cinquième en Pisidie. La Comane de l’Antitaurus se nomme aujourd’hui Com ou Tabachzan, & celle de l’Arménie mineure Arminiacha. Elle est au confluent du Sar & de l’Iris.

Comane. s. m. & f. Comanus, a. Nom de peuples. Pline, L. VI, c. 16, place les Comanes proche de la Margiane. Ladislas, Roi de Hongrie, vainquit les Comanes proche du lac Hood, l’an de Jesus-Christ 1279.

COMANIE. Comania. Pays en Asie, situé entre la mer Caspienne au levant, la Circassie au couchant, la Moscovie au nord, la Géorgie au midi. Du côté de la Moscovie il y a de grandes plaines & de belles prairies. La Comanie n’est pas fort peuplée, quoiqu’elle soit au même climat que les Provinces qui sont entre Paris & Lyon. Tavernier, Tome premier. C’est dans la Comanie que demeurent les Circasses & les Kalmoucs ou Comoucs.

COMANS, s. m. vieux mot. Commandement.

COMARE. s. m. Lieu ou village d’Arnautes à une journée au midi de Patras, & à une demi-lieue de la mer. De là on voit sur le rivage un reste de bâtiment, & il y a une grand amas de marbres blancs, qui pourroient être les restes de Dymé, derniere ville de l’Achaïe qui confinoit avec l’Elide. Il n’y a à Comare que 18 ou 20 cabanes faites de cannes, de roseaux & de terre. Du Loir, L. X, p. 351, 352.

☞ COMARIAS, terme de Relation. Les Portugais divisent le Royaume des Algarves en deux comarias ou territoires.

COMARQUE. s. f. C’est le nom qu’on donne aux Justices subalternes de Portugal. Commarca. A l’égard des Comarques, ou Justices subalternes, elles ont beaucoup de rapport aux Bailliages de France. On en compte vingt-quatre dans le Royaume. Le Quien de la Neuville.

COMASC. Comensis ager. Le Comasc est une contrée du Milanois autour du lac de Côme, & dont Côme est la capitale, qui lui donne son nom. Il est environné du Milanois propre, du pays des Grisons, du Bergamasc, & des Bailliages des Suisses en Italie.

COMATEUX, EUSE, adj. terme de Médecine, qui ne se dit qu’en parlant du coma. Une affection comateuse, c’est une affection qui produit ou qui marque le coma, qui en est la cause, le signe, l’effet. Coma inducens, significans, indicans, sequens, subsequens.

COMB, qu’on appelle aussi CARNOK. Mesure des corps solides en Angleterre, comme grains, graines, pois, féves, &c.

☞ COMBAT. s. m. Certamen, pugna. C’est, disent les Vocabulistes, l’action par laquelle on combat contre quelqu’un avec qui l’on a une querelle, un différent. Un combat d’infanterie, de cavalerie. N’insistons pas sur cette définition, c’est assez de la lire. Le combat est une action par laquelle on en vient aux mains avec quelqu’un, on se bat avec quelqu’un, par la voie des armes. Combat d’homme à homme. Combat singulier, combat à outrance. En parlant des combats entre les gens de guerre, c’est une action moins générale que la bataille, souvent imprévue ; une action d’une partie des troupes seulement. Les actions qui se sont passées à Cannes entre les Carthaginois & les Romains, à Pharsale entre César & Pompée, sont des batailles. Mais l’action où les Horaces & les Curiaces décidèrent du sort de Rome & d’Albe, celle du passage du Rhin, la défaite d’un convoi ou d’un parti sont des combats. Syn. Fr. La bataille de Nerwinde, le combat de Leuse, où 18 ou 20 escadrons de la maison du Roi en battirent 72 des ennemis. Combat de cavalerie, equestris pugna, d’infanterie, pedestris. Combat naval, rencontre d’un ou de plusieurs vaisseaux ennemis ou d’escadres qui se battent. Navale prælium.

☞ On dit attirer l’ennemi au combat, livrer combat, tenter la fortune du combat, soûtenir le combat ; donner, hasarder un combat ; présenter, accepter le combat ; éviter, rétablir, finir le combat.

☞ Les Vocabulistes ajoutent une remarque qui ne vaux guère mieux que leur définition : la voici. Quoique combat dise régulièrement moins que bataille, il se prend néanmoins quelquefois pour bataille. Il y eut un combat sanglant entre les deux armées. Il est vrai que le mot de combat dit moins que bataille ; mais il n’est pas vrai que dans l’exemple même qu’ils apportent, ce mot soit synonyme de bataille. Le mot de combat a un rapport particulier à l’action même de se battre, que n’a pas le mot de bataille, & voilà l’idée qu’il présente dans l’exemple qu’ils apportent. Je parlerois très-bien en disant avec M. l’Abbé Girard, qu’à la bataille de Fleurus le combat fut opiniâtre & fort chaud. N’est-il pas évident que dans ces occasions le mot combat ne se prend nullement pour bataille, mais exprime seulement l’action de se battre ?

☞ Il y a encore une autre différence entre ces deux mots. Les batailles se donnent seulement entre des armées d’hommes, on les gagne ou on les perd. Les combats se donnent entre les hommes, & se font entre toutes les autres choses qui cherchent ou à se détruire ou à se surmonter : on en sort victorieux, ou l’on y est vaincu. Voyez plus bas les différentes acceptions de ce mot.

Combat singulier, est un combat d’un seul contre un seul ; c’est un duel. Voy. Duel. Singulare certamen. Anciennement les procès se décidoient par le combat. On étoit persuadé que Dieu n’accordoit la victoire qu’à celui qui avoit le meilleur droit. Cela arrivoit en matière civile, aussi bien qu’en matière criminelle. On rapporte que la question, si la représentation a lieu en ligne directe, s’étant présentée