Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/723

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
715
COM

COMMASSE. s. f. Petite monnoie qui a cours à Mocha, qui ☞ est la seule qui s’y fabrique ; elle vaut trois sols deux deniers de notre monnoie.

COMME, adverbe qui sert à comparer, & signifie, ainsi, de meê. Ut, quemadmodum, sicut, sicuti. Cette femme est belle comme le jour. On lui a fait une réception comme s’il eût été un Prince. Il est là comme chez lui ; cette répétition comme est élégante.

Vous aurez le destin
De ces fleurs si fraîches, si belles :
Comme elles vous plaisez, vous passerez comme elles.

☞ Ce mot, considéré comme terme de comparaison, & synonyme à ainsi & de même que, marque mieux une comparaison qui tombe sur la qualité de la chose, ce qu’on peut nommer comparaison de qualification. Voyez les deux autres mots. Je dirois donc que les expressions d’une personne qui ne conçoit les choses que confusément, ne sont jamais juste comme celles d’une personne qui les conçoit clairement ; parce qu’il est là question d’une qualité de l’expression, ou d’une qualification qu’on lui donne. Syn. Fr.

☞ Par cette même raison, on dit hardi comme un lyon, blanc comme neige, doux comme miel, &c. & non pas ainsi que, ni de même qu’un lion, &c.

☞ Si le mot comme se trouve à la tête d’une comparaison, commence par le mot ainsi. Comme les hommes vieillissent par le nombre des années, ainsi vieillissent les empires par le nombre des siècles. Tout a un terme prescrit au de-là duquel il ne passe pas.

Ce mot vient de quomodo. Nicod.

Comme est aussi un adverbe de temps, pour signifier, quand, lorsque. Cum, quando, eo tempore quo. Il arriva comme nous sortions de table. Il fut arrêté comme il pensoit partir. Mais il n’y a que le peuple qui s’en serve ; pour dire, aussi-tôt : il arriva comme le Roi ; c’est-à-dire, en même temps que le Roi.

Il sert aussi pour la narration. Je vous dirois l’histoire comme elle s’est passée. En ce sens, il signifie, de la manière que, quomodo, eo modo quo, uti, quemadmodum. Il se pourvoira comme bon lui semblera.

Comme se dit aussi pour en quelque sorte, en quelque façon. Quasi. Un bon ami est comme un autre soi-même. La lumière est comme l’ame des couleurs. Le Soleil est comme le pere des productions de la terre.

On dit, comme si ; pour dire, de même que si. Quasi. Il me vouloit engager dans cette affaire, comme si elle eût été juste.

Comme aussi, terme de pratique, dont on se sert dans un traité, dans un acte, dans un contrat ; pour dire, & pareillement, & de plus : Et amplius. Il est porté par le contrat que, &c. Comme aussi, que, &c.

Comme en effet. Façon de parler dont on se sert pour confirmer ce que l’on a dit. S’il est homme de bien, comme en effet il l’est, il dira, &c.

Comme signifie encore, en qualité, Ut.. J. C. peut-être considéré ou comme Dieu, ou comme homme : comme homme, il est mort sur la croix pour nos péchés, & comme Dieu, il a triomphé de la mort. Il peut être aussi considéré comme notre M2diateur, comme Dieu & homme tout ensemble. Dans l’Eglise Catholique on considère le Pape, ou comme Chef de l’Eglise, ou comme Prince temporel.

Comme est aussi une espèce de supposition, & signifie quelquefois, parce que. Cùm, quoniam, quandoquidem : Comme il est constant qu’il faut aimer Dieu. Comme il n’est pas probable qu’on soit si abandonné, &c. Comme ainsi soit que, &c. Ce dernier n’est plus d’usage.

Comme signifie, à peu-près, quasi, ut. Je tiens cela comme certain. Il est comme mort.

Comme se joint quelquefois avec quoi ; & alors il signifie comment. Quomodo, qua ratione. Je m’étonne comme quoi une si forte pensée a pû vous venir dans l’esprit. ☞ Mais cette expression n’est pas du bel usage, & il fait dire comment.

Comme se met quelquefois après tout, & alors il signifie, tout de même, absolument la même chose. Quemadmodum, ut, sicut, uti. Mais on ne l’emploie que dans le style familier & comique.

C’est justement tout comme
La femme est en effet le potage de l’homme. Mol.

☞ COMMEAT, s. m. terme d’Histoire ancienne. Congé donné à un Soldat pour un temps. Commeatus. Ce mot signifioit aussi un convoi, les provisions de l’année, & la flotte qui les portoit.

☞ COMMÉMORAISON, s. f. terme d’Eglise & de rubrique dont on se sert, en parlant de la mémoire que l’Eglise fait d’un Saint ou d’une Sainte, le jour qu’on célèbre une autre fête. Quelques Rubricaires prétendent qu’on doit dire commémoration. Commemoratio. Voyez ce mot. D’autres regardent ces deux mots comme absolument synonymes,disent également commémoraison ou commémoration d’un Saint, commémoraison ou commémoration des morts, des fidèles trépassés. C’est ainsi que les livres de l’Eglise nomment le jour que l’on appelle, dans l’usage ordinaire, le jour des Morts ; c’est-à-dire, le jour que l’Eglise a ordonné que l’on priât pour tous les Morts détenus en Purgatoire : c’est le 2 de Novembre. Commemoratio fidelium defunctorum. C’est saint Odilon, Abbé de Cluni, qui institua la Commémoraison générale des Trépassés dans le douzième siècle. On raconte diversement la révélation que l’on dit y avoir donné occasion. Voici ce qui m’en paroît le plus vraisemblable. Un pieux chevalier revenoit Pélérinage de Jerusalem ; s’étant égaré de son chemin, il rencontra un Ermita, qui apprenant qu’il étoit des Gaules, lui demanda s’il connoissoit le Monastère de Cluni & l’Abbé Odilon. Le Pélerin ayant dit qu’il le connoissoit, l’Ermite lui dit : Dieu m’a fait connoître qu’il a le crédit de délivrer les ames des peines qu’elles souffrent en l’autre vie. Quand donc vous serez de retour, exhortez Odilon, & ceux de sa Communauté, à continuer leurs prieres & leurs aumônes pour les morts. Fleury. Nous avons le Décret fait à Cluni pour l’institution de cette solemnité, en ces termes. Il a été ordonné par notre B. Pere Dom Odilon, du consentement, & à la prière de tous les Freres de Cluni, que comme dans toutes les Eglises ont célèbre la fête de tous les Saints le premier jour de Novembre, de même chez nous on célebrera solennellement la Commémoration de tous les fidèles Trépassés, qui ont été depuis le commencement du monde jusques à la fin en cette manière. Ce jour le Chapitre, le Doyen & les Cellériers feront l’aumône du pain & du vins à tous venans, & l’Aumonier recevra tous les restes du diner des Freres. Le même jour après Vêpres on sonnera toutes les cloches, & on chantera l’office des morts. La Messe sera solennelle : deux Freres chanteront le trait, tous offriront en particulier, & on nourrira douze pauvres. Nous voulons que ce décret s’observe à perpétuité, tant en ce lieu qu’en tous ceux qui en dépendant ; & si quelqu’un suit l’exemple de cette institution, il participera à nos bonnes intentions. Tel est le Décret de Cluni. Cette pratique passa bientôt à d’autres Eglises, & devint enfin commune à toute l’Eglise Catholique. Id.

COMMÉMORATIF, adj. terme de médecine. Rememorativus, anamnesticus. On donne cette épithète aux signes qui nous font ressouvenir de ce qui s’est passé tant en santé qu’en maladie. Col de Villars.

Commémoratif, est aussi un terme dogmatique & signifie ce qui rappelle le souvenir d’une