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COM

latii, ou Palatinus. On voit dans Grégoire de Tours, un Goncilion Comte du Palais, sous Sigebert, Roi d’Austrasie, un Trudulphe, sous Childebert II. Tassillon, sous Dagobert ; Aigulphe, sous Clovis II. Ce Comte avoit pour Conseillers des gens d’épée, comme lui, qu’on nommoit Echevins du Palais. Quand le Roi, assisté d’Evêques, d’Abbés & de Ducs, présidoit à ce Tribunal, le Comte faisoit le rapport, & le Roi recueilloit les voix. Dans les Formules de Marculphe, L. II, c. 25. Il y en a une d’un Jugement tel que le Roi doit le prononcer sur la Relation du Comte. Le Gendre.

En Angleterre on appelle Comtes, les fils des Ducs ; Vicomtes, les fils des Comtes.

☞ COMTE-Maréchal, en Angleterre, est un Officier de la Couronne, qui juge à la Cour de la Maréchaussée, les criminels pris dans les endroits privilégiés.

Comte s’est dit quelquefois pour Vicomte, selon la remarque de M. Ménage, dans son Hist. de Sablé, L. II, c. 1, p. 18. & dans ses remarques sur cet endroit, p. 328. M. de Marca a remarqué, dans son Hist. de Bearn, L. III, C 3, §. 4. & prouve que le mot Consul est pris dans les Auteurs du moyen âge pour signifier un Comte, & celle de Proconsul, ou Viceconsul, pour un Vicomte.

☞ COMTÉ. s. m. autrefois féminin, Comitatus, titre d’une terre, en vertu duquel celui qui est Seigneur de la terre prend ordinairement la qualité de Comte. Voyez Comte. Comté de Champagne. Comté d’Artois. Terre érigée en Comté. Quelques-uns, comme Otho Frisingensis, ont dérivé ce mot ex commanendi potestate, & prétendent qu’il a signifié d’abord habitation & territoire, dont les Lombards ont fait les mots de contado & contadi, qui signifient village & villageois. D’autres prétendent que Comté a signifié aussi une assemblée de Juges, que d’un autre nom on a appelé assises : & de-là vient qu’on parle si souvent en Angleterre d’un Comité ; pour dire, l’assemblée de quelques Juges délégués ; & qu’on se trompe quand on croit que ce mot vient de Juges commis.

Comté-Pairie. Grand fief qui relève immédiatement de la Couronne ; au nom près, c’est la même chose que Duché-Pairie. Il y avoit autrefois un grand nombre de Comtés-Pairies, on en a érigé la plupart en Duchés-Pairies. Il ne subsiste plus que trois titres de cette dignité, attachés aux Evêchés de Beauvais, de Châlons & de Noyon.

☞ Le mot de Comté a conservé le genre féminin dans le mot de Franche-Comté. La Franche-Comté a été conquise deux fois par Louis XIV. La Comté de Bourgogne, ou tout simplenent la Comté, ou le Comté, signifié la Franche-Comté. Voyez ce mot.

COMTESSE. s. f. La femme d’un Comte, ou celle qui de son chef possède un comté. Comitissa. On trouve le nom Comitissa, Comtesse, femme d’un Comte, dans le VIII siècle, comme on l’a remarqué dans les Acta Sanct. Bened. Sæc. IV, P. II, p. 304. Nous n’avons point d’autre mot latin.

COMTOIS, OISE. adj. Ce mot s’est formé de Comté, & se dit pour Franc-Comtois, comme Comté pour Franche-Comté. Les Comtois sont ceux qui habitent la Franche-Comté. Sequani. Les collateurs Comtois ont été maintenus en leur droit sur les bénéfices dépendants d’eux.

COMUS. s. m. Dieu de la joye, des festins, des danses nocturnes. Comus. Vossius, de Idol. L. II, t. 8. croit que c’est le même que le Chamos des Moabites, & que son nom s’est formé de celui-ci. Sa raison est que, Chamos est le même que le Διόνυσος des Grecs ; c’est-à-dire, Bacchus, qui certainement est le Dieu des festins. Quoi qu’il en soit, c’étoit à ce Dieu que les jeunes gens qui faisoient des débauches de nuit, & qui donnoient des sérénades à leurs maîtresses, se dévouoient particulièrement. On le représentoit couronné de roses, soit parce que c’étoit la coutume de s’en couronner dans les festins, comme on le voit dans les Poëtes, & sur-tout dans Anacréon ; soit parce que la rose est consacrée à Vénus, & que Comus étoit un Dieu favorable aux nouveaux mariés, qu’on le mettoit à la porte de leur chambre, qu’on le regardoit comme le conciliateur des deux mariés, & l’auteur de l’union conjugale ; qu’enfin il étoit un des Dieux des amans, à la suite desquels on le peignoit. Philostrate, Carolus Paschalius, Coronarum, L. II, c. 6, c. 16. L. III, c. 5, c. 6. Comus étoit un Dieu pétulant & brutal.

CON.

CON. Particule, ou préposition qui signifie avec. Elle ne s’emploie jamais seule, mais se met au commencement des mots, & signifie une action faite avec une autre, ou reçue en deux sujets ensemble, ou une qualité possédée de pair avec un autre, selon les mots auxquels elle est jointe ; Concourir, confondre, concerter, converser, consulter, conduire, congrégation, consubstantiel. Quelquefois on change l’n dans la lettre suivante, ou en une autre qui lui convienne. Collatif, collatérale, collectif, corrélatif, correspondance, commotion, commune, commutation. Quelquefois on retranche l’n, & l’on met seulement co. Cohabiter, cohéritier, coopérer, coopération, coobligé, cohérence, cotuteur.

Souvent elle ne signifie point d’action, ou de qualité ou de rapport avec un autre, comme convertir, connoître.

Cette Particule, com ou con, vient de cum, qui en Latin signifie la même chose, & a les mêmes usages.

CONARD, ARDE. adj. Ce mot se disoit autrefois pour sot, sotte. Fatuus, stolidus. De conard on avoit fait conardise, pour dire sottise : ces mots ne sont plus en usage.

☞ CONARDS. (Les) Abbé des Conards. Voyez Cornards.

CONARIUM. s. m. terme de Médecine. Voyez Conoïde.

CONCAPITAINE. s. m. Capitaine avec un autre. Ducis Collega. Centurionis Collega. Les habitans de Châlons en Bourgogne ayant droit d’élire un Capitaine pour leur ville, parce qu’il arrivoit souvent pendant la guerre que ce Capitaine, qui étoit un Gentilhomme des environs de Châlons, allât à l’armée, & quittât Châlons, les habitans obtinrent que leurs Echevins seroient Concapitaines. De S. Julien, Antiq. de Châlons. On ne sait point que ce mot se dise d’autres que de ces Echevins de Châlons.

☞ CONCARNEAU, petite Ville de France, en basse Bretagne, au pays de Cornouaille, sur la mer, à quatre lieues de Quimper.

☞ CONCASSATION. s. f. terme de quelque usage en Pharmacie, pour désigner l’action de concasser, de réduire en morceaux quelque substance. Voyez Concasser.

CONCASSÉ. s. m. On appelle absolument du concassé, du poivre qui n’est pas pilé, mais seulement brisé par morceaux.

CONCASSER, v. a, terme de Pharmacie. Casser à moitié, briser par morceaux avec un marteau, un pilon, des racines, du bois, ou autres choses dures, afin d’en extraire plus aisément les sels, les huiles, les principes dans les infusions ou coctions qu’on en fait ensuite. Terere, conterere. On concasse des noix, des amandes, de la casse, &c. La réglisse concassée fait une meilleure tisanne, que lorsqu’on la fait bouillir ou infuser toute entière, ou coupée par filets,

CONCASSÉ, ÉE. part. On appelle poivre concassé, celui dont les grains sont brisés par petits morceaux sans être réduits en poudre. C’est ainsi qu’on le sert sur les tables. Ce mot vient du Latin conquassare.

CONCATÉNATION. s. f. terme de Philosophie absolument hors d’usage. Enchaînement. Connexio.