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C’est sans doute la fête de tous les Dieux que Festus appelle Communicarius dies.

COMMUNEL. adj. Commun. Vieux mot, qui se trouve dans Villehardouin, & autres. voyez Du Cange, Gloss. de Villehardouin.

Et tous li biens sont communels. Ph. Mouskes.

COMMUNÉMENT. adv. D’une manière commune, ordinaire, générale. Communiter, vulgo. Les proverbes se forment de ce qui se dit communément. On trouve cela communément ; c’est-à-dire, partout. Ubique. Il y a communément dans nos Historiens un certain embarras qui fatigue l’esprit, & qui le dégoûte. Le P. Dan. A parler communément, communément parlant ; pour dire, selon l’opinion commune, selon la manière de parler ordinaire.

COMMUNIANT, ANTE. f. Celui qui communie. Qui ad epulum Eucharisticum accedit, qui sacratissimo Christi corpore reficitur. Il y avoit deux communians à cette Messe. On compte le nombre des paroissiens d’une Cure en disant, il y a tant de communians.

COMMUNICABILITÉ. s. f. Qualité de ce qui est communicable. Facultas ab uno ad alium transeundi. C’est un fait attesté par un grand nombre de voyageurs, que les Orientaux ne croient point la communicabilité de la peste. Journ. des Sav. 1722. p. 212. M. Gaudereau, dans sa Relation des différentes espèces de peste que reconnoissent les Orientaux, n’en convient pas, & il a raison. Les preuves que l’on apporte de cette prétendue opinion des Orientaux, ne sont pas convaincantes ; car la coutume dans laquelle ils sont de n’apporter point de précautions, & de se servir des hardes d’un pestiféré, aussi-tôt qu’il est mort, ne vient point de ce qu’ils nient la communicabilité de la peste ; mais de l’opinion où sont les Mahométans sur la préscience de Dieu, dont ils font une espèce de destin, qui a prévû & réglé qu’ils mourroient de telle ou de telle autre manière. S’il l’a prévû, ils disent qu’ils auroient beau faire, & que cela arrivera infailliblement ; & s’il ne l’a pas prévu, ils ont beau s’exposer, rien ne pourra leur donner la mort. Ainsi on a tort de s’autoriser de l’exemple des Orientaux pour rejeter la communicabilité de la peste. Les Orientaux s’exposent de la même manière, & par le même principe, à tout autre danger qu’à celui de la peste.

☞ COMMUNICABLE. adj. de t. g. Ce qu’on peut communiquer à un autre, ce dont on peut le faire participant. Quod alteri communicari potest ; cujus particeps fieri potest. La Souveraine autorité n’est pas communicable.

☞ Il signifie aussi, qui peut se joindre à un autre. Sociabilis. La navigation a rendu tous les pays communicables.

☞ Deux rivières sont communicables, quand elles peuvent être jointes par un canal.

☞ Deux appartemens sont communicables, quand on peut pratiquer une communication de l’un à l’autre.

☞ On ne dit point un homme communicable, mais communicatif.

COMMUNICANS. s. m. pl. Secte d’Anabaptistes du seizième siècle. Communicantes. La Communauté de femmes & d’enfans qu’ils avoient établie entr’eux à l’exemple des anciens Nicolaïtes, leur fit donner ce nom.

☞ COMMUNICATIF, IVE. Qui se communique facilement. Le bien est de soi communicatif. On ne le dit guère que dans ces sortes de phrases.

☞ On dit qu’un homme est communicatif, quand il aime à communiquer aux autres ses pensées, ses lumières, ses connoissances, à leur en faire part.

COMMUNICATION. s. f. Action par laquelle on fait part à un autre, & on le fait participant du bien ou du mal qu’on possède, & l’effet de cette action. Communicatio. C’est par le moyen des Sacremens que Dieu nous fait la communication de ses grâces. La communication des pensées & des sentimens, qui se fait par le commerce de la conversation, est le plaisir le plus doux de la vie raisonnable. Val. L’amitié est une communication de biens & de maux.

Communication se dit aussi de la fréquentation, du commerce, de la liaison qu’on a avec quelqu’un. Communicatio, societas, communio. Rien n’est plus dangereux que la communication avec les Hérétiques. La communication plus libre des Rois avec leurs sujets, fait qu’on perd moins de leurs bons exemples. Flech. L’esprit se fortifie par la communication des esprits vigoureux, & se perd avec les esprits bas. Mont. Rompre toute communication avec quelqu’un.

Communication signifie encore le moyen par lequel deux choses se communiquent le passage par où on va de l’une à l’autre. Iter pervium ab uno loco ad alterum. Il y a eu bien des places qui ont eu communication les unes avec les autres par dessous terre. Cette galerie joint, fait la communication de ces deux appartemens. Canal de communication de deux mers. On ne connoît pas comment se fait la communication entre l’ame & le corps. Font. On définit la prière, une communication de l’ame avec Dieu. Communicatio.

En termes du Palais, la communication est l’échange que les Avocats font de leurs sacs, afin qu’ils s’éclaircissent du fait, & voient sur quoi ils ont à plaider. C’est aussi une espèce de petit plaidoyer qu’ils font au parquet en présence des Avocats-Généraux, pour les instruire de l’affaire, avant que de leur envoyer les pièces. On le dit aussi de la signification des pièces & des actes d’un procès. Un Procureur demande à son confrère qu’il lui donne communication d’un tel acte, qu’il lui en donne copie. L’Ordonnance dernière veut qu’on ne prenne communication des procès pour faire des contredits, que par les mains du Rapporteur.

On dit, en termes de Physique, ☞ la communication du mouvement, c’est-à-dire l’action par laquelle un corps qui en frappe un autre, met en mouvement le corps qu’il frappe. Communicatio motûs.

En termes de Guerre, on appelle lignes de communication, ou absolument les lignes, des fossés profonds de 6 à 7 piés, & larges de 12 qu’on fait d’un fort à un autre, pour passer d’un quartier à l’autre, d’une attaque à une autre ; & s’entresecourir particulièrement dans les sièges. Fossæ per quas ab une propugnaculo ad aliud iter patet, fossæ communicantes.

En Théologie communication d’idiomes est la communication qui se fait dans J. C. des attributs d’une nature à l’autre. Communicatio idiomatum. La communication d’idiomes est fondée sur l’unité de personne dans J. C. ; parce qu’il n’y a dans J. C. qu’une personne qui est la personne du Verbe, qui est Dieu, & deux natures ; la divine & l’humaine. On dit par communication d’idiomes, que Dieu a souffert, qu’il est mort, &c. cela s’entend de la nature humaine, qui peut souffrir & mourir, & signifie que Dieu a souffert dans son humanité, qu’il est mort quant à la nature humaine. Car les dénominations qui signifient les natures ou les propriétés des natures, sont dénominations des suppôts ou des personnes, & leur doivent être attribuées. Ainsi dans J. C. les deux natures ne subsistant que par la seule personne du Verbe, on doit attribuer à cette personne les dénominations des deux natures & de leurs propriétés. On ne peut point par communication d’idiomes attribuer à J. C. les choses qui supposeroient qu’il n’est pas Dieu, parce qu’elles détruiroient l’union hypostatique, sur laquelle est fondée la communication d’idiomes : ainsi on ne peut point dire, J. C. est pur homme, J. C. est peccable, J. C. est fils adoptif de Dieu. Les Luthériens étendent la communication d’idiomes, jusqu’à dire que J. C. non seulement, dans sa nature divine, & à raison de sa personne divine, mais aussi réellement & proprement, est dans son hu-