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tiges rampantes sur terre, rudes au toucher, pleines de suc, & de la grosseur du doigt. Ses feuilles sont rudes, alternes, pareilles à celles du melon, mais plus ruded, plus anguleuses, & un peu plus amples. Des aisselles de plusieurs de ces feuilles naissent les vrilles & les fleurs. Ces fleurs sont jaunatres, évasées, découpées en cinq, & de demi-pouce environ de diamètre. De ces fleurs, quelques-unes sont stériles, & d’autres nouent. Ses fruits sont verts d’abord, fermes, comme épineux, un peu alongés & un peu courbes. On les confit au vinaigre, & dans cet état on les nomme cornichons. Dans sur maturité ils sont longs de plus d’un demi-pié, épais de trois à quatre pouces, couverts d’une écorce jaunâtre ou blanchâtre, & fort inégale, & remplis d’une chair blanchâtre, aqueuse, douceâtre, divisée dans son milieu en trois ou quatre loges, remplies de semences ovales pointues. Ces semences sont du nombre des semences froides majeures. On mange les concombres en Eté, & on les sert dans le potage, ou en fricassée. Ils sont rafraîchissans.

Ce qu’on nomme concombre serpent, cucumis flexuosus, ou cucumus anguinus, ne différe du précédent que par ses fruits, qui sont longs, menus, verdâtres, & pliés de manière qu’on diroit que c’est le corps de quelque serpent. Sa chair est blanche & douce.

Le concombre sauvage, cucumis silvestris, sive asinius, se fait assez reconnoître par ses tiges qui sont courtes : par ses feuilles qui sont plus pointues, plus velues, plus charnues, & blanchâtres : par les fleurs qui naissent par bouquets ; & par ses fruits qui ne sont guère plus gros que le pouce ; ovales, verdâtres, chargés d’un poil rude qui les rend velus. Ces fruits dans leur maturité se détachent de leur pédicule, avec une élasticité surprenante. Ses semences en même temps sont chassées avec impétuosité hors du fruit. Ce fruit est très-amer au goût, d’une odeur vireuse, assez désagréable. Ces semences sont aplaties, arrondies, plus petites que celles de la coloquinte, & noirâtres dans leur parfaite maturité. Cette plante vient auprès des masures, & le long des chemins. L’extrait de ses fruits se nomme claterium ; c’est un des plus violens & des plus puissans purgatifs que nous ayons dans les végétaux. Un ou deux grains de cet extrait purge & fait vomir. Sa racine est émolliente & fort résolutive.

Jean Struys parle dans ses voyages d’un concombre velu qui croît vers la partie Occidentale du Volga, & qui semble ronger toutes les herbes qui sont autour de sa tige : il dit que ce fruit a la figure d’un agneau avec les piés, la tête & la queue de cet animal distinctement formés, d’où on l’appelle en Moscovie Bonnaret ou Bonarez, c’est-à-dire, petit agneau ; que sa peau est couverte d’une laine, ou d’un duvet fort blanc, & aussi délié que de la soie ; que les Tartares & les Moscovites en font grand état, & qu’il en a vû plusieurs dans leurs maisons qu’ils conservoient ; qu’il croît sur une tige d’environ trois piés de haut ; que l’endroit par où il tient est une espèce de nombril sur lequel il se tourne & se baisse vers les herbes qui lui servent de nourriture, se séchant & se flétrissant aussi-tôt que ces herbes lui manquent ; que les loups l’aiment & le dévorent avec avidité, parce qu’il ressemble à un agneau ; qu’on l’a assuré que ce fruit a effectivement des os, du sang, de la chair, d’où vient qu’on l’appelle dans le pays Zoophite, c’est-à-dire, plante animale. Voyez Agneau.

Cucumis, selon Varron, a été dit à curvore. Cucumeres, dit-il, quasi curvimeres. L’éthymologie de Scaliger a plus de vraisemblance, quand il tire ce mot du grec κυκυμίς.

Les Turcs ont à Constantinople de petits concombres, qui se mangent cruds avec du sel durant cinq mois de l’année, & dont la quantité ne fait point de préjudice à la santé comme en France. Du Loir, pag. 84.

Concombre. Sorte d’insecte marin, qui a du rapport au concombre de terre. Rond. ☞ C’est un petit poisson de la longueur & de la grosseur du doigt, charg de quelques tubercules, qui a la couleur & l’odeur du concombre.

CONCOMITANCE. s. f. terme de Théologie, qui signifie accompagnement. Il se dit d’une chose qui va de compagnie avec une autre, qui est la principale. Concomitantia, societas, communio. Selon la doctrine de l’Eglise, le sang de Jesus-Christ est sous les accidens du pain, comme le corps se trouve sous les accidens du vin par concomitance. La charité entraîne toutes les autres vertus par concomitance.

CONCOMITANT, ANTE. adj. terme de Théologie. Qui accompagne. Concomitans. La grâce concomitante, celle que Dieu nous donne durant le cours de nos actions, pour les faire, & les rendre méritoires. La grace concomitante est différente, du moins par rapport à l’effet, de la grace prévenante : la grace prévenante prévient l’action, & nous est donnée pour nous porter à la faire, la grace concomitante accompagne l’action.

Concomitant se dit quelquefois en général de tout ce qui accompagne. Il n’y a rien dans la nature qui n’ait son commencement, son milieu & sa fin ; même des avant-coureurs & des suites, & en quelque sorte, un cortége d’accidens préliminaires, Concomitans & subséquens. Mém. de Trév.

☞ On le dit dans le même sens en Médecine.

CONCORDANCE. s. f. terme de Grammaire. C’est la construction régulière qui se fait des noms en même genre, cas & nombre, & des verbes selon leurs temps & leurs personnes. Manière d’accorder tous les mots les uns avec les autres, selon les règles de la langue. Legitima verborum structura, constructio. Cet enfant n’en est encore qu’à la Concordance.

Concordances, au pl. se dit des Livres où les premières règles de la Syntaxe sont enseignées. Il faut lui acheter des Concordances. Acad. Fr.

Concordance signifie aussi rapport, Convenance. Convenientia. Il y a une merveilleuse concordance entre les Evangélistes. La matière, la suite & la concordance du discours reclament contre cette leçon. Critiq. du Dict. de Bayle.

☞ On le dit en ce sens, des Livres qui sont faits pour montrer la concordance des Écritures, des loix, des coutumes. La concordance des Evangiles.

Concordance de la Bible, est un grand Dictionnaire de la Bible, où l’on a mis par ordre alphabétique tous les mots de la Bible, afin de les pouvoir conférer ensemble, & de voir par ce moyen s’ils ont la même signification par-tout où ils sont employés ; Bibliorum concordantia. Ces sortes de Concordances ont encore un autre usage, qui est d’indiquer les passages dont on a besoin, lorsqu’on ne les fait qu’on partie, ou que l’on veut s’assurer du livre & du chapitre où ils se trouvent : ce qui est d’un très-grand secours pour les Théologiens & pour les Prédicateurs. Le Cardinal Hugues employa 500 Religieux pour faire la Concordance de la Bible. Les grandes Concordances, qu’on appelle d’Angleterre, ont été faites par les soins & le travail de Jean Derlington, de l’Ordre des Frères Prêcheurs. La Concordance de Zamora, pour être faite avec plus d’art encore & plus de soin, n’en est pas plus utile ; mais elle est plus complète.

Outre ces Concordances qui sont latines, il y en a d’Hébraïques, faites par le R. Mardochaï Nathan, imprimées à Bâle en 1541. C’est chaque racine hébraïque, partagée en ses différentes significations, & sous chaque signification tous les endroits de l’Ecriture, où elle se trouve selon l’ordre des livres. Les meilleures Concordances hébraïques, sont celles de Buxtorf, ouvrage véritablement utile. Il n’y a de Concordances grecques que sur le Nouveau Testament. Nous avons sur l’Ancien les Concordances de Kirker, ouvrage très-utile, mais qui n’est pas proprement une concordance, mais un Dictionnaire concordantiel, s’il est permis de parler ainsi, c’est-à-dire, que ce sont les dictions hébraïques par ordre alphabétique, & dessous toutes les interpréta-