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CON

tions, ou tous les sens que les Septante y donnent, & sur chaque interprétation, tous les endroits où elle se trouve dans leur version. Ce livre est devenu rare & cher. Les Concordances de Celasio, Cordelier Italien, sont des Concordances hébraïques, latines & grecques à deux colonnes. La première, qui est hébraïque, n’est autre chose que les Concordances de R. Mardochaï Nathan, mot pour mot, & selon l’ordre des livres & des chapitres. Sur l’autre colonne à côté est une interprétation latine de chaque endroit de l’Ecriture, cité par R. Mardochaï. Cette interprétation est de la façon de Calasius ; mais à la marge il marque celle des Septante & de la Vulgate, quand elles différent de la sienne. Cet ouvrage est de quatre volumes in-fol. imprimé à Rome en 1621, & est rare & cher.

Il y a aussi une Concordance des Ordonnances, des Coutumes.

CONCORDANT. s. m. terme de Musique. C’est une des six parties dans lesquelles on divise en général la voix humaine. C’est une espèce de voix qui est entre la taille & la basse taille. Quelques-uns comprennent le concordant sous la basse-taille ; ainsi, il est immédiatement au dessus de la basse-contre. Vox gravior, ou vox soni gravioris. Le concordant va haut & bas. Ceux qui peuvent chanter cette partie peuvent servir de taille & de basse en un besoin. Brossard.

CONCORDANT, ANTE. adj. m. & f. Ce mot-là mériteroit quelque faveur, pour marquer l’union, la concorde : ☞ on le dit au Palais, surtout d’un mariage, d’un ménage où règne la bonne intelligence. Un mariage, un ménage concordant. Rien n’est plus ordinaire que de confier l’exécution de ses dernières volontés à son épouse. Cette dernière marque de confiance est le tribut de l’Amour, dans lequel un mari & une femme ont vécu pendant un mariage bien concordant. M. Chauvelin, Avoc. Gén.

Concordant, ante, se trouve dans Marot, pour convenable, propre. Conveniens, decens.

Concordans. (Vers) Versus symphonici, ce sont des vers qui ont plusieurs mots communs, & qui renferment un sens opposé ou différent, à cause des autres mots.

canis venatur servat.
Et in silvis & omnia
lupus nutritur vastat.

On trouve dans les Opéra, quantité de vers concordans.

mon ardeur.
Je m’abandone à
ma fureur.


ma surprise
Quel trouble me saisit ? est extrême !
ma fureur


Chantez
tant de vertus
Chantons


mourir
Il faut pour satisfaire
partir
A cette loi sévère.

CONCORDANTIEL, ELLE. adj. Qui comprend des Concordances, qui est fait à la manière des Concordances. On se sert quelquefois de ce mot, pour désigner certains Ouvrages de Grammaire, qui comprennent des Concordances, c’est-à-dire, toutes les significations des mots, & tous les endroits où ces mots se trouvent. Guillaume Robertson a fait un Trésor de la Langue Sainte, qu’il intitule aussi Lexicon concordantiel de la Bible, hébreu & latin, Thesaurus linguæ sanctaæ, &c. sive concordantiale Lexicon hebræo-latino-Biblicum. Le Dictionnaire Syriaque de Martin Trostius, est aussi un Dictionnaire concordantiel ; car il y marque tous les endroits, au moins tous les principaux, où un mot se trouve dans le Nouveau Testament syriaque. Ces Lexiques ou Dictionnaires concordantiels sont bons & utiles.

CONCORDAT. s. m. Convention qui se fait en matière bénéficiale sur quelque résignation ou permutation, & généralement sur toutes les matières Ecclésiastiques, contentieuses ou obligatoires. Pactum, pactio, conventum. ☞ Ces Conventions à l’amiable, en matière bénéficiale, sont permises, pourvu qu’elles soient gratuites.

Il y a une espèce de conduite de Concordat, ou convention, que les Abbés Commandataires, & les Moines, font entr’eux pour la partition des biens. Ces Concordats se rompent facilement, s’ils ne sont homologués en Cour de Rome, & dans les Cours supérieures du Royaume. Leurs successeurs y peuvent déroger, parce qu’un Abbé n’a pas le pouvoir de lier la volonté de son successeur ; & aujourd’hui même ces sortes de Concordats se rompent facilement, quoiqu’ils aient été homologués. Le Concile de Trente, Sess. 6, de Ref. c. 4, parlant des concordats qui ont été faits sous l’autorité & l’approbation des Papes, les appelle concordias quæ tantùm suos obligent autores, non successores. De même la Congrégation des Cardinaux, qui a expliqué ce Décret du Concile, déclare qu’un Concordat ne peut être réel, & passer aux Successeurs, si le Pape, après en avoir été pleinement informé, n’y donne son consentement, ce qui est conforme à la décision d’Alexandre III, qui dit, tit. de Transact. c. 8, que toute transaction touchant ce qui regarde l’Église, n’oblige point les successeurs, si le consentement du successeur n’y intervient. Cela est aussi confirmé par la Note de Charles du Moulin ; & on lit dans la Glose sur ce chapitre, que, quand même la transaction seroit réelle dans l’intention de ceux qui transigent, elle ne laisseroit pas d’être personnelle à leur égard. La raison est que les transactions, lorsqu’elles sont réelles & perpétuelles, sont des aliénations qui ne peuvent être valables, si elles ne sont confirmées par les Supérieurs.

Tous Concordats, transactions ou pactions, en matières bénéficiales, doivent être homologués en Cour de Rome, parce qu’il peut y avoir une espèce de simonie, n’étant point permis aux particuliers à disposer de leurs Bénéfices avec de certaines rétentions, ou promesses. Le Pape n’a aucun pouvoir en France sur le temporel des Bénéfices, mais seulement sur le spirituel, pour lequel on a recours à lui, comme au Supérieur, afin d’autoriser les Concordats ou transactions que les particuliers font entre eux. Il y a même des cas où les Abbés peuvent rompre les Concordats de leurs prédécesseurs, quoiqu’ils aient été homologués en Cour de Rome : ce qui arrive quand ils voient qu’ils ont été lésés notablement. Nous avons en France plusieurs exemples de cet usage ; il y a raison de le faire, parce que les Abbés peuvent s’accommoder secrètement avec les Moines. Alors les Abbés sont en droit de rompre les Concordats, faits par leurs prédécesseurs.

Concordat se dit absolument en France, du Traité qui a été fait en 1516 à Bologne, entre le Pape Léon X & le Roi François I, qui sert de règlement pour les nominations aux Bénéfices, & qui est observé maintenant en sa plus grand e partie. Pacta inter Summum Pontificem & Galliarum Reges transacta. Concordata, orum. Il tient lieu de la Pragmatique Sanction. Le Concordat abolit la liberté des élections qui appartenoit au Clergé, sans la participation du Pape, ni du Roi ; il porte, entr’autres choses, que le Roi nommera dans les six mois à tous les Evêchés ou Archevêchés vacans, à toutes les Abbayes, & à tous les Prieurés conventuels, une personne âgée