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COM

à prêté une chose à titre de précaire, peut la redemander quand bon lui semble au lieu que dans le commodat, on ne peut pas redemander la chose avant que le temps, pour lequel on l’a prêté, soit expiré.

Le Commodat ne finit ni par la mort du commodant, ni par celle du commodataire ; mais par l’expiration du temps accordé par le commodant. Il y a deux sortes de commodats, l’un gratuit, l’autre utile : le commodat gratuit est purement au profit du commodataire ; le commodat gratuit est lorsqu’on prête quelque chose que le commodataire est obligé de rendre en essence & en individu, mais sans rien donner pour l’emprunt : le commodat utile, est lorsqu’on retire quelque chose pour le prêt, & alors c’est une espèce de location. Voyez Lhommeau.

COMMODATAIRE. s. m. & f. Celui ou celle qui a reçu le prêt ou le commodat. Commodatarius. Le Commodataire est tenu non-seulement de son dol, mais de sa faute la plus légère, & de quelque nature qu’elle soit ; parce que le commodat est gratuit & fait uniquement en faveur du Commodataire. Il répond de même du cas fortuit, s’il use de la chose prêtée au-delà du temps convenu ; car autrement il n’en est pas responsable.

COMMODE, adj. de t. g. Ce qui est aisé, propre, convenable ; dont l’usage est utile & facile. Commodus, aptus, opportunus. La litière est la plus commode de toutes les voitures. Cette chambre, cette maison est commode. Cet habit est commode pour le chaud, pour le froid,

☞ On le dit figurément des personnes, à peu près dans le même sens, on dit qu’une homme est fort commode dans la société ; pour dire qu’il est d’une société douce & aisée, d’un commerce facile & doux : qu’il a l’humeur commode, l’esprit commode. Pour être commode dans le monde, il ne faut pas s’attacher à de petites formalités. Plus on a de mérite, plus on doit prendre garde à ne point apporter de contrainte, & à se rendre commode ; car naturellement on craint les maîtres.

J’aime mieux un vice commode,
Qu’une fatigante vertu.

☞ Quelquefois ce mot a une signification plus étendue, & s’applique à ceux que l’on accuse d’être trop faciles, trop indulgens. C’est ainsi qu’on dit d’un mari qui ferme les yeux sur la mauvaise conduite de sa femme, que c’est un mari commode ; & d’une mère qui donne trop de liberté à sa fille, que c’est une mère commode.

☞ En matière de morale, il signifie quelquefois ce qui est trop doux, & même relâché. Mollior, remissior. Confesseur commode, Morale commode.

Et cherchant un discours aux Dames plus commode,
Font dire à Jésus-Christ des phrases à la mode.

Vill.

COMMODE. s. f. Coëffure des femmes. Commodus capitis mulierum ornatus. Voici les pièces qui entrent dans la composition d’une commode. C’est Palaprat qui en fait l’énumération.

La duchesse, le solitaire,
La fontange, le chou,
Le tête à tête, la culbute,
Le Mousquetaire, le croissant,
Le firmament, le dixième ciel,
La palissade & la souri.

COMMODE. s. f. Espèce d’armoire faite en forme de bureau, où il y a des tiroirs avec des mains & des ornemens de bronze, & qui est propre à serrer du linge & des habits. Le dessus en est ordinairement de marbre. On a appelé ce meuble commode, à cause de sa grande commodité. Arca commodæ. Ce mot est nouveau,

COMMODE. s. m. nom d’homme. Commodus. Luce Aurele Commode, fut fils & successeur de Marc Aurele, & de la jeune Faustine, mais il ressembla peu à son pere. Il s’abandonna à toutes sortes de crimes, & néanmoins se fit appeler Hercule. De-là cette peau de lion dont on lui voit la tête couverte sur ses médailles, qui ne sont un peu rares qu’en or, à la réserve de quelques-unes qui ont des inscriptions singulières. De-là aussi cette légende, Herc. Commodiano, qui est des rares, aussi-bien que celles-ci, Fortunæ Manenti. Optime Maxime. C. V. P. P. Pater Senatus Jovi ex superis genio. Aug. Felici. Jovi. Optimo. Maximo. Sponsori rel. Aug. Jovi defens. Salutis. Aug. Æl. Aure. Comm. Auc. P. Fel. I. O. M. Sponsor. Secur. Aug.

COMMODÉMENT. adv. D’une manière commode, propre, aisée. Commodè. On s’habille à présent plus commodément qu’on n’a jamais fait. Cet homme a du revenu, de quoi vivre commodément, à son aise. Il est logé commodément. Cet homme est doux & facile, on vit fort commodément avec lui. Ils ne pouvoient commodément tendre l’arc. Vaug.

☞ COMMODITÉ. s. f. Ce terme a plusieurs acceptions ; il signifie quelquefois la facilité qu’on a de faire une chose sans se gêner, sans peine, sans fatigue ; & le temps propre, l’occasion favorable. Commodum. Vous ferez cela à votre commodité, il faut prendre la commodité des gens.

☞ Quelquefois il signifie une chose commode, une situation, un moyen commode. Un carrosse est d’une grande commodité. Les dégagemens font toute la commodité d’une maison. Les commodités de la vie coûtent fort cher.

☞ Ce mot au pluriel est presque synonyme à aise, & désigne un état dans lequel on ne manque de rien, selon sa condition, où l’on joint des avantages qui servent à rendre la vie plus commode, plus douce & plus aisée. Bona, fortunæ commoda. Les raisons de fortune & de commodités temporelles ne doivent point entrer dans le choix d’une religion ; les hommes ne sont assemblés en société que pour les commodités nécessaires à l’infirmité humaine, & pour s’en assurer la possession par les forces réunies de la République. S. Evr. Pyrrhon, qui doutoit de tout, ne laissoit pas de jouir des commodités de la vie comme vraisemblables. Mont.

☞ On dit proverbialement : on n’a pas toutes ses commodités en ce monde.

Commodité se dit aussi des occasions favorables qui se présentent. Occasio, opportunitas. Il faut se servir de la commodité de ce courrier, pour envoyer cette expédition à Rome. Il faut prendre la commodité d’un bateau qui va partir. Pour aller de Paris à Lyon, on trouve toujours des commodités, des voitures à choisir.

Commodité est aussi le voisinage des lieux, la bienséance. Loci proximitas, opportunitas, commoditas. J’ai bâti dans cette vallée, à cause de la commodité des eaux. J’ai acquis cette maison, qui étoit à ma bienséance, parce qu’il faut acheter sa commodité.

Commodité, terme de négoce. Les Compagnies où Sociétés de Banque & des marchandises, sont de deux sortes ; sçavoir, la Compagnie libre, & celle de commodité. La Compagnie libre oblige non-seulement ceux qui en portent le nom, mais aussi les Associés, tant pour le fonds ou capital qu’ils y ont mis, que pour le plus qu’il pourroit y avoir de perte ; tout de même que si tous étoient nommés & solidairement obligés. La commodité ou Compagnie conditionnée oblige tous les Associés pour le fonds & capital, & non davantage. Partant, s’il arrive qu’ils perdent plus grande somme que leur fonds, il n’y a que ceux qui portent le nom de la Société