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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/741

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manité, immortel, immense, &c. c’est une erreur contre la foi.

Communication, figure de Rhétorique par laquelle l’Orateur, sûr de la bonté de sa cause, ou affectant de l’être, s’en rapporte sur quelque point à la décision des Juges, des Auditeurs, & même à celle de son adversaire. Encyc. Qu’en pensez-vous, Messieurs ; n’ai-je pas fait ce que vous auriez fait vous-mêmes ?

COMMUNIER. v. a. Administrer le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Sacrum Christi Domini corpus percipiendum porrigere. L’Evêque officiant a communié tous ses Chanoines.

Communier. v. n. Recevoir le Sacrement de l’Eucharistie. Sacrum Domini corpus percipere. Tous les Chrétiens sont obligés de communier à Pâques à leur Paroisse. L’Eglise, grecque communie sous les deux espèces. Par le second livre de Tertullien à sa femme, on voit que dès lors on communioit à jeun, & souvent sous la seule espèce du pain. Fleury. S. Augustin dans ses Réponses aux questions de Janvier, marque expressément que c’étoit l’usage en plusieurs Eglises de communier tous les jours, & en d’autres de communier tous les Samedis. Chez les Grecs, les laïques mêmes communioient tous les Dimanches ; & on excommunioit ceux qui y manquoient trois fois de suite. Fleury.

On appelle communier en esprit, quand on éleve son cœur à Dieu, & qu’on lui témoigne le desir qu’on auroit de participer à la communion. Sacrum Christi Domini corpus affectu desideriisque percipere.

M. Pélisson dans ses Réflexions sur les différens de la Religion, prend le verbe communier pour ce que tous les autres, en termes dogmatiques & d’histoire Ecclésiastique, appellent communiquer, être en communion, en commerce de religion avec quelqu’un. Ce n’est pas de l’Eglise invisible qu’il s’agit là ; car elle n’excommunie personne ; c’est de celle que l’on voit communier avec les uns ; excommunier les autres. Peliss. Je n’ai remarqué ce mot en ce sens que dans cet Auteur, & ce n’est pas l’usage.

COMMUNIÉ, ÉE. part. pass. Qui a reçu la communion. Il est mort bien confessé & communié.

Communier. s. m. terme de Coutume. Voyez Compersonnier.

COMMUNION, s. f. en termes ecclésiastiques, se dit pour croyance, unité de doctrine, union, uniformité dans la même foi & la même société. Communio. La Communion de l’Eglise Catholique en ce sens, est l’unité d’une même foi, la réunion des Fidèles dans la même croyance, la croyance des mêmes dogmes, ou des mêmes articles de foi sous un même Chef, qui est le Pape. Les Luthériens & les Calvinistes ne sont point de notre communion. Le S. Siège est le centre nécessaire de notre communion. Il n’est jamais permis de rompre la communion avec l’Eglise, pour quelque raison que ce puisse être. Le juste que l’on condamne injustement, est séparé de la communion externe, mais non pas de la communion des biens spirituels. Port.-R. Dès les premiers temps, le mot de communion est pris en ce sens. Par exemple, le Concile d’Elvire, qui le prend d’ordinaire pour la participation aux Sacremens & aux prières publiques, & pour la communication libre avec les Fidèles, le prend cependant aussi en quelques canons, comme au trente-septième, pour la participation à l’Eucharistie.

