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manque dans celle du Docteur de Salabrica. Toutes les heures de l’office Mozarabe commencent par Kyrie, cleison, &c, un Pater & un Ave : à Matines l’on ajoute l’antienne Ave, Regina cœlorum, &c, avec le verset & l’oraison, & une courte prière à Jesus-Christ. A la fin des heures on dit le Pater à haute voix, & à chaque demande ou verset on répond Amen, excepté au verset, Panem nostrum, &c, où l’on répond, Quia Deus es : après le Pater, on dit une prière, laquelle à Laudes & à Vêpres est différente de celle qu’on dit aux autres heures, après quoi le Diacre dit à haute voix, Humiliez-vous pour recevoir la bénédiction, Humiliate vos benedictioni, & le Prêtre prononce & donne la bénédiction. Les Matines de l’office Mozarabe sont fort courtes. Après le commencement ordinaire marqué ci-dessus, on dit le pseaume 50 Miserere avec antienne ; puis trois antiennes & un répons, & trois oraisons, une après chaque antienne, ensuite trois pseaumes avec leurs antiennes, & trois autres antiennes & un répons, avec leurs oraisons. Les Dimanches, depuis Pâque jusqu’à la Pentecôte, & les fêtes solennelles, au lieu du pseaume Miserere, on dit le pseaume Domine, quid multiplicati sunt. A Laudes, après le commencement ordinaire, & ces paroles Dominus sit semper vobiscum, on dit une antienne & un cantique tiré de l’ancien ou du nouveau Testament. (Ce cantique les jours des fêtes de notre Seigneur & de la sainte Vierge est toujours Magnificat ; & Benedictus le jour de S. Jean-Baptiste.) Après le cantique on répète l’antienne, on dit Dominus vobiscum, &c, & autre antienne devant le cantique des trois enfans Benedicite, &c, puis un son (sonus en latin, & sono en espagnol, c’est quelque chose de semblable aux répons) ensuite une antienne, le pseaume Laudate Dominum de cælis, &c, une prophétie, une hymne, une courte invitation au peuple pour l’exhorter à demander à Dieu ce qui est nécessaire pour le salut, & la réponse du peuple encore plus courte ; puis Kyrie, eleison, &c, un chapitre en forme d’oraison, un Pater, une Laude, ou louange (laus en latin, & lauda en espagnol ; elle consiste en plusieurs versets répétés plusieurs fois.) Enfin, l’on finit par la bénédiction. Souvent on ajoute aux antiennes & aux laudes, ou louanges, un verset qui répond au Gloria Patri, &c. Entre Laudes & Prime, les Mozarabes récitent une heure qu’ils appellent Aurore, Aurora, apparemment parce qu’elle se récite au lever de l’aurore. L’aurore consiste en quatre pseaumes, une antienne, une laude, une hymne, un verset, un Pater noster, & quelques prières : l’aurore ne se dit que les jours qu’on fait l’office de la férie ; mais il y a tant de fêtes de Saints dans l’office Mozarabe, qu’excepté la veille de Noël, la veille des Rois, & le jour des Cendres, on ne dit guère l’aurore durant l’année. Au commencement de Prime on dit une courte prière ou antienne ; puis on récite sept pseaumes ; après on répète l’antienne, on dit un répons, une prophétie, une épître, une laude, une hymne, un verset, puis le Te Deum, excepté en Avent & en Carême, ensuite le symbole des Apôtres, la supplication ou invitation au peuple, un Pater noster, & la bénédiction. Tierce, Sexte & None, commencent comme Prime, ensuite on dit quatre pseaumes, plusieurs répons, une prophétie, une épître, une laude, une hymne, des cris, (clamores en latin & en espagnol ; ce sont des prières par lesquelles on demande à Dieu de ne nous point punir selon que le méritent nos péchés) après cela on dit la supplication, le chapitre, le Pater noster, &c, & la bénédiction. A Vêpres on ne récite point de pseaumes, mais après la prière ordinaire du commencement on chante une laude, un son, une antienne, une autre laude, une hymne, la supplication, le chapitre, un Pater noster, la bénédiction, puis encore une laude, pendant laquelle on fait les encensemens, enfin, l’oraison ou la collecte du jour. Complies commencent par le pseaume Signatum est super nos : c’est le septième verset du quatrième pseaume, puis on dit trois fois Alleluia, ou Laus tibi, Domine, &c, en Carême, puis un pseaume & trois Alleluia, un autre pseaume, une hymne, un verset, deux autres pseaumes, une autre hymne, un verset, la supplication, le Pater & la bénédiction ; on finit par l’antienne Salve, Regina, &c, le verset & l’oraison. Voyez la vie du Cardinal Ximénez, écrite en espagnol par Eugène de Robles, Curé de S. Marc, & Chapelain de la chapelle des Mozarabes de l’église de Tolède. Voyez aussi le Cardinal Bona.

Il n’y a presque point d’église dans l’Occident, en France, en Allemagne, en Flandres, en Espagne, qui n’ait quelque chose de particulier dans son bréviaire, mais ces différences sont légères. A Besançon on ne dit point aux secondes Vêpres des fêtes solennelles de chapitre, ni d’hymne ; au lieu de chapitre on dit un Alleluia avec un verset, & au lieu d’hymne on chante une prose. Les jours de grandes fêtes on dit deux fois le cantique Magnificat, en mêlant aux versets différentes antiennes. A Tolède devant Matines, on dit à genoux l’antienne, Ave, Regina cælorum avec l’oraison. On dit aussi quelquefois les pseaumes graduels, & l’office de la sainte Vierge. Voyez le bréviaire de l’Eglise de Besançon, & ceux des autres églises particulières.

Le bréviaire des Grecs est le même, à peu de choses près, dans routes les églises & dans tous les monastères qui suivent le rit grec. Les Grecs divisent le pseautier en vingt parties, ϰαφίσματα ; ce sont comme des répons, des pauses ou stations ; quelque nombre de pseaumes que contiennent ces pauses, on les sousdivise en trois parties, même la dix-septième qui ne contient que le pseaume 118 ; le verset Gloria Patri sert à marquer ces trois parties. Le bréviaire se divise en deux parties ; l’une contient les prières qu’on dit la nuit, qu’ils appellent μεσονύκτιον, l’autre les prières du jour, qui sont Matines, Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres & Complies. Le μεσονύκτιον, ou office de la nuit, commence par une prière à Dieu, après on dit le Trisagion, ou Sanctus Deus, &c. trois fois Gloria Patri, une prière à la sainte Trinité, douze fois Kyrie, eleison, Gloria Patri, une autre prière qui répond au pseaume Venite, exultemus, dont elle renferme le sens, & presque les paroles. Ce commencement est commun à toutes les heures. Ce qui suit est propre de l’office de la nuit ; savoir, le pseaume 50e Miserere, & le 118e Beati immaculati, le Symbole de Nicée, le Trisagion, des tropaires, τροπάρια, (ce sont des cantiques que l’on chante comme nos antiennes) quarante fois Kyrie, eleison. Tout cela fait la première partie du μεσονύκτιον, mesonyction ; à la seconde on dit Venite, adoremus, comme à la première, puis le pseaume 120e Levavi oculos, & le 133e Ecce nunc, le Trisagion, des tropaires pour les défunts, douze fois Kyrie, eleison, une oraison pour les morts, des prières pour les vivans ; ensuite l’Archimandrite, ou celui qui préside au chœur, donne l’absolution. Le samedi les pseaumes sont différens. Le Dimanche tout le nocturne, ou office de la nuit est différent. Après les prières du commencement qui se disent à l’ordinaire, on récite le pseaume 50e Miserere, puis un Odaire de la sainte Trinité, (l’Odaire, Odarium, est une espèce d’hymne qui contient neuf odes,) le Trisagion, les Tropaires, des Litanies ou prières ; ensuite l’on donne l’absolution, & l’on finit par des prières pour les vivans, où l’on demande ce qui leur est nécessaire. A Matines après les prières ordinaires du commencement on dit deux pseaumes, le Trisagion, des Tropaires, une litanie appellée Litania sacerdotis, une antienne qui change selon ses temps, ensuite six pseaumes, puis la grande litanie, une antienne qui est différente des Tropaires selon les temps, la partis du pseautier marquée pour ce jour-là, le pseaume 50e Miserere, quelques Odaires, le cantique Magnificat, aux versets duquel on mêle un verset à l’honneur de la sainte Vierge. Aux fêtes solennelles,