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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/736

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COM

qui soient obligés pour le surplus. M. Le Prestre, Cent. 2. c. m. 77 & 82. de l’Ed. de 1695.

☞ COMMODITÉS, en terme de bâtiment, est un petit endroit séparé du reste du bâtiment, où il y a un siége d’aisance : on l’appelle aussi Lieux, Latrina.

COMMOINE, s. m. se disoit anciennement par les Religieux qui parloient d’un autre Moine de leur Ordre.

COMMOTION. s. f. Terme de Médecine. Secousse violente, ébranlement de quelque partie du corps, causé ordinairement par une chûte ou par quelque coup. On le dit particulièrement du cerveau. Commotio. La convulsion est une commotion du cerveau. Une chûte cause une grande commotion au cerveau, d’où il arrive souvent un contrecoup dans la partie opposée, qui fait une rupture des vaisseaux, & une apostème par l’ébranlement de toute la masse du cerveau.

☞ C’est aussi un terme nouveau de physique expérimentale en fait d’Électricité, en parlant de ce que l’on éprouve en faisant une expérience de l’électricité. On l’appelle autrement le coup foudroyant. Le Phénomène de la commotion est des plus extraordinaire, & très-périlleux pour celui qui est le sujet de l’épreuve. Voyez Électricité.

COMMUER, v. a. terme de Palais. Changer une peine en une autre. Commutare. Le Roi n’a pas voulu faire grace entiere à ce criminel ; mais il a commué sa peine, il l’a adoucie. Cela ne se peut faire que par l’autorité du Prince. ☞ M. Pluche a employé ce verbe dans le sens de transmuer, terme de Physique & de Chimie. Les métaux ne peuvent se commuer ni se détruire. Il a dit dans le même sens, natures réciproquement commuables.

Commué, ée. part.

COMMUN, UNE. adj. Ce qui appartient à tous également, à quoi tout le monde participe, ou droit de participer. Communis. La terre est notre commune mere. Dans le siècle d’innocence tous les biens étoient communs, aussi-bien que le Soleil & les élémens. Le Pape dans l’Église est le Pere commun des Chrétiens. Il se fait dans l’Église un amas de nécessités, & de fragilités communes ; & par conséquent il faut qu’il y ait un trésor commun d’assistance & de charité. Fléch. L’Écriture est le principe commun sur lequel disputent les diverses sectes qui partagent les Chrétiens. S. Evr.

Commun se dit, en un sens plus étroit, des choses que quelques personnes possèdent ensemble par indivis, dont les uns & les autres ont également droit de se servir. Les murs mitoyens sont communs à deux maisons. Une allée, un passage commun, un puits commun. Il n’y a eu que les Sauvages & Platon, qui aient voulu que les femmes fussent communes. Une femme commune se dit aussi d’une femme prostituée. Prostibulum.

☞ COMMUN se dit aussi de ce qui est propre à différens sujets. La vie végétative est commune aux animaux & aux plantes : péril commun, intérêt commun.

Nos périls sont égaux, nos craintes sont communes,
Seigneur, associons nos cœurs & nos fortunes.

Commun, se dit aussi d’une Société, &c. Capistr. Commun, se dit aussi d’une Société que l’on contracte ensemble par quelque intérêt d’honneur ou de gain. Les Commissaires, les Huissiers, font bourse commune pour éviter la jalousie de leur emploi. Ils se sont associés en une telle affaire, pour la poursuivre à frais communs, & en partager le profit.

☞ COMMUN se dit aussi de ce qui est en général, universel, le plus universellement reçu. C’est le bruit commun, l’opinion commune. Res pervulgaris, pervulgata fama. Les plus communes opinions ne sont pas les plus certaines. Vulgaris opinio.

Le goût de l’amitié ne se sauroit éteindre :
Chacun sent qu’il est doux d’en observer les loix,
Et de tous les mortels c’est la commune voix.

Vill.

Cette grande roideur des vertus des vieux âges
Choque trop notre siécle, & les communs usages.

Mol.

Les soupçons importuns,
Sont d’un second hymen les fruits les plus communs.

Racine.

☞ En ce sens on attribue à l’ame une faculté particulière qu'on nomme sens commun, faculté par laquelle le commun des hommes juge raisonnablement des choses : ou jugement qu’on porte par la seule lumière naturelle commune à tous les hommes.

☞ Lieux communs, ou de Réthorique ; on appelle ainsi les propositions générales, les principes généraux d’où l’on prend les argumens & les preuves. Loci communes.

☞ Dans l’usage ordinaire, on appelle lieux communs, des matières triviales & rebattues. Son livre est rempli de lieux communs. Ses sermons ne sont que des lieux communs.

Commun signifie aussi ce qui est trivial, ordinaire, qu’on troue par-tout. Vulgaris, tritus, communis. Cet Orateur dans son discours n’a rien dit que de commun, rien de recherché, son style est fort commun, c’est un esprit fort commun. C’est un axiome commun, une notion commune. Le peuple souffre plus aisément un vice commun, qu’une vertu extraordinaire. Voit. La prononciation est bien trompeuse, elle fait valoir les choses les plus communes. P. Rap. On ne nous a servi en ce repas que des viandes fort communes. En ce sens il signifie, ce qui n’est pas rare, & qui est au plus vil prix. Ce Curieux n’a que des tableaux communs, de peu de valeur. Il ne s’habille que de l’étoffe la plus commune. Les diamans sont estimés, parce qu’ils ne sont pas communs.

☞ Le fréquent usage, dit M. l’Abbé Girard, rend les choses ordinaires, vulgaires, & triviales : mais il y a à cet égard un ordre de gradation entre ces mots qui fait que le trivial dit quelque chose de plus usité que vulgaire, qui à son tour enchérit sur commun, & celui-ci sur ordinaire.

☞ Il me paroît aussi qu’ordinaire est d’un usage plus marqué pour la répétition des actions ; commun pour la multitude des objets ; vulgaire pour la connoissance des faits, & trivial pour la tournure du discours. La dissimulation est ordinaire à la Cour ; les monstres sont communs en Afrique ; les disputes de Religion ont rendu vulgaires bien des faits qui n’étoient connus que des savans. De tous les genres d’écrire, il n’y a que le comique où les expressions triviales puissent trouver place.

☞ Ces mêmes mots considérés, non par rapport au fréquent usage, mais relativement au petit mérite des choses, ont encore un ordre de gradation, de façon que le dernier de ces mots, est celui qui ôte le plus au mérite. Ce qui est ordinaire, n’a rien de distingué : ce qui est commun, n’a rien de recherché : ce qui est vulgaire, n’a rien de noble : ce qui est trivial, a quelque chose de bas.

On dit, en terme de Palais, & en Généalogie, le pere commun des parties, quand on parle du pere de deux freres, ou sœurs, qui plaident ensemble. On dit que par la Coutume de Paris, le mari & la femme sont uns & communs en biens ; pour dire, qu’ils ont contracté société ensemble, & qu’ils partagent le gain & les pertes l’un de l’autre. On dit aussi, qu’un arrêt ou jugement est déclaré commun avec un tel, qui n’avoir pas été partie, ou avec le défaillant ; pour dire, qu’il sera