Outre cette communion générale de l’Eglise universelle, dont on ne peut se séparer, sans être au moins schismatique, ce mot se disoit encore dans les premiers siècles de l’Eglise, pour signifier l’union & le commerce que les Eglises particulières entretenoient entr’elles. Mais comme l’Eglise est répandue dans tout le monde, il étoit difficile qu’elles eussent toutes immédiatement & par elles-mêmes commerce entr’elles. Que faisoient-elles donc ? Elles s’unissoient entr’elles avec les principales Eglises, sur-tout les Eglises Apostoliques, ou fondées par les Apôtres. C’étoit-là une communion immédiate. Par l’union qu’elles avoient avec ces Eglises Apostoliques, elles étoient en communion avec toutes celles qui étoient unies à ces mêmes Eglises, & cela s’appelle une communion médiate. Il a toujours été permis aux Evêques de refuser leur communion à ceux qu’ils n’en jugeoient pas dignes. Les Papes ont quelquefois refusé ainsi la communion. Ce refus de communion ne se doit point confondre avec l’excommunication. L’excommunication emporte la privation de tous les biens spirituels de l’Eglise, & ce refus de communion n’est que la privation du commerce que l’on avoir où que l’on pourroit avoir avec une ou quelque è Eglises particulières. Le Pape même pourroit, pour de bonnes raisons, s’abstenir de communiquer avec un Evêque, sans pour cela l’excommunier.

Communion des Saints, terme dogmatique. C’est l’union, la communication, les relations qu’ont entr’elles l’Eglise triomphante, l’Eglise souffrante & l’Eglise militante ; c’est-à-dire, entre les Bienheureux qui sont dans le Ciel, les âmes qui sont dans le Purgatoire, & les Fidèles qui composent ici-bas la véritable Eglise. Communio Sanctorum. La Communion des Saints consiste respectivement dans les devoirs, les services, les secours que se rendent, & que reçoivent mutuellement les uns des autres, ces trois parties de la totalité des Fidèles morts & vivans. Elles consistent pour nous qui sommes sur la terre, dans l’honneur que nous leur rendons, les prières que nous leur faisons pour obtenir leur protection auprès de Dieu, la participation qui nous est donnée à leur mérite, & l’application qui nous en est faite. Elle consiste pour les âmes du Purgatoire, dans les prières & les sacrifices que nous offrons pour eux, & en conséquence desquels l’application des mérites des Saints leur est faite par manière de suffrage pour obtenir leur délivrance. Par rapport aux Saints, c’est la protection qu’ils nous accordent auprès de Dieu, & leur intercession, les prières qu’ils font pour nous, l’application qui nous est faite de leurs mérites & aux âmes du Purgatoire. La Communion des Saints est un dogme de foi, c’est un article du symbole des Apôtres : Je crois la communion des Saints. Est-il rien de plus raisonnable & de plus fondé que ce dogme ? L’Eglise est un corps, les Fidèles en sont les membres ; J. C. en est le Chef invisible, & le Pape, Vicaire de J. C. en est le Chef visible. Dans tout corps il doit y avoir des rapports mutuels, de la correspondance, de l’union entre tous les membres, ou ce ne seroit plus un corps ; ils doivent concourir, chacun en sa manière, & s’entraider pour la même fin. Cette correspondance & cette union consiste en ce que nous avons dit ci-dessus. L’Ecriture & la Tradition, l’usage constant de l’Eglise sont pleins de preuves de cette correspondance & de cette communion, comme on le peut voir dans nos Controversistes. Combien de grâces Dieu n’accorde-t-il pas à son peuple en considération d’Abraham, d’Isaac & de Jacob ? Judas Machabée ne fait-il point des oblations pour les Juifs morts dans la guerre contre les Infidèles ? L’Eglise n’a-t’elle pas de tout temps honoré, prié les Saints ? Combien dans l’Histoire Ecclésiastique de faveurs manifestement obtenues par l’intercession des Saints ? Les Conciles n’ont-ils pas condamné l’erreur contraire ? Sainte Monique ne prie-t elle pas en mourant que l’on prie pour elle après sa mort, en offrant le Sacrifice de l’autel ? &c.

Les Peres donnent différens noms à la Communion des Saints. Saint Cyprien, dans sa trentième Lettre, l’appelle Privilegium societatis, le privilège de la société ; dans le Livre de l’Oraison Dominicale, il la nomme Jus communicationis, le droit de la communication. S. Augustin dans sa cinquantième Lettre, lui donne le nom de So